« Le Métier d’écrivain » de Hermann Hesse

J’ai trouvé ce livre par hasard, en flânant dans une librairie, et son titre m’a tout de suite intéressée car j’aime connaître les pensées des écrivains sur leur art, sur leur façon d’envisager la littérature, sur le langage, etc.
J’avais déjà lu un livre de Hermann Hesse (Allemagne, 1877- Suisse, 1962) – « Knulp« , un court roman dont vous pouvez retrouver ma chronique ici – et cela m’a permis de mieux situer ces réflexions générales et de les appliquer à quelques souvenirs précis.

Note Pratique sur le Livre

Genre : Essai
Editeur : Bibliothèque Rivages
Année de Publication (initiale, en Allemagne) : 1977, chez Rivages : 2021
Traduction, préface et notes de Nicolas Waquet
Nombre de pages : 83

Quatrième de Couverture

Etre écrivain, c’est être lecteur. Lecteur des autres, lecteur de soi, lecteur de tout : des ouvrages des hommes comme des œuvres de la nature. Alors comment bien lire et bien écrire ? Qu’est-ce qu’un bon texte, une bonne critique ? Quelles sont les peines et les joies que son métier réserve à l’écrivain ? Autant de questions que Hermann Hesse n’a cessé de se poser la plume à la main, questions qu’il soulève et auxquelles il répond au détour de cinq textes qui éclairent sa pratique et jalonnent sa carrière.

Mon Avis

Ce livre se compose de cinq textes de réflexions sur l’écriture, rédigés entre les années 1920 et les années 1960.
Celui qui parle de la critique littéraire est particulièrement intéressant car Hermann Hesse a une idée très claire et très précise de ce que doit être ce métier et de la bonne manière de l’exercer. Selon lui, le bon critique doit inscrire les œuvres littéraires et les écrivains dans l’histoire des Lettres et des idées, leur donner la juste place qui leur revient dans un panorama plus vaste. Son rôle est donc important, quoiqu’il ne soit pas toujours conscient de sa responsabilité. Le critique doit savoir reconnaître la nouveauté, l’originalité d’un livre – gages de qualité – et attirer l’attention des lecteurs sur lui. Mais Hesse déplore que les vrais bons critiques sont rares et que la plupart sont davantage attirés par les renvois d’ascenseurs et autres échanges de bons procédés mondains que par une scrupuleuse honnêteté intellectuelle. Hermann Hesse écrit à ce sujet des dialogues fictifs entre un écrivain et un critique, qui sont d’une intelligence formidable et qui posent des questions que l’on pourrait encore tout à fait se poser actuellement (cf. l’extrait ci-dessous).
Parmi les autres thèmes abordés dans ces textes : celui du Romantisme allemand, un mouvement artistique auquel Hermann Hesse semble très attaché et sur lequel il propose une réflexion approfondie, en le comparant avec le Classicisme, qui relève d’une conception de l’existence radicalement opposée. Ainsi, il explique et développe les similitudes entre Romantisme et Philosophie Orientale, d’une manière très intéressante.
Hermann Hesse se définit lui-même comme un héritier du Romantisme et un poète (même dans ses romans) c’est-à-dire un auteur qui parle avec son âme, et il regrette que son époque ait jeté le discrédit sur le Romantisme en le taxant de bourgeois, sentimental, risible, démodé, alors que, selon lui, c’est tout le contraire : la beauté et l’expression de l’âme humaine, une des principales émanations de la culture allemande, représentée par des génies intemporels, aussi bien en littérature qu’en musique et dans la plupart des autres arts.
Une autre page de réflexion m’a frappée, à propos du langage et de ses ambiguïtés, que tout auteur doit apprendre à maîtriser et à déjouer.
Hesse nous parle également de ses habitudes d’écriture, du point de vue pratique et rituel, de son emploi du temps et des éventuelles phases critiques (ou moments de crise) dans son travail – des périodes décisives et de grande urgence, où le livre qu’il est en train de créer prend toute sa signification et son poids – et j’ai trouvé ces passages particulièrement éclairants et profonds.
Un livre à conseiller chaudement à tous ceux qui aiment écrire et à ceux qui s’interrogent sur le métier d’écrivain.

