Le jeune Ahmed, des frères Dardenne

L’histoire : Un adolescent de treize ans, Ahmed, endoctriné par son imam dans des croyances islamistes radicales, projette d’assassiner une de ses professeurs, qui est selon lui « apostat » et « blasphématrice ». Après une première tentative d’assassinat, il est envoyé dans un centre de rééducation où des éducateurs essayent de le déradicaliser. Entres autres activités de réinsertion, il est amené à travailler dans une ferme des environs. Il voit aussi une psychologue qui s’assure de son changement d’attitude vis-à-vis de sa victime.

Mon avis : C’est un film sobre, qui se rapproche de l’atmosphère d’un documentaire. On suit au plus près l’adolescent dans ses activités quotidiennes : prières, travail, lavage de mains pour se purifier, entretiens avec quelques adultes (l’imam, la mère, la professeur, les éducateurs, etc.). L’adolescent nous apparaît complètement immergé dans ses croyances, ne remettant jamais en doute ses dogmes, froidement déterminé dans ses projets et n’ayant plus de relations affectives avec quiconque, ni avec les adultes ni avec les jeunes de son âge.
Dans le centre de rééducation, il fait semblant de changer et de s’humaniser, il joue la comédie du repentir, mais son changement est trop brutal pour nous laisser le moindre doute sur ses vraies intentions – car il continue de poursuivre son projet initial.
Si ce « héros » est particulièrement odieux et implacablement froid, nous le suivons malgré tout avec intérêt, curieux de voir s’il va s’amender et comprendre qu’un assassinat est un crime et non un exploit. Par ailleurs, à cause du très jeune âge de ce garçon, et de son caractère influençable, je n’ai pas pu m’empêcher d’avoir parfois pitié de lui.
Un film qui nous met devant une réalité déplaisante et nous pousse à nous interroger sur ce phénomène sociologique et psychologique, mais sans nous conduire vers une idée de solution.
Un beau film, qui n’est pas sans rappeler, par son esthétique et ses thématiques adolescentes, « Le gamin au vélo » des mêmes frères Dardenne, que j’avais aussi beaucoup aimé.

La Vieille Fille, de Balzac

J’ai lu La Vieille Fille, un court roman de Balzac, écrit en 1836, dans le cadre du défi de lecture de Madame lit puisqu’il s’agit de lire un classique au mois d’août.
Dans son édition chez Garnier Flammarion ce roman est suivi du Cabinet des Antiques car les deux romans forment une sorte de diptyque – d’après la préface de Philippe Berthier.
Les deux font partie de La Comédie Humaine, et plus précisément des Scènes de la vie de Province.

Mais venons-en à l’histoire proprement dite.

Le roman se déroule à Alençon pendant la Restauration.
Une vieille fille d’une quarantaine d’années, Melle Cormon, qui fait partie de la noblesse et possède une grosse fortune, mène une vie sociale brillante puisqu’elle attire chez elle la meilleure société.
Trois prétendants sérieux se pressent autour d’elle :
Le Chevalier de Valois, un gentilhomme distingué et spirituel, mais assez âgé.
Monsieur du Bousquier, un bourgeois ambitieux qui vise surtout la fortune de Melle Cormon.
Athanase Granson, un jeune homme de vingt-trois ans, pauvre mais plein de talent, éperdument amoureux de la vieille fille.
Pendant une bonne partie du livre, on se demande auquel des trois hommes la vieille fille accordera sa main – et si tous ces projets ne vont pas finir par échouer car Melle Cormon n’est pas très intelligente, elle est gaffeuse et comprend mal la psychologie des uns et des autres.
Mais, bien au-delà d’un roman d’amour, il est plutôt question ici d’ambitions politiques et financières, et les idées royalistes de Balzac apparaissent de manière très claire, avec une critique acide des républicains, présentés comme parvenus et immoraux.
Je ne voudrais pas dévoiler l’intrigue du livre, mais ce roman est aussi l’occasion pour Balzac d’évoquer quelques unes de ses idées sur le mariage, qui représentait une grande perte de liberté pour une femme.

Un livre intéressant, avec des personnages pittoresques, mais qui nous parait aujourd’hui un peu désuet.

***

L’Homme qui entendait des voix, d’Eric Dubois

Le poète Eric Dubois (né à Paris en 1966) vient de faire paraître aux éditions Unicité ce récit autobiographique qui aborde le sujet de la schizophrénie à travers un témoignage très sincère et lucide. Nous découvrons le contexte dans lequel la maladie s’est déclenchée, mais le poète se garde des explications et des analyses faciles. On remarque qu’il mène alors la vie tout à fait typique d’un jeune trentenaire des années 1990, avec ses amitiés, son contexte professionnel compliqué, ses relations amoureuses, l’usage de cannabis. Il explique et décrit l’apparition de cette maladie qui le conduit à l’hôpital, et les conséquences qu’elle a aujourd’hui encore sur son existence. Les effets secondaires des médicaments, le fait de vivre avec un handicap invisible, la difficulté de trouver du travail, les psychothérapies qui l’apaisent, les nombreuses amitiés poétiques qu’il a nouées.
Eric Dubois ne nous présente la schizophrénie ni comme une catastrophe ni comme un dédoublement de la personnalité (une idée fausse pourtant bien ancrée dans la population) mais comme une maladie psychique parmi d’autres, avec laquelle il faut apprendre à vivre.
Un livre qui intéressera ceux qui s’interrogent sur cette maladie, ou sur la psychiatrie en général, ou qui aiment lire des parcours de vie, des témoignages pleins d’humanité et de vérité.

