La revue Traction-Brabant, créée et dirigée par le poète et éditeur Patrice Maltaverne depuis 2004, a fait paraître en février dernier son numéro 97 et je vous en propose deux extraits. Vous pouvez vous abonner à cette revue poétique pour la somme modique de 15 euros correspondant à cinq numéros annuels. Pour de plus amples informations, voici le lien vers le blog de la revue : http://traction-brabant.blogspot.fr
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Heure d’hiver
Vingt-et-une heures au clocher Neuves heures La lune se résigne à ne s’éclairer qu’à moitié En représailles, j’imagine Je l’entends pleurer Alors je m’obstine A rêver doublement Mais à cloche-pied Et mes chimères coquines Se font complices De mon urgence dévoreuse de temps Sur le noir lisse de la longue nuit Je laisse aller mes jambes Mes jambes seulement Et mes bras envieux font de mon oreiller Un piège à vœux Mi laids, mi pieux
Armelle LE GOLVAN
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Covoiturage
attentat suicide voisins de palier tel qui se liquide meurt accompagné
crâne sous la meule sans plus résister ne pas partir seule suicide assisté
J’ai trouvé ces poèmes dans le recueil « Le poète n’est le chien de personne » qui était paru en 2020 chez l’éditeur « Le temps des cerises ». Humour, esprit caustique et jeux de mots facétieux caractérisent ce recueil, de même que les thèmes d’actualité politique ou sociale, l’observation des outrances médiatiques, les errements des réseaux sociaux et autres absurdités de la presse. Allitérations, rythmes rapides, vocabulaire actuel ou d’origine anglo-saxonne, jeux sur les sonorités contribuent à donner une musicalité contemporaine à beaucoup de ces textes.
Quatrième de Couverture
On retrouve dans ce livre de poèmes ce qui fait la touche personnelle de Jean-Luc Despax : la verve satirique, le regard décalé sur l’actualité, le jeu apparemment décontracté, mais en réalité savant, avec le langage d’aujourd’hui. Ce livre cependant marque un tournant, dans sa défense absolue de la liberté de chaque être à aimer comme il le souhaite et à rechercher, en un mot, le bonheur. La première partie explore l’actualité de ces dernières années. La deuxième partie offre de réjouissantes fables contemporaines. La troisième partie, des Amours du poète en quelque sorte, fait la part belle à l’érotisme, sans lesquels la liberté et la poésie ne sauraient aller. La quatrième offre un compagnonnage avec le pictural et le surréel. La dernière partie affirme résolument que décidément, un poète n’est le chien de personne, en ce qu’il ne se rendra jamais mais restituera le plus honnêtement possible la réalité, pour la travailler dialectiquement à sa façon.
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(Page 134)
Pour une Saint-Valentin Future
Tu voudrais que l’amour soit une fenêtre La vitre vers l’Infini Tu te plains de tomber sur un mur Sur un couac, dans un Quick Sans Musset ni Kerouac Tu dis : J’aurais dû tomber amoureux d’une porte Parce qu’on peut sortir avec Ou bien se la fermer Pour longtemps Et puis un jour tu aimes Tu es aimé en retour Et l’inverse Ou ni l’un ni l’autre : Qu’il n’y ait plus de portes
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(Page 26)
Liberté d’Expression
Il convoqua la presse Pour annoncer Qu’il se retirait De la vie médiatique La pria De vérifier régulièrement Qu’il tiendrait parole
Revint quinze jours plus tard
Philosophie des Lumières ? Hédonisme des projecteurs.
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(Page 176)
Se Sentir Mieux Après Avoir Arrêté le Poème
20 minutes après le dernier poème On récupère un peu ses esprits 8 heures après le dernier poème On se fout de savoir si ça s’écrit poème ou poéme 3 jours après le dernier poème Regarder la télé redevient plus facile : il était temps ! 2 mois après le dernier poème On trouve que le volume 2 de la super trilogie à la mode, c’est vachement bien 1 an après le dernier poème Le risque de s’être fait une intelligence critique diminue de moitié 5 ans après le dernier poème Le risque de réinventer le monde diminue presque de moitié 10 ans après le dernier poème Le risque d’être un animal politique est le même que pour celui qui est un animal tout court 15 ans après le dernier poème Le risque de crise cardiaque est le même que pour ceux qui n’ont plus de cœur depuis longtemps.