Un Extrait Page 44-45

L’écrivain : Mais vous connaissez Les Affinités électives et le Berthold ?
Le critique : Les Affinités électives, oui, naturellement, mais pas le Berthold.
L’écrivain : Et vous, pensez-vous pourtant que le Berthold surpasse les livres que l’on écrit de nos jours ?
Le critique : Oui, c’est ce que je pense, par respect pour Arnim et plus encore par respect pour la puissance littéraire dont faisait montre autrefois l’esprit allemand.
L’écrivain : Mais pourquoi, dans ce cas-là, ne lisez-vous pas Arnim et tous les vrais écrivains de son temps ? Pourquoi passez-vous votre vie à vous occuper de livres que vous considérez vous-même comme des œuvres mineures ? Pourquoi ne dites-vous pas à vos lecteurs :  » Regardez, voici des livres dignes de ce nom, laissez tomber la camelote qu’on écrit aujourd’hui et lisez Goethe, Arnim et Novalis ! »
Le critique : Je ne suis pas là pour ça. Je me dispense peut-être de le faire pour les mêmes raisons que vous vous dispensez d’écrire des livres comme Les Affinités électives.
L’écrivain : Voilà qui me plait ! Mais comment expliquez-vous alors que l’Allemagne ait produit autrefois des écrivains de cette trempe ? Leurs livres étaient une offre sans demande ; personne ne les avait réclamés. Ni Les Affinités électives ni le Berthold n’ont été lus par leurs contemporains, pas plus qu’on ne les lit aujourd’hui.
Le critique : Les gens, à l’époque, ne se souciaient guère de littérature et ne s’en préoccupent pas plus de nos jours. Notre peuple est comme ça. Peut-être que tous les peuples sont comme ça. Du temps de Goethe, on lisait une foule de livres charmants et distrayants. Et c’est la même chose aujourd’hui. Ces livres sont lus et critiqués. Ni le lecteur ni le critique ne les prennent vraiment au sérieux, mais ils répondent à un besoin. On lit et on paye les écrivains qui nous changent les idées ; ce que l’on fait aussi pour ceux qui critiquent leurs écrits : on les lit et ils tombent aussitôt dans l’oubli.
L’écrivain : Et les livres dignes de ce nom ?
Le critique : Ils sont écrits pour l’éternité, pense-t-on. Notre époque ne se croit donc pas obligée d’y prêter attention.

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Un Extrait page 62

Maintenant, considérer que la rose est une rose, l’homme un homme, le corbeau un corbeau, que les formes et les limites de la réalité sont des données solides et sacrées, c’est le point de vue classique. Il reconnaît les formes et les propriétés des choses ; il reconnaît l’expérience ; il cherche l’ordre, la forme, la loi, et il les établit.
Ne voir au contraire dans la réalité qu’apparences, mutabilité ; douter au plus haut point de la différence entre les plantes et les animaux, l’homme et la femme ; accepter à chaque instant que toutes les formes se dissolvent et se confondent, c’est se conformer au point de vue romantique.
En tant que visions du monde, philosophies, fondements sur lesquels l’âme prend position, ces conceptions sont aussi bonnes l’une que l’autre, c’est indéniable. (…)

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Parution de mon nouveau recueil « Excursions Poétiques » chez Z4 Editions

C’est avec grand plaisir que je vous annonce la publication des « Excursions poétiques« , mon sixième livre depuis 2014.
Vivant à Paris depuis plus de quarante ans, j’ai souhaité consacrer à « ma » ville un recueil sensible, ironique et intime.

L’illustration de couverture est « La Tour Eiffel » (1925) de Robert Delaunay.

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Quatrième de Couverture :

Dans ce recueil, Marie-Anne Bruch nous convie à une promenade parisienne, de quartier en quartier et au fil des saisons.