Voici un extrait :

Et il y avait ces lumières, criardes, violentes, ces couleurs vives comme sous l’effet d’une drogue puissante. Épuisé et ravi, je me laissais aller à des rêves faits en plein jour, parfois, j’avais l’impression de voyager dans le temps, et observais chaque époque au coin d’une rue, mes ancêtres traverser les passages pour piétons, et aussi des petits êtres qui apparaissaient et disparaissaient en un quart de seconde. Les odeurs nauséabondes me poursuivaient également, là, où elles n’avaient pas lieu d’être. Et enfin les voix, Élie, Élie, Élie qu’elles disaient, pas méprisantes, pas ordurières, juste entêtantes, insectes de l’aube et du crépuscule, à certaines heures, mais toujours de courte durée.

Jardins Publics de Patricia Castex-Menier

Ce recueil de Patricia Castex Menier est paru en 2011 aux éditions Aspect.
Comme son titre l’indique, ce livre évoque les jardins publics parisiens, avec un regard tantôt amusé, tantôt méditatif, et nous offre tout une palette d’émotions et d’images comme de petits croquis pris sur le vif d’une promenade à travers une allée.
J’ai vraiment beaucoup aimé ce livre, par ses thèmes, son ton et son atmosphère, qui ne sont pas si éloignés de ceux du haïku, avec une attention portée aux saisons, une concision et un sens de l’observation très aigus.
Voici quelques poèmes que j’ai choisis successivement dans chacune des quatre parties (du Printemps à l’Hiver) :

***

Si
l’on regarde le bourgeon,

puis
la fleur, puis le fruit,

puis
le bourgeon, puis la fleur,

puis
le fruit,

on
ne craint plus de mourir.

Mais
cela prend du temps.

***

Quoi
qu’on en dise,

on
se promène toujours un peu

sur
les chemins du langage :

roses
encore plus roses

dans
leurs noms de divas,

fleurettes
drapées dans leur latin,

et
colvert en col blanc.

***

Cueillir
le son du ricochet,

puis
rêver

avec
les ronds dans l’eau

à
l’expansion de l’univers.

***

Mais
oui,

rien
ne fait plus de bruit
que la neige :

les
enfants,
les pauvres et les poètes

en
ont déjà tant parlé !

***

Liebster Award 3.0

J’ai été nominée par Une vie, des livres pour participer au Liebster Award 3.0 et je la remercie d’avoir pensé à moi !

Pour participer à ce Tag, quatre simples étapes :

1. Remercier le blogueur qui vous a nommé → fait
2. Répondez aux questions qui vous ont été posées
3. Nommez 5 autres blogueurs
4. Posez 6 nouvelles questions

Voici mes réponses aux 6 questions :

1 ) Quel est l’auteur le plus représenté dans ta bibliothèque ?
Sans doute Romain Gary dont je possède une dizaine de romans, l’un de mes écrivains préférés.

2) Comment choisis-tu les livres que tu achètes : selon une liste d’envies, en les sélectionnant avant de les acheter, au feeling, etc. ?
Les blogs que je suis me donnent beaucoup d’idées de lectures, mais aussi les revues de poésie, et je vais également me promener en librairie pour découvrir des auteurs que j’ignore. J’écoute aussi les conseils d’amis. Tous les moyens sont bons pour découvrir des livres !

3) Aimes-tu/aimais-tu tes lectures obligatoires à l’école ?
C’était variable. Parfois ça m’ennuyait tellement que je laissais tomber au bout de 30 pages. Mais, grâce à l’école, j’ai découvert La Chute de Camus et Les Fleurs du Mal, que j’ai adorées.

4) Partages-tu tes lectures avec ton entourage (famille, amis, collègues…) ou seulement via ton blog/tes réseaux sociaux ?
J’ai la chance d’avoir un entourage qui aime les livres et avec qui je peux parler de mes lectures.

5) As-tu des centres d’intérêt incompris ou qui paraissent loufoques aux yeux de certains ?
Pendant des années ma passion pour la poésie m’a attiré des moqueries mais ça s’est beaucoup arrangé !

6) Quel est ton dessert préféré ?
J’aime beaucoup la glace au cassis avec quelques fruits rouges et un peu de chantilly par-dessus.

***
Je nomme donc les cinq autres blogueurs suivants :

– Eléonore du blog A mes heurs retrouvés
Madame Lit
Bonheur des yeux et du Palais
Laurence Délis
La Barmaid aux Lettres

qui devront (si elles le souhaitent) répondre à ces questions :

Si tu pouvais voyager dans le temps, vers quelle époque irais-tu ?
Si tu pouvais ressusciter un personnage célèbre du passé, qui aimerais-tu rencontrer ?
Aimes-tu voir les adaptations au cinéma des livres que tu aimes ?
Est-ce que tu gardes longtemps tes lectures en mémoire ?
Que cherches-tu dans un livre ?
Quelle est la musique ou la chanson qui te rappelle le plus de souvenirs ?

***