Le numéro 84 de la revue « Poésie Première », paru en janvier 2023, avait pour thème le Voyage et j’ai l’honneur et le bonheur de figurer à son sommaire, avec un de mes poèmes écrits à l’été 2022 et jusqu’ici inédit.
C’est un heureux hasard que le thème de la revue rejoigne celui du Mois Thématique de mon blog – de même que celui de mon poème – et on croirait presque à une sorte de conjonction zodiacale spécifique… si on était superstitieux.
Trains de haut vol
Dans le train de mon âge à vitesse grand V J’ai souvent végété sous les couleurs du vent Le temps venu par vagues emmêlait nos cheveux Et nous devions pouvoir et nous voulions dévier. (Le rêve m’entortille et le réveil m’embrouille.)
C’est le V de l’envol qui referme son aile Et la nuit de velours épaissit ses volutes Et la nuit envoûtait nos fatigues voûtées Nuits de mica doré refondues en plomb gris C’est l’alchimie de l’aube et des ères trop neuves.
Dans le train de mon âge et au son du roulis J’ai perdu mon bagage et gagné un parcours Vases communicants entre l’esprit et l’âme De l’un à l’autre j’ai mis de l’eau dans mon cœur Oui tant d’eau a passé sous les ponts innocents Tant de sang fut pressé pour le vin de l’histoire.
Novembre sera entièrement consacré à l’Allemagne mais je fais une petite parenthèse aujourd’hui pour vous signaler que j’ai été très chaleureusement accueillie sur le site de la revue poétique « La Page Blanche », animée, entre autres, par Pierre Lamarque, Constantin Pricop et Matthieu Lorin. Un site riche et foisonnant sur lequel figurent déjà soixante-sept auteurs, réunis de façon permanente autour du « Dépôt ».
Voici le lien vers la Liste de tous leurs auteurs :
Et, plus précisément, voici le lien vers trois « Excursions à travers Paris » qui sont des poèmes en proses, que j’ai écrits dans divers quartiers de la capitale, et qui feront partie d’un recueil plus vaste, actuellement en cours de création :
Je vous souhaite à tous un très Joyeux Noël et plein de bonnes choses pour cette fin d’année, surtout la chaleur humaine et la joie d’être réunis avec vos proches, ce qui n’était pas forcément possible l’année dernière… et même si les menaces de restrictions planent une fois encore au-dessus de nos têtes, avec ce virus qui n’en finit pas de passer en revue l’alphabet grec ! Espérons qu’il ne devienne pas l’alpha et l’oméga de nos prochaines années ou nous finirons tous en patients lambda des cabinets de psy !
Pour ce moment festif, je partage avec vous quelques uns de mes haïkus inédits, retrouvés parmi mes brouillons plus ou moins récents (ou plus ou moins anciens, comme on voudra). J’y ai ajouté aussi deux tanka (poèmes japonais de cinq vers).
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muscat
De part et d’autre de la vitre du vivarium – un certain sang-froid.
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Brumeuse nostalgie – Ton doigt effleure la pruine d’un grain de muscat.
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Quand un hérisson rencontre une châtaigne – Parlent-ils d’oursins ?
** La pensée va-t-elle plus vite que la lumière ? Pas l’ombre d’une idée !
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Devis parodontal et sourire éclatant de la dentiste. Je vais l’avoir dans l’os l’adieu à mes quenottes.
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Comment ai-je pu tirer à moi tout l’édredon ? – Tes yeux dans la nuit.
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Le merle immobile sur le cerisier sans fruit – Patience d’automne.
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Tensions de la laisse entre le maître et son pit-bull – Tendue, je suis lâche.
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Le garde-manger de l’araignée absente pend à la fenêtre. Ce filet à provision Fait un joli voilage.
** Jolis gazouillis – mais le saule pleureur reste inconsolable.
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Vingt ans déjà que mon père n’est plus – Un jardin sans arbre.
J’ai écrit ces poèmes au printemps et été 2021. Merci de ne pas les diffuser sans mon autorisation.
transilien, intérieur du train
Eloge de la SNCF
Rouler en transilien dans la campagne rase, Voir filer les hameaux tagués et les terrains Vagues, ce n’est pas très folichon, à la base. Un genre de torpeur fadasse vous étreint.
De gare en gare, nous roulions dans cet écrin D’ennui morose, quand j’entendis cette phrase, Dite sur un ton simple, aimable et sans emphase : « Prenez garde à la marche en descendant du train ! »
Que la SNCF parle en alexandrin Au pauvre banlieusard que son train-train écrase, Cela aurait de quoi me mener à l’extase (Est-ce excessif ? Un brin ? Sans frein ? Ou a tout crin ?)
Maintenant, chaque fois que j’ai l’esprit chagrin, Je pense à cette phrase audacieuse et courtoise Qui me sied ! Pour un peu, je me croirais en phase Avec ce monde ultra-néo-contemporain.
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Eloge de la Bêtise
Je suis bête mais c’est à moitié fait exprès Et je n’ai de l’esprit que par inadvertance Mais j’en ai d’autant plus que j’entre dans la danse De plus crétins que moi (à ce qu’il me parait).
Les intellos pédants qui tiennent toujours prêt Un fumeux paradoxe empreint d’intelligence, Je leur sors aussitôt une plate évidence, Digne de Lapalisse – ils en sont pour leurs frais !
Par l’électrique essor de leurs brillants neurones Ils croient pouvoir prétendre aux merveilleuses zones De tranquille bonheur où ma stupidité
Me mène sans effort ni qualité majeure. Ils sont trop malins pour voir cette vérité : La raison du plus bête est toujours la meilleure !