Du parc Montsouris à la place de la Bastille, de l’île de la Cité aux buildings de la Défense, nous partageons avec elle, un café en terrasse ou une pause dans un square. Observatrice attentive, elle nous offre des croquis vivants, rythmés et souvent cocasses de la capitale et de ses habitants, dans des proses où la description réaliste côtoie sans cesse les parages de la fantaisie et de l’imaginaire.

Surtout, ces textes pleins de saveurs, de couleurs et de souvenirs nuancés, sont l’occasion pour la poétesse de jouer avec les mots, leurs résonnances et leurs échos.

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Voici le lien vers le site de Z4 Editions pour davantage d’informations et pour commander le livre :

En commandant le livre avant le 7 mai, vous bénéficiez d’une remise de 15%.

L’Exposition Edvard Munch au Musée d’Orsay

Désespoir, 1892

En automne-hiver 2022 s’était tenue au Musée d’Orsay une rétrospective du peintre norvégien Edvard Munch (1863-1944), et je l’ai visitée vers le début octobre, car il est un artiste très important de la fin du 19ème siècle et première moitié du 20ème. Apparenté au Mouvement Symboliste par ses thèmes mélancoliques et tourmentés, il est aussi un précurseur de l’Expressionnisme et de certaines audaces du 20ème siècle.

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Cartel de l’exposition à propos de « Désespoir » (ci-contre)

Il s’agit de la première peinture aboutie d’une série consacrée à un motif devenu iconique, celui du « Cri ». Il qualifia lui-même ce tableau de « premier Cri ». On en retrouve en effet tous les éléments constitutifs : le ciel rougeoyant, aux lignes sinueuses, la forte diagonale de la balustrade, le personnage au premier plan. Ce tableau trouve son origine dans un événement biographique. Munch dit en effet dans un poème l’angoisse qui l’a saisi alors que, malade et fatigué, il observait un coucher de soleil et que le ciel devint rouge sang.

Cartel de l’exposition à propos de « La Nuit étoilée » (ci-contre)

La Nuit étoilée, 1924

Munch réalise entre 1890 et 1930 plusieurs tableaux portant ce titre, probable écho à « La Nuit étoilée » (1888) de Van Gogh découverte lors d’un séjour à Paris. Munch exprime ici avec force un thème central de son œuvre, l’inscription de l’homme dans la nature. Il projette son ombre dans le tableau non pas une, mais trois fois : deux silhouettes et le profil de son visage se découpent sur la neige déposée au pas de sa porte. Par ce procédé, le peintre fusionne ainsi littéralement avec la nature.

Séparation, gravure, 1896
Madone, gravure, 1896
Vampire dans la forêt, 1916-18

Cartel de « Vampire dans la forêt »

Munch reprend plusieurs décennies plus tard un motif élaboré à la fin des années 1890. Dans cette variation, le couple est représenté en pied, dans un paysage luxuriant et presque étouffant. Ce même arrière-plan se retrouve dans d’autres tableaux peints au même moment, mettant en scène des couples désunis. L’atmosphère anxiogène de ces oeuvres centrées sur le thème de l’amour destructeur est renforcée par l’évocation de cette forêt primitive. (Source : expo)

Mon Avis sur cette exposition

Edvard Munch était l’un de mes peintres préférés quand j’avais une vingtaine d’années et, aujourd’hui encore, je suis touchée par son œuvre qui me parait extrêmement sincère et authentique. Il n’y a aucune trace de posture ou de simulation de la part de Munch, qui nous donne à voir son monde intérieur, ses angoisses, ses douleurs affectives et morales, et cela en fait un artiste très humain et émouvant.
Bien sûr, sa vision du monde est souvent mélancolique et sa conception de l’amour est assez toxique, avec ces figures de femmes-vampires, de femmes-infidèles ou de ruptures douloureuses avec des femmes-abandonnantes, comme si l’amour ne cessait jamais de faire souffrir l’artiste, pendant la relation et après la rupture.
On peut remarquer cependant que l’œuvre de Munch semble devenir moins lugubre et moins douloureuse à partir des années 1910 environ car sa palette s’éclaircit, ses couleurs deviennent plus vives, et ses sujets un peu plus apaisés.
Bien que Munch ait été contemporain de la plupart des grandes avant-gardes de la première moitié du 20è siècle (fauvisme, cubisme, abstraction, futurisme, dadaïsme, surréalisme, etc.) on peut noter qu’il est resté fidèle à sa propre esthétique, qui a néanmoins évolué vers une touche plus libre et plus hâtive et des couleurs plus éclatantes, au fur et à mesure des décennies.
J’étais intéressée également par les nombreux autoportraits réalisés tout au long de sa vie, et qui nous montrent non seulement la grande évolution de sa physionomie mais aussi les regards très différents qu’il a pu porter sur lui-même, en soulignant divers aspects de sa personnalité.

