Une Histoire de tempête d’Hubert Mingarelli

Couverture chez « Le Sonneur »

Je n’avais jamais entendu parler de cet écrivain avant de lire une chronique élogieuse à propos de ce livre sur le blog d’Evy, qui mêle culture, écriture et nature avec finesse et sensibilité, et que vous pouvez visiter ici : Carnets de ‘vy !

Note Pratique sur le Livre

Genre : Court roman
Editeur : Le Sonneur
Année de publication : 2015
Nombre de Pages : 47

Note sur l’écrivain

Hubert Mingarelli (1956-2020) était un nouvelliste, romancier et scénariste. Après avoir quitté l’école à 17 ans, il a passé trois ans dans la Marine. Il s’est ensuite installé à Grenoble. Il a commencé à publier dès la fin des années 80. Il reçut le Prix Médicis en 2003 pour son roman Quatre soldats. Il a passé les dernières années de sa vie dans les Alpes.

Extrait de la Quatrième de Couverture

Un port, quelque part. Des solitudes déambulent sur les quais, s’évitent, se frottent, se quittent. Il y a ceux qui renoncent, ceux qui s’accrochent. Le narrateur est de cette trempe-là. Il n’est pas venu défier les éléments, la nuit et l’océan qui se confondent, la pluie qui rince les docks, les corps et les âmes. Il est là pour écrire, mettre des mots sur une histoire, affronter la sienne peut-être. Cette nuit de tous les déluges, il va mettre au monde un personnage de roman, celui à qui il se doit de donner la vie. Coûte que coûte.
(…)

Mon Avis

C’est un livre qui vaut essentiellement par son atmosphère solitaire, nocturne et portuaire, par un climat mystérieux et très légèrement étrange, où les personnages semblent destinés à l’incommunicabilité, quoi qu’ils fassent pour essayer d’en sortir.
Deux hommes se rencontrent mais, dans les faits, cette rencontre est complètement manquée car l’un des deux, l’écrivain, n’écoute pas du tout ce que l’autre lui raconte longuement, il pense à autre chose, au roman qu’il a commencé à écrire et dont il n’a réussi à écrire que trois pages, sans même de certitude sur leur qualité.
Pourtant, on se dit que l’autre homme, le candidat au suicide, qui éprouve le besoin de s’épancher pour la première et dernière fois de sa vie, avant de sauter dans l’eau, aurait – plus que n’importe qui en cette soirée précise – le besoin d’être écouté, compris, soutenu, dissuadé de passer à l’acte, mais non, l’écrivain n’a rien à en faire et il aime mieux penser à son histoire imaginaire, dans laquelle la mort joue également un rôle central, de même que la relation d’affection et de protection d’un père envers son fils.
C’est donc le personnage de l’écrivain qui nous raconte l’intrigue de son roman en cours de création, pendant qu’au même moment nous savons que le candidat au suicide est en train de déballer le récit de son existence, dont nous ne saurons à peu près rien, sauf qu’il est question d’un cheval puis, plus tard, d’un enfant.
On se dit aussi, à certains moments, que l’écrivain pourrait trouver de nouvelles idées romanesques s’il écoutait le monologue de l’homme suicidaire, en s’inspirant de cette histoire qui lui est racontée, mais ce n’est pas le cas : l’écrivain n’écoute que sa voix intérieure, ne se fie qu’à son propre monde imaginaire et les réalités qui l’entourent ne lui évoquent rien, ne l’intéressent pas.
Situation romanesque qui peut prêter à de multiples interprétations et nous faire réfléchir à la nécessité et à la possibilité de communiquer mais aussi au besoin de créer, à la place que nous accordons à autrui par rapport à notre monde intérieur.
Un beau livre, qui continue à résonner assez longtemps après la fin de la lecture, et dont le climat mystérieux suggère pas mal de questions et d’hypothèses.