Le 15 juin 2022, ce blog a atteint sa dixième année d’existence. Je n’avais pas prévu, à sa création, une telle longévité ! J’ai publié jusqu’ici environ 900 articles, au rythme d’une publication tous les quatre jours, à peu près. Toujours motivée pour continuer l’aventure, je suis contente de pouvoir échanger avec vous sur la blogosphère et de lire vos articles. Merci de vos commentaires et de vos appréciations tout au long de ces mois et années !
J’ai lu ce roman car il m’a été conseillé par mon ami l’écrivain et poète Denis Hamel. Je n’avais encore jamais lu cet auteur et j’ai été contente de le découvrir.
Note Pratique sur le livre
Éditeur : Unicité. Date de parution : 2013 Préface de Dominique Noguez Nombre de pages : 112
Présentation de l’auteur
Né en 1980, résidant à Paris, Étienne Ruhaud a suivi des études de Lettres, et publié un recueil poétique (Petites fables, Rafael de Surtis, 2009), ainsi qu’un essai (La poésie contemporaine en bibliothèque, L’Harmattan, 2012). Il collabore régulièrement à plusieurs revues, et anime un blog. Disparaître est son premier roman. (Source : Site de l’éditeur)
Présentation du début de l’histoire
Un jeune homme de 28 ans perd son emploi à la Poste, où il avait un contrat précaire. Originaire de Brive, où vivent encore ses parents, il envisage maintenant d’y retourner puisqu’il est au chômage. En effet, son appartement est un logement de fonction qui appartient à la Poste et qu’il va donc devoir quitter en même temps que son emploi. Mais il hésite à appeler ses parents à son secours car ce nouvel échec professionnel et social risque de les décevoir et le jeune homme a honte de cette situation. Il reste enfermé chez lui sans oser sortir car il a peur d’être mis à la porte par le concierge qui le surveille. En attendant cette expulsion tant redoutée, il boit de grandes quantités d’alcool et fume de la drogue, tout en se remémorant sa vie. Pendant longtemps il a rêvé de devenir écrivain mais ça n’a pas marché. (…)
Mon petit avis
C’est un livre assez sombre, que l’on pourrait qualifier de drame social ou même de tragédie car la chute du héros semble inéluctable du début à la fin et, même quand des lueurs d’espoirs ont l’air d’apparaître par instants pour ce jeune chômeur, il leur tourne le dos et s’enfonce toujours davantage dans son marasme, par un effet de sa profonde dépression qui l’empêche de saisir sa chance ou de se raccrocher à quelque chose. Aussi, dans les premières pages du livre, nous assistons à son entretien avec une conseillère de Pôle emploi et nous pouvons ressentir son pessimisme et son incrédulité quant à un possible avenir. Il dit lui même qu’il se force à jouer la comédie devant cette conseillère pour avoir l’air positif et plein d’initiative. Et c’est sans doute une façon de nous montrer la perversité d’un système qui fait tout pour nous désespérer et qui nous demande en plus d’en avoir l’air content et enthousiaste – sous peine de finir sur le trottoir. Derrière cette critique sociale très dure, l’auteur nous montre l’extrême fragilité de nos situations de vie : en très peu de temps on peut se retrouver à la rue et tout perdre, disparaître corps et biens. J’ai beaucoup aimé les descriptions urbaines qui se succèdent tout au long du roman et qui nous présentent des paysages de banlieues d’une manière très puissante et évocatrice : Croissy, Nanterre, Montreuil, La Défense ou encore Maisons-Alfort nous sont ainsi présentés avec leurs mornes et glauques particularités – leur peu séduisante véracité. Mais on sent que l’auteur connaît parfaitement ces banlieues et leurs atmosphères, les habitudes de leur population, aux différentes heures du jour et de la nuit. Un livre très prenant et qui m’a semblé donner une vision naturaliste et sans complaisance de notre monde contemporain.