Je vous laisse sur un tableau plus optimistes et plus lumineux, qui reflète un aspect plus rare et méconnu de Munch. Il nous donne ici un symbole d’espérance et d’éveil spirituel, à la limite de l’abstraction :

Le soleil, panneau central d’un triptyque décoratif, 1911

Des Poèmes de Saint-John Perse sur Les Oiseaux de Georges Braque

Couverture chez Gallimard

Ces deux poèmes sont extraits du recueil « Oiseaux » disponible dans « Amers » de Saint-John Perse, et qui s’inspire des Oiseaux peints par Georges Braque.
Comme il s’agit de poésie inspirée de peintures, je publie cet article pour Le Printemps des Artistes 2023.

Note sur Saint-John Perse

De son vrai nom, Alexis Leger (prononcé « Leuger »), né en Guadeloupe en 1887 et mort à Hyères en 1975. Poète, écrivain et diplomate français. Il reçoit le Prix Nobel de Littérature en 1960. Il publie le recueil « Amers » en 1957 et le recueil « Oiseaux » en 1962.

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Braque, Les Oiseaux (Musée de Belfort)

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Deux Extraits

Page 149

IV

De ceux qui fréquentent l’altitude, prédateurs ou pêcheurs, l’oiseau de grande seigneurie, pour mieux fondre sur sa proie, passe en un laps de temps de l’extrême presbytie à l’extrême myopie : une musculature très fine de l’œil y pourvoit, qui commande en deux sens la courbure même du cristallin. Et l’aile haute alors, comme d’une Victoire ailée qui se consume sur elle-même, emmêlant à sa flamme la double image de la voile et du glaive, l’oiseau, qui n’est plus qu’âme et déchirement d’âme, descend, dans une vibration de faux, se confondre à l’objet de sa prise.

La fulguration du peintre, ravisseur et ravi, n’est pas moins vertical à son premier assaut, avant qu’il n’établisse, de plain pied, et comme latéralement, ou mieux circulairement, son insistante et longue sollicitation. Vivre en intelligence avec son hôte devient alors sa chance et sa rétribution. Conjuration du peintre et de l’oiseau…

L’oiseau, hors de sa migration, précipité sur la planche du peintre, a commencé de vivre le cycle de ses mutations. Il habite la métamorphose. Suite sérielle et dialectique. C’est une succession d’épreuves et d’états, en voie toujours de progression vers une confession plénière, d’où monte enfin, dans la clarté, la nudité d’une évidence et le mystère d’une identité : unité recouvrée sous la diversité.

Page 152 

VII

… Rien là d’inerte ni de passif. Dans cette fixité du vol qui n’est que laconisme, l’activité demeure combustion. Tout à l’actif du vol, et virements de compte à cet actif !

L’oiseau succinct de Braque n’est point simple motif. Il n’est point filigrane dans la feuille du jour, ni même empreinte de main fraîche dans l’ argile des murs. Il n’habite point, fossile, le bloc d’ambre ni de houille. Il vit, il vogue, se consume– concentration sur l’être et constance dans l’être. Il s’adjoint, comme la plante, l’énergie lumineuse, et son avidité est telle qu’il ne perçoit, du spectre solaire, le violet ni le bleu. Son aventure est aventure de guerre, sa patience « vertu » au sens antique du mot. Il rompt, à force d’âme, le fil de sa gravitation. Son ombre au sol est congédiée. Et l’homme gagné de même abréviation se couvre en songe du plus clair de l’épée.