Etant partie quelques jours en Bretagne Sud, au mois de juin, je vous propose quelques haïkus et photos rapportés de ces journées de vacances. Ils vous donneront une idée de mon séjour et de mon état d’esprit du moment.
smart
Le ciel est rose comme un grand coquillage – et j’entends la mer.
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Pluie et vague – dans un long brouillard blanc l’océan se noie.
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Bien au-dessus des tourterelles plaintives une mouette plane.
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K-ways et tongs – à défaut de baignade les touristes pataugent.
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Mer grise, ciel gris – tu enfiles ton ciré couleur de soleil.
smart
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La pluie peu à peu espace ses gouttes – mouettes dans la lumière.
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Plus doux, plus doré que sable au soleil – le grain de ta peau.
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Tintouin assommant d’une mouche têtue – sur l’heure de la sieste.
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Merci de noter que ces photos et haïkus ne sont pas libres de droit. Me consulter pour toute éventuelle utilisation.
Merci à Frédéric Perrot de l’excellent blog Bel de Mai, qui a consacré une recension à mon dernier recueil La Portée de l’ombre, paru chez Rafael de Surtis en décembre 2020.
La poète et directrice de revue Cécile Guivarch vient de faire paraître sur son excellent site Terre à Ciel une recension de mon livre « La Portée de l’ombre » paru chez Rafael de Surtis. Vous pouvez lire son article ici :
Une autre bonne nouvelle : Le poète Eric Dubois, qui anime le très bon site « Poésie Mag » vient de publier deux extraits de « La Portée de l’ombre », que vous pouvez consulter ci-après :
« La Portée de l’ombre » est disponible sur le site des éditions Rafael de Surtis, dans la catégorie « Proses » et Nouveautés. Voici le lien vers la page :
Vous vous souvenez sans doute, si vous suivez ce blog, que les éditions Rafael de Surtis avaient lancé une souscription pour mon recueil « La Portée de l’ombre », où il est question de musique et de folie. Cette souscription a bien marché, en grande partie grâce à vous, et je vous en remercie ! Le recueil a pu être publié vers la mi décembre 2020.
La poète et directrice du site Recours au Poème, Marilyne Bertoncini, a créé une vidéo à partir de l’un des textes de ce recueil : celui qui concerne Miles Davis et son célèbre morceau « So What ». Merci à elle, car sa voix, sa diction, le paysage urbain et, bien sûr, la musique en arrière plan, correspondent parfaitement à mes intentions.
Pour acheter mon recueil, le bulletin de souscription que j’avais publié en novembre est toujours valable. Je vous redonne le lien vers l’article ici.
Dans les prochaines semaines, je vous donnerai d’autres nouvelles de ce livre.
Cher(e)s ami(e)s blogueurs(euses), poètes, amateurs (trices) de littérature,
J’ai le plaisir de vous annoncer le lancement d’une souscription pour mon recueil « La Portée de l’ombre » à paraître en décembre 2020 chez Rafael de Surtis. Il s’agit d’un recueil de proses sur la musique (classique et jazz) de Bach à Miles Davis, sur les émotions artistiques en général et aussi sur la folie et l’internement, avec quelques échos et parallèles entre ces thèmes. C’est un recueil très personnel où j’explore des sentiments et des perceptions que chacun peut connaître à des degrés divers.
Pour commander, vous pouvez imprimer le bulletin et le renvoyer avec votre règlement aux éditions Rafaël de Surtis, 7 rue Saint-Michel, 81170 Cordes sur Ciel – France.
C’est une musique qui allie exaltation et humeur plaintive : on sent un grand chagrin, ou plutôt des envolées successives de chagrin, comme un sanglot qui n’accepte pas de se laisser consoler et qui se force à aller crescendo. Cette musique possède une grande unité de ton, elle garde son caractère sophistiqué et son raffinement quelles que soient les circonstances. Quelque chose d’élitiste, de précieux, de hautain, dans ces circonvolutions mélodiques : on sent que ce quartet a pu être joué par des dandys à monocles et des élégantes à éventails, du temps de la Belle Epoque, dans des salons du boulevard Saint-Germain, en revenant d’une promenade en calèche au Bois de Boulogne. On pense à Proust, on voit des jeunes filles en robes blanches rire sous les tonnelles, observées à distance respectueuse par des hommes du monde neurasthéniques et rongés par des accès de jalousie morose.
** (Un autre extrait, plus loin)
Quelques temps après ma première hospitalisation – il y a quinze ans – j’avais croisé par hasard dans la rue une jeune femme que j’avais connue à l’hôpital. Au moment où je l’ai croisée, je ne délirais plus mais j’étais très tracassée par le contenu de mon ancien délire et très mortifiée d’avoir été enfermée. Cette rencontre dans la rue avait été pour moi l’occasion de parler de mon expérience délirante à cette jeune femme, et de lui demander ses impressions sur le délire qu’elle avait traversé de son côté. Elle avait répondu à mes questions avec beaucoup de réticence et je la sentais gênée d’être amenée sur ce sujet. Elle m’avait tout de même confié que, dans son expérience, elle avait sauvé le monde et que son délire ressemblait à un film fantastique américain. Au bout de quelques minutes, elle avait écourté notre entrevue et m’avait dit qu’elle espérait que nous parlerions d’autre chose si nous devions nous recroiser un jour. Je m’étais aperçue, avec surprise, que le contenu d’un délire était une chose intime et honteuse qu’il fallait garder pour soi. Pourtant, dans mon idée, cette sorte d’expérience était quelque chose de rare qui pouvait nous apprendre quelque chose sur notre esprit, voire même sur le monde.