Dans le cadre de mon Mois Thématique sur la Maladie Psychique d’octobre 2021, je vous propose la lecture de ces deux beaux poèmes de mon ami le poète Denis Hamel.
Ces deux poèmes sont extraits de son recueil Le Festin de fumée, paru en 2016 chez les Editions du Petit Pavé, dans la collection du Semainier.
Note sur le Poète :
Denis Hamel est né en 1973. Il vit et travaille à Paris.
Il lit de la poésie depuis 1995, en écrit depuis 1999 et en publie (peu) en revue depuis 2002.
Ni avant-gardiste ( Charybde) ni anti-moderne (Scylla), il cherche une clairière dans la forêt de l’écriture.
(Source : éditeur)
Solian
mon amour est terni
comme ces vieux couverts
en argent qu’on oublie
dans les meubles sévères
de la maison d’enfance
des spectres de chiffons
comme en chiens de faïence
rêvent de puits sans fond
menant de salle en faille
bleue, les soupirs du bois
qui vieillit et travaille
comme un être aux abois
disent les mots du temps
au givre des fenêtres
oh pensée du printemps
je ne me sens plus être
**
capitalisme et psychose
des nuées d’oiseaux noirs
montent derrière mes yeux
au loin les bâtiments
les blocs utilitaires
entourés de nature
et de fleurs anhistoriques
l’école, la caserne, l’usine
et l’asile entrent dans le couchant
j’ai pris des psychotropes
et marche péniblement
dans les rues de mon enfance
les habitats mortuaires
décorés de guirlandes
invitent à l’immobilité
face au pouvoir de la matière
dans le pays des araignées
**
Très belle initiative que ce mois au sujet si oublié ! Encore pour moi une découverte très émouvante !
Ce sujet me tient à cœur tout particulièrement. Et il y a encore des tabous et des préjugés autour de la maladie psychique, qui perdurent malheureusement. Merci d’avoir apprécié ces poèmes, je suis touchée 🙂
J’apprécie particulièrement le premier poème.
Merci, et bonne journée, Marie-Anne.
C’est vrai que le premier a une certaine douceur mélancolique et les rimes sont joliment trouvées. Merci Jean-Louis bonne soirée !
Belle découverte. Je préfère Solian, forcément, à la forme classique et puis…trop de modernité, on dirait…, ne sied pas au poète sensible. L’angoisse est prégnante.
Le premier est plus classique, effectivement. Je trouve le deuxième plus expressionniste, avec un rythme peut-être plus heurté. Personnellement, j’aime les deux. Merci Pat de cet avis très argumenté, bonne soirée !
J’aime l’image «dans le pays des araignées».
Merci d’apprécier cette image ! J’en parlais justement à Denis Hamel hier et il m’a expliqué que ce « pays des araignées » provenait d’un titre d’album du groupe Slint qui était justement « Spiderland ». Il me disait qu’il avait beaucoup écouté cet album à l’époque et qu’il l’avait marqué. Bonne journée Nathalie 🙂
J’ai un bon flair alors pour dénicher les images frappantes! 😉
Tout à fait 🙂
très beau sous l’apparence de simplicité
Merci Natlarouge 🙂 Contente qu’ils vous plaisent. Bonne journée !
Très musicale.
Merci ! Ca fera plaisir à Denis Hamel. Belle journée Anna 🙂
Merci pour cette publication Marie-Anne. J’aime beaucoup les deux poèmes, pour des raisons différentes. Le lyrisme discret, presque effacé du premier – oh pensée du printemps/je ne me sens plus être – qui m’a fait penser à Verlaine ou à Pessoa. Quant au second, je ne saurais qu’en dire, sinon qu’il est glaçant et correspond bien à son titre : capitalisme et psychose ! Très belle écriture d’une apparence « classique » : ce n’est bien sûr qu’une apparence. Merci à vous et bravo à Denis Hamel.
Frédéric Perrot
Merci Frédéric pour votre lecture attentive ! Je suis d’accord avec vous sur l’atmosphère de ces deux poèmes et le ton verlainien du premier. Je vais signaler votre commentaire à Denis Hamel. Bien amicalement, Marie-Anne
Magnifique et poignant ces deux poèmes de Denis Hamel. La maladie psychique me touche beaucoup. J’ai lu des livres sur ce sujet. « C’est une autre façon d’appréhender le monde » me disait souvent un médecin. Merci d’en parler Marie-Anne ! 🙏🙂🌞
La maladie psychique est en effet un monde à part et que la majorité des gens connaissent mal. C’est en même temps une sensibilité plus forte et plus fine, je pense. Merci Frédéric de ton intérêt pour ce sujet et de ton commentaire qui fera plaisir à Denis Hamel.
Oui je te rejoins totalement sur cette sensibilité exacerbée. Nous aurions beaucoup à apprendre des personnes touchés par la maladie psychique. Beaucoup de préjugés sur ces troubles qui me mettent en colère. Si certaines personnes pouvaient s’ouvrir et essayer de comprendre, le monde serait meilleur. Belle journée à toi Marie-Anne 🙂
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