Ascétisme du vol !… L’être de plume et de conquête, l’oiseau, né sous le signe de la dissipation, a rassemblé ses lignes de force. Le vol lui tranche les pattes et l’excès de sa plume. Plus bref qu’un alerion, il tend à la nudité lisse de l’engin, et porté d’un seul jet jusqu’à la limite spectrale du vol, il semble prês d’y laisser l’aile, comme l’insecte après le vol nuptial.

C’est une poésie d’action qui s’est engagée là. 

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Quelques définitions utiles

Ayant cherché récemment sur Wikipédia « la Liste des formes de gouvernements » – ne me demandez pas pourquoi – j’ai eu envie de vous faire part de certaines définitions qui méritent, à mon avis, réflexions et méditations.
Car, finalement, on croit connaître tout ça par cœur depuis belle lurette mais la lecture des définitions permet de préciser les choses avec une clarté désarmante.

Je rends donc grâce à Wikipédia qui m’a fourni l’intégralité du contenu de cet article !
Je n’ai rien modifié et me suis contentée de sélectionner.

L’oligarchie, qui signifie « règle du petit nombre », est une forme de structure de pouvoir dans laquelle le pouvoir appartient à un petit nombre de personnes. Ces personnes peuvent se distinguer par la noblesse, la richesse, les liens familiaux, l’éducation ou le contrôle des entreprises, de la religion ou de l’armée.

Une dictature est un régime politique dans lequel une personne ou un groupe de personnes exercent tous les pouvoirs de façon absolue, sans qu’aucune loi ou institution ne les limitent ; il faut préciser que même un régime autoritaire peut avoir des lois, des institutions, voire un parlement avec des députés élus, mais pas librement et ne représentant donc pas des contre-pouvoirs. Ce régime politique a fréquemment été violemment critiqué ; ainsi, Hannah Arendt affirme que les lois qu’il promulgue sont éthiquement illégitimes, et que les institutions y sont factices.

L’autocratie est un système de gouvernement dans lequel le pouvoir suprême (social et politique) est concentré entre les mains d’une seule personne ou d’une seule entité politique, dont les décisions ne sont soumises ni à des contraintes juridiques externes ni à des mécanismes réguliers de contrôle populaire (à l’exception peut-être de la menace implicite d’un coup d’État ou d’une insurrection de masse).

La ploutocratie (du grec ploutos : dieu de la richesse et kratos : pouvoir) consiste en un système de gouvernement où la richesse constitue la base principale du pouvoir politique.

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La démocratie : Système où les citoyens élisent des représentants parmi eux pour former un organe directeur, tel qu’un parlement. La démocratie est parfois appelée « règle de la majorité ».

La démocratie peut être aussi définie par opposition, notamment dans la classification d’Aristote et de Polybe :

  1. aux systèmes monarchiques, où le pouvoir est détenu par un seul (μόνος/monos = seul, unique) ;

2. aux systèmes oligarchiques, où le pouvoir est détenu par un groupe restreint d’individus (ὀλίγος/oligos = en petite quantité, peu abondant) ;

3. aux systèmes de dictature ou de tyrannie. Karl Popper, par exemple, considère qu’un régime est démocratique s’il permet aux citoyens de contrôler ses dirigeants et aussi de les évincer sans recourir à la violence. Karl Popper a présenté cette théorie dans plusieurs ouvrages dont La leçon de ce siècle et Toute vie est résolution de problèmes. En démocratie, le problème n’est pas de savoir « qui doit gouverner » mais « comment empêcher ceux qui ont le pouvoir d’en abuser ». Le peuple a le pouvoir et le devoir d’évaluer les dirigeants, mais il est impossible que tout le monde dirige en même temps ;

4. aux systèmes aristocratiques, où le pouvoir est détenu par ceux considérés comme « les meilleurs ». Francis Dupuis-Déri considère qu’en France ou aux États-Unis au xviiie siècle, l’aristocratie héréditaire (sous le régime monarchique) a été remplacée par une aristocratie élue : selon lui, l’élection, mécaniquement, consiste à choisir les meilleurs pour des fonctions qui exigent des connaissances et elle est une procédure d’auto-expropriation du pouvoir par les citoyens, qui le confient aux élus4 ;

5. aux systèmes ploutocratiques, où le pouvoir est détenu par ceux qui possèdent le plus de richesses.