Un Extrait (Page 30)
Se retrouver à la rue… C’est bien ce qui risque de m’arriver. Ayant été renvoyé, je n’appartient plus à la Poste, et, à ce titre, n’ai pas le droit de garder la chambre, qui reste réservée aux agents. Où aller ? Je n’ai pas suffisamment d’argent pour dormir dans un hôtel correct et je ne peux non plus me rendre dans un foyer Sonacotra, conçu pour les travailleurs immigrés. Il y a toujours le recueil social de la ville, mais je n’ai pas le courage d’échouer là bas, dans une ancienne prison du XVIIIe siècle, avec des vagabonds, au milieu de l’alcool et des bagarres, dans la crasse, la misère. Le plus sensé serait évidemment de téléphoner immédiatement à mes parents qui m’enverraient un mandat, se débrouilleraient pour m’aider. Hélas je n’ai pas le courage d’avouer ce nouvel échec professionnel, d’entendre dans leur voix une déception justifiée. Je fuis, donc, ce que j’ai toujours plus ou moins fait.
« … la Vérité n’est ni un ensemble de dogmes, ni les décisions de conciles et de papes, ni une doctrine, ni même la Bible conçue comme un livre. La Vérité, c’est une Personne ! […] il est question de faire confiance à une personne qui vous parle. » – Jacques Ellul, Anarchie et christianisme.
« Le langage, s’il peut être vecteur de la parole, et possible translateur de vérité, ne le sera qu’en tant que langage ouvert, c’est-à-dire langage qui permet chaque fois une aventure. » – Idem, La parole humiliée.
(Un bémol rapide pour commencer, concernant la préface de Milène Tournier, à mon sens trop exagérément laudative et empreinte d’une préciosité doctorale un peu pesante : « Elle [L’autrice] adosse sa cantillation à l’ellipse pour trouver l’élan de vitalité, le nourrir surtout, pour que ce qui s’écroule rejoigne ce qui s’écoule […] » Alors oui, certes, mais je ne suis pas sûr qu’à ces altitudes, la Poésie puisse continuer à respirer correctement, faute d’oxygène. Enfin passons.)
D’entrée de jeu, NQ nous avertit :
ne tâche pas l’ombre de la tienne
le monde travaille avec son propre poids
et plus loin :
Je fais espace à mon démon
dans la neutralité des choses
…
sur le route du rhum soldé les compromis
déclaré encombrant tout appel de sagesse
Il n’y aura pas d’explication, de justification, d’exégèse. Ce qui est dit dans ce recueil est à prendre ou à laisser, tel quel. Le tropisme chrétien primitif qui imprègne le texte est évident, mais que nos amis bouffeurs de curés ne s’affolent pas : on n’est pas ici chez Claudel ou Bobin, mais plutôt chez Jacques Dupin, voire chez Eluard.
grâce de pleine marie
je vous salue entrailles
…
j’aurais besoins d’une religion d’extase
où chaque jour du seigneur
je me transforme en rayon d’or
…
j’aurais besoin d’un incendie d’atomes
de faire de ma prêtrise une anarchie directe
…
dieu rappelle à lui, vous ne passerez plus par le cœur de l’aiguille.
