La Bouche à oreilles s’interrompt pour une petite dizaine de jours car elle a besoin de se reposer !
Ce sera l’occasion de nouvelles lectures, que je vous ferai partager à mon retour.
Bonnes vacances à tous, et à très bientôt !
La Bouche à oreilles s’interrompt pour une petite dizaine de jours car elle a besoin de se reposer !
Ce sera l’occasion de nouvelles lectures, que je vous ferai partager à mon retour.
Bonnes vacances à tous, et à très bientôt !
Publié par laboucheaoreille le 8 août 2013
https://laboucheaoreilles.wordpress.com/2013/08/08/un-peu-de-vacances-pour-la-bouche-a-oreilles/
J’ai trouvé ces poèmes sur Rimbaud dans le recueil Un manteau de fortune de Guy Goffette, paru en 2001 aux éditions nrf Gallimard. Ces poèmes font, plus précisément, partie de Blues à Charlestown (puisque c’est ainsi que, par dérision, Rimbaud appelait sa ville natale, Charleville.)
Tous ces poèmes sont des dizains c’est-à-dire des poèmes de dix vers, et, ici, chaque vers est en décasyllabe. C’est donc un rythme basé sur le chiffre dix – mais je ne vois pas de rapport particulier avec Rimbaud dans ce choix, car il n’utilisait pas particulièrement ces rythmes …
(Lettre à l’inconnue d’en face, 2)
Si peu de lumière sur ma table, si
peu que les mots comme fleurs rabougrissent
– et ma chair, si vous n’y portez remède
par saoules salives, si votre ventre
fougueusement ne l’enroule, ma chair
vive et veuve livrée nue chaque nuit
à votre délectation s’en ira
elle aussi pétale à pétale avant
que nous n’ayons trouvé, belle inconnue,
cette bête qui voyage beaucoup.
(Lettre à l’inconnue d’en face,3)
Reconnaissez Madame que mourir
hors du dérèglement de tous les sens
est triste et sans aucun profit (présent
gâché que la vertu, la nuit vient vite
et la plus belle rose est du fumier).
Ouvrez vos ombres votre giron vos
lèvres : le clou du spectacle est en bas
dans la rue où, preste comme une main
sous les robes, le vent réveille les
beaux orages qui nous étaient promis.
Les passages en italique sont des citations de Rimbaud : la « bête qui voyage beaucoup » est le dernier vers du poème « Rêvé pour l’hiver » et le « dérèglement de tous les sens » est un des passages les plus connus de la fameuse Lettre du voyant.
Publié par laboucheaoreille le 8 août 2013
https://laboucheaoreilles.wordpress.com/2013/08/08/des-poemes-de-guy-goffette-sur-rimbaud/
J’ai découvert ce poème dans la petite anthologie de la poésie française parue aux éditions First sous la direction de Jean-Joseph Julaud.
Ce poème est extrait du recueil Destinée arbitraire qui date de 1942.
Âgé de cent-mille ans, j’aurai encor la force
De t’attendre, ô demain pressenti par l’espoir.
Le temps, vieillard souffrant de multiples entorses,
Peut gémir : le matin est neuf, neuf est le soir.
Mais depuis trop de mois nous vivons à la veille,
Nous veillons, nous gardons la lumière et le feu,
Nous parlons à voix basse et nous tendons l’oreille
A maint bruit vite éteint et perdu comme au jeu.
Or, du fond de la nuit, nous témoignons encore
De la splendeur du jour et de tous ses présents.
Si nous ne dormons pas c’est pour guetter l’aurore
Qui prouvera qu’enfin nous vivons au présent.
Publié par laboucheaoreille le 3 août 2013
https://laboucheaoreilles.wordpress.com/2013/08/03/demain-de-robert-desnos/
Maître André, un notaire un peu ridicule, réveille sa femme, Jacqueline, à six heures du matin pour lui apprendre que l’un de ses clercs, Landry, a vu un homme escalader le mur de leur maison et entrer dans la chambre de la jeune femme. Il lui demande des explications, elle fait celle qui ne comprend pas de quoi il s’agit. A l’issue de cette discussion, Jacqueline va délivrer de l’armoire où elle l’avait enfermé, son amant, Clavaroche, un officier des dragons, qui lui suggère de trouver ce qu’il appelle un « chandelier », c’est-à-dire un soupirant, qui lui fera la cour ouvertement, et qui, ainsi, détournera sur lui les soupçons de Maître André. Jacqueline ne tarde pas à s’apercevoir que le troisième clerc de son mari, un adolescent prénommé Fortunio, est amoureux d’elle, et elle le choisit comme chandelier en utilisant un petit stratagème destiné à le rapprocher d’elle. (…)
J’ai trouvé qu’il y avait dans cette pièce beaucoup d’influences très diverses : si Maître André semble un personnage tout droit sorti d’une comédie de Molière, Clavaroche fait plutôt penser aux caractères cyniques et libertins du 18è siècle, pendant que Fortunio est le type parfait du jeune héros romantique, sensible et pur, qui fait penser au Coelio des Caprices de Marianne.
Fortunio est le jouet des manigances du couple un peu pervers formé par Jacqueline et Clavaroche, mais, s’il est leur jouet, ce n’est pas par bêtise ou par naïveté – bien au contraire – c’est parce qu’il obéit à un idéal amoureux particulièrement élevé, qui lui fait tout pardonner à la femme aimée.
Le personnage de Jacqueline est également intéressant dans la mesure où elle semble alternativement manipulatrice puis généreuse et humaine. Elle trompe, elle ment, elle semble ne penser qu’à son intérêt immédiat, mais aux moments importants elle révèle son grand coeur et sa grandeur d’âme.
Chose intéressante à noter : la pièce finit bien !
Publié par laboucheaoreille le 3 août 2013
https://laboucheaoreilles.wordpress.com/2013/08/03/le-chandelier-dalfred-de-musset/