Par ailleurs, le terme de démocratie ne se réfère pas uniquement à des formes de gouvernement mais peut aussi désigner une forme de société ayant pour valeurs l’égalité et la liberté (c’est notamment l’usage qu’en fait Alexis de Tocqueville, qui s’attache plus aux dimensions culturelles et psychologiques qu’au système politique en lui-même).

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En bref : quand on voit ce qu’on voit, qu’on entend ce qu’on entend et qu’on lit ce qu’on lit, on a raison de penser ce qu’on pense !

Un Poème d’Anne Sexton sur Sylvia Plath

J’avais déjà eu l’occasion, en octobre dernier, de parler de ce magnifique livre de la poète américaine Anne Sexton (1928-1974), paru aux éditions des Femmes en 2022 dans une traduction de Sabine Huynh.
Dans le cadre de mon Printemps des Artistes d’avril 2023, j’ai trouvé intéressant de lire ce poème à propos de la poète et écrivaine Sylvia Plath car les deux femmes étaient amies et elles avaient toutes les deux fréquenté des ateliers d’écriture communs, lors de leurs épisodes dépressifs.
Elles partageaient certainement, hormis leur vécu psychiatrique et leur génie littéraire, un même intérêt pour la cause féminine et un rejet de la société trop conformiste et trop aliénante de leur époque.

Note sur la Poète

Née en 1928, Anne Sexton, de son vrai nom Anne Gray Harvey, souffre de dépression dès 1954 et fait ensuite plusieurs rechutes. C’est à l’hôpital psychiatrique qu’elle commence à écrire de la poésie, à l’occasion d’ateliers d’écriture. En 1948, elle s’était mariée avec Alfred Muller Sexton, avec qui elle aura deux filles, et dont elle divorcera au début des années 70. Ses recueils poétiques remportent du succès, en particulier « Live or die » (« Tu vis ou tu meurs ») qui reçoit le Prix Pullitzer en 1967. Elle a été l’amie de la poète Sylvia Plath. Elle est la représentante principale de la poésie confessionnaliste et a fait entrer dans le champ poétique des sujets typiquement féminins, qui étaient tabous jusque-là, en littérature et dans la société. Anne Sexton s’est suicidée en octobre 1974, à l’âge de 45 ans.

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La Mort de Sylvia
pour Sylvia Plath

Ô Sylvia, Sylvia,
avec une boîte terne de pierres et de cuillères,

avec deux gamins, deux météores
errant dans la petite salle de jeux,

avec tes dents mordant le drap,
mordant la poutre et la prière muette,

(Sylvia, Sylvia
où es-tu partie
après m’avoir écrit
du Devonshire
sur la culture des patates
et l’élevage des abeilles ?)

en quoi croyais-tu,
comment diable t’es-tu mise là-dedans ?

Voleuse ! –
comment as-tu pu ramper,

y ramper seule
jusqu’à la mort que je désirais tant depuis des lustres,

la mort que nous avions dit avoir surmonté toutes les deux,
celle que nous portions sur nos seins maigres,

celle dont nous parlions si souvent après
avoir bu trois vermouths de trop à Boston,

la mort qui parlait de psys et de cures,
la mort qui parlait comme des épouses complotent,

la mort à laquelle nous trinquions,
les raisons puis les actes discrets ?

(A Boston
la mortelle
course en taxi,
oui encore la mort,
cette course pour rentrer
avec notre mec).

Ô Sylvia, je me souviens du batteur endormi
qui scandait sa vieille histoire sur nos yeux,

combien nous voulions qu’il vienne,
ce sadique, cet efféminé new-yorkais,

faire son travail
nécessaire, une fenêtre dans un mur ou une piaule,

et depuis cette fois-là il attendait
sous notre cœur, notre placard,

et je vois maintenant que nous l’avons rangé
année après année, vieilles suicidées,

et je sais en apprenant ta mort,
quel goût terrible elle a, un goût de sel.