La prosodie de NQ, superficiellement vécue comme constituée de vers libres, se révèle en fait pan-rythmique, comme Schoenberg baptisait son système harmonique pan-tonal plutôt qu’atonal. Partout, la présence d’hexamètres et dans une moindre mesure d’octosyllabes, qui hante fantômatiquement le flux du discours. Comme une cadence de Bach dans un concerto de Berg. Et parfois des morceaux de logique floue, des étrangetés syntaxiques, grammaticales ou lexicales comme autant de pierreries serties dans le chant :
arrête-moi d’écrire avant que je tombais
épouvantail dans le vignoble
arrête-moi martyr avant que de prière
joueuse et célicole
…
Les vocabularions à l’arbre des pendus
épiné robe autour et pas baissé la peine
…
dans taire on a semé la poésie ouverte
La mystique de NQ, écartelée entre vénération et sexualisme, se déploie au fil du recueil :
noyé tes étincelles
et tes danses anarchiques
ton coup de voix
et ton sexe faire diversement joui
ton janvier radical
et ton oiseau coureur dans l’infidélité
…
vous adorant la peau et vous baisant la nuque
je vous veine aux doigts épuisée
une danse jarret sur le cheval
ma flasque de vénus
…
le volume d’orage aura
masturbé les étoiles
…
pornographie de parole se découvrant par jets
…
prends-moi comme un squelette de coquillage
…
donne-moi à sucer
l’audace blanche
du roc du déshonneur
Une confiance belle, un abandon en les pouvoirs du langage qui dépasse tout scepticisme et tout académisme :
j’ai
l’épi majeur de la prière
dans le grand champ des consolations
…
n’oubliez pas qu’un chant nous élabore
en quarantaine.
…
on m’a versée dans le futur
sans me sevrer de la présence
On peut lire chaque poème comme un tout en soi, cohérent et complet, ou se plonger dans le flux du recueil comme dans un continuum. Instants quantiques ou durée bergsonienne, l’ambiguïté est voulue et demeure. Parfois le discours se cherche, s’égare, se retrouve. Pas de perfection froide et figée ici, mais une poésie vivante, charnelle, qui s’élève spirituellement dans un mouvement de quasi spirale :
le fleuve est remonté
du chapelet étrange
au dieu imaginaire
J’espère que NQ ma pardonnera d’avoir saucissonné la belle intégrité de son chant pour les besoins de cette notule, qui ne se prétend pas étude exhaustive, mais invitation à lire.
Je connaissais déjà quelques recueils récents de la poète Valérie Canat de Chizy et j’ai eu envie de découvrir ce livre « Créer l’Ouvert » qui avait été publié en 2011 par les éditions de l’Atlantique, dans la collection Phoibos, avec un très beau dessin à l’encre du peintre Tanguy Dohollau.
Ce recueil m’a permis de percevoir plus nettement l’évolution de son écriture, avec des aspects qui demeurent présents (la concision, la précision des mots et la beauté des images) et d’autres éléments qui me semblent plus accentués dans les poèmes récents (la clarté, peut-être un côté plus explicite et plus direct dans l’expression de soi). Dans « Créer l’Ouvert » j’ai apprécié certaines ellipses et allusions voilées, on a souvent envie de lire entre les lignes, et la fin de chaque poème semble nous ouvrir vers une rêverie ou mettre notre imagination en mouvement. J’ai apprécié aussi la manière dont certains poèmes résonnent les uns avec les autres et se font discrètement écho.
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Je recopie ici le texte de la Quatrième de Couverture écrit par Silvaine Arabo.
Valérie Canat de Chizy est en recherche de la lumière qu’elle regarde jouer sur le monde dans les choses en apparence les plus banales : les images d’eau, de liquidité, sont fréquentes qui donnent à celle-ci justement, par le reflet, l’accueil et la densité qu’elle réclame. Recherche intime de la grâce, de la transparence, dont le monde extérieur fournit les analogies. Dans ces poèmes courts Valérie Canat nous entraîne avec elle vers une méditation dans laquelle oiseaux, ciel, eau, poissons redeviennent à nos yeux les acteurs qu’ils n’auraient jamais dû cesser d’être. Nous sommes ici dans le dépouillement et l’essentiel d’une parole.
Silvaine Arabo
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Page 1
Mots d’une autre rivière Porteurs de rameaux Les branches éclosent A même la peau.
Femme-arbre Aux pousses multiples Lèvres écloses sur La fleur.