(Et moi,
moi aussi,
et maintenant, Sylvia,
toi encore
avec la mort encore,
cette course pour rentrer
avec notre mec.)

Et je dirai juste,
mes bras tendus vers ce lieu de pierre,

qu’est-ce que ta mort
sinon une vieillerie qui nous appartient,

un grain de beauté tombé
de l’un de tes poèmes ?

(Ô mon amie,
quand la lune est mauvaise,
et que le roi est parti,
et que la reine est à bout,
l’ivrogne se doit de chanter !)

Ô ma toute petite mère,
toi aussi !
Ô ma drôle de duchesse !
Ô ma chose blonde !

17 février 1963

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Le Conteur, la nuit et le panier de Patrick Chamoiseau

Couverture aux éditions du Seuil

Une amie m’a offert ce livre sur la création littéraire et poétique et, comme j’aime beaucoup le style et la pensée de Patrick Chamoiseau, j’étais très heureuse de ce cadeau.
J’ai choisi de recopier plusieurs extraits assez longs et de limiter mes propres commentaires à peu de choses car ce livre est un monde en soi, qui se suffit à lui-même, et qui laisse le lecteur profondément charmé, impressionné et envoûté, c’est-à-dire dans un état peu propice à écrire des critiques (aussi positives qu’elles puissent être).

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Rapide présentation

Dans ce livre, Patrick Chamoiseau parle de sa pratique de l’écriture, du dilemme qui a longtemps été le sien entre la langue créole (la langue dominée) et la langue française, dominante, celle du colonisateur. Il part de la position du conteur créole, au temps de l’esclavage, dans la plantation des Antilles, pour analyser la situation et le rôle de l’écrivain actuel ou du créateur en général. Dans ce sens, le conteur créole, qui n’intervenait que la nuit et durant une veillée mortuaire, est comme l’archétype ancestral de tous les écrivains – et tous peuvent se retrouver en lui, par une inspiration semblable et une même approche des mystères de l’Impensable. Patrick Chamoiseau évoque aussi sa « sentimenthèque » : les écrivains qu’il aime et qui ont été importants dans sa vie – en particulier Césaire et Glissant, qui furent décisifs pour lui.
Un très beau livre, à la langue envoûtante, et aux pensées très fouillées.
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Des Extraits

Pages 34-35

Dans une colonie, il existe toujours une langue dominée et une langue dominante. Pour moi, la langue dominée (langue maternelle, langue matricielle), fut la langue créole. Elle est apparue dans la plantation esclavagiste, c’est-à-dire dans la surexploitation des écosystèmes naturels, la déshumanisation ontologique des captifs africains, le racisme institutionnel et les attentats permanents du colonialisme. La langue dominante, le français, me fut enseignée, assénée, à l’école. Par elle, je découvris la lecture, l’écriture, la littérature, l’idée du Vrai, celle du Beau, du Juste, un ordre du monde ciselé par les seules valeurs du colonisateur.
La langue dominante n’était donc déjà plus une simple langue.
C’était une arme.
Si l’Ecrire n’est en soi pas facile, se débattre à la plume dans un tel arsenal est une tragédie que tous les écrivains des pays colonisés ont endurée, ou qu’ils supportent encore. L’Ecrire c’est souvent cela : désarmer certaines langues.