– De la poitrine Jaillissent les tiges Douloureuses -.
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Page 13
Ecrire n’est rien Sinon l’approche D’un secret Depuis toujours Secret comme Un enfant nouveau-né Dans son linge blanc.
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Page 23
La perception Se dilate Dans l’étirement Du chat L’attente De l’œil Plissé De velours.
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Page 34
Dans l’embrasure De la fenêtre Le cri Des martinets Lacère Le ciel.
J’ai vu ce film en janvier, dès la première semaine de sa sortie en France, et j’ai décidé de vous en parler quelques mois plus tard, à l’occasion de mon Mois Américain de juin 2022 dont c’est aujourd’hui le dernier jour et le dernier article.
Note pratique sur le film :
Nationalité : américain Genre : Comédie dramatique Date de sortie aux Etats-Unis : 26 novembre 2021 Date de sortie en France : 5 janvier 2022 Durée : 2h13mn
Résumé de l’histoire (situation de départ)
Du côté de Los Angeles, autour de 1973, Gary Valentine est un adolescent de quinze ans, lycéen sûr de lui et acteur à ses heures perdues. Un jour, dans son lycée, il croise Alana Kane, une jeune photographe de vingt-cinq ans, venue faire des photos de classes pour tous ces lycéens. Il est très attiré par elle mais leur différence d’âge maintient une certaine distance entre eux et ils se limitent à des liens d’amitié et de complicité platonique. Au fur et à mesure du temps, ils partagent des expériences de vie plus ou moins décevantes et sont souvent emportés, chacun de son côté, dans des aventures curieuses ou risquées. Mais la vie finira par les rapprocher.
Mon Avis :
Avant de voir ce film, et au vu de son résumé, je pensais que son sujet principal était « l’histoire d’amour compliquée entre une jeune femme et un ado », avec toutes les entraves et barrières possibles dressées devant eux pour les empêcher de s’aimer. Mais, en réalité, la différence d’âge entre les deux personnages, loin d’être soulignée, est sans cesse gommée, puisque l’adolescent se comporte tout à fait comme un adulte – il est dynamique, ambitieux et sûr de lui, il crée et dirige des entreprises, fait des affaires, gagne de l’argent sans problème, il conduit sa voiture, il donne des conseils aux adultes de son entourage, etc. – tandis que la jeune femme ne semble pas très mûre ni très réfléchie – et finalement on ne voit pas trop où est le nœud du problème ou même s’il y a un problème à résoudre entre eux. Plusieurs fois pendant ces deux heures et quart de film, je me suis demandé : « Mais quel est le sujet de ce film ? Où est l’intrigue ? A quoi sommes-nous censés nous accrocher ? » et, pour tout dire, je m’ennuyais et j’hésitais à quitter la salle – mais je suis tout de même restée jusqu’au bout, par scrupule et par curiosité. Certes, il se passe pas mal de choses dans ce scenario, qui nous montre ces deux personnages en train de chercher leur voie professionnelle et amoureuse – et échouer dans cette recherche la plupart du temps, malgré leur ambition (qui est le principal point commun de leur caractère), que ce soit ensemble ou séparément – mais l’intérêt est assez fluctuant selon les épisodes. Du côté des points positifs, j’ai apprécié les nombreuses chansons des années 70 qui accompagnent l’image, avec une mention spéciale pour Les Doors et David Bowie, et qui, avec les costumes aux formes amples et aux couleurs acidulées, nous replongent dans ces années psychédéliques et pop et nous réveillent de notre torpeur. Ceci dit, l’état d’esprit hippie, cool et fortement contestataire des années 70 n’est pas restitué dans ce film, et les effets de nostalgie restent donc plutôt en surface et décoratifs. Du point de vue des dialogues, je dirais qu’on sent à plusieurs reprises l’influence d’un humour décalé à la Tarantino ou inspiré des frères Coen, mais en beaucoup moins réussi car ça tombe souvent à plat. Bref, un moment de cinéma dont j’aurais aussi bien pu me passer !