Page 64

Le rythme bien plus lent de la main crée une autre économie que celle du clavier. Ce dernier caracole avec l’idée, la dépasse dans une sorte d’élan, jusqu’à l’accrocher vaille que vaille et revenir trottiner dans les eaux mécanisées de la dactylographie. La main, en revanche, déblaie les algues devant l’idée qui s’inaugure, lustre son amorce, la sent se constituer, l’enveloppe sans interrompre la moindre ligne de fuite, accompagne ses miroitements trompeurs, en capte ce qu’elle peut et considère le sillage de ce qui s’est enfui… (…)

Page 85

Pour Deleuze, l’angoisse de la page blanche qui caractérise le tourment de l’écrivain en asphyxie d’inspiration provient non pas de ce que cette page blanche soit vide, mais au contraire de ce qu’elle soit déjà trop pleine : pleine du déjà-vu, déjà-dit, déjà entendu, déjà-pensé, déjà-peint, déjà-écrit, déjà-et-caetera… une catastrophe est nécessaire, non plus comme calamité naturelle, cyclone ou tremblement de terre, mais comme phénomène inaugural du geste créateur, une salutation grandiose qui vise à renouveler, à amplifier notre perception de nous-mêmes et du monde. Toute création conséquente nous offre une strate additionnelle de la connaissance, sachant que cette dernière ne fait que nous approcher des grands mystères irréductibles. (…)

Page 231

La splendeur narrative du conteur créole affronte cet impensable : la plantation esclavagiste. L’esthétique flamboyante de Césaire en foudroie un autre : le colonialisme et la négation de l’Afrique. L’inépuisable poétique de Glissant confronte des impensables en devenir, encore insoupçonnés : le Tout-monde, la Relation… Les impensables surgissent si souvent dans le fil de nos vies, à différentes intensités, à différentes ampleurs, dans différents domaines, qu’on peut leur attribuer une matrice majuscule : celle de l’Impensable. C’est la force immanente à nos certitudes, à nos possibles, nos entendements, nos devenirs… un « inlocalisable » susceptible à tout moment de les invalider. Un peu comme cette manière noire qui compose à près de quatre-vingt-dix pourcents de notre Univers. Elle est l’échafaudage du cosmos observable et de son au-delà, mais on ne la voit nulle part. Silencieuse, invisible, impalpable, indétectable. (…)

Trois poèmes de Daniel Kay inspirés de peintures

Ces trois poèmes en prose sont extraits du beau recueil Vies silencieuses, publié en 2019 chez Gallimard, et qui a pour thème principal la peinture ancienne et les grands peintres de l’époque Renaissance, classique et baroque, sans exclure une ou deux références à des peintres plus modernes.
J’avais déjà consacré un article à ce livre, que vous pouvez regarder ici si vous le souhaitez.
Daniel Kay est un poète né en 1959, également peintre, et enseignant en Lettres.

Parabole sur un Paysage de Bruegel L’ancien

La journée accomplie a été rude pour le laboureur et son ami berger, celui qui plante son nez dans les étoiles tardives. Ils pourront tout à l’heure rentrer les bêtes et prendront un dernier repas près de la cheminée. Le petit personnage qui s’est noyé dans le coin droit, juste devant le pêcheur occupé à jeter ses filets, ils ne peuvent pas dire qu’ils ne l’ont pas vu, ce serait trop facile ! C’est qu’eux aussi quand ils étaient jeunes, eux aussi ont essayé d’attendrir les tenailles du soleil pour mettre le ciel dans leur poche avant que le revolver de la raison ne leur brise les doigts et dissolve leurs rêves.

La Chute d’Icare de Brueghel l’ancien

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Bœuf écorché
(d’après Rembrandt et Soutine)

Quand, les cuisses en l’air,
il prend des poses de Crucifié
dans la nuit douloureuse
qui resplendit comme un électrochoc,
le peintre s’essuie les yeux
noircis par la suie
et fouille avec obstination
les entrailles pleines de météorites.

Le bœuf écorché de Rembrandt

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Quattrocento

L’archange qui annonce la Nouvelle
sur le mur du monastère,
de quel arbre connaît-il le signe,
de quel astre détient-il la clé,
de quelle fleur votive déplie-t-il en silence le chiffre ?

L’annonciation de Fra Angelico (Quattrocento)

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J’ai écrit cet article dans le cadre de mon « Printemps des artistes » d’avril 2023.

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Une Femme en Contre-Jour de Gaëlle Josse

Couverture chez « J’ai lu »

Une grande exposition avait eu lieu à Paris (Musée du Luxembourg) vers la fin 2021 et début 2022 sur la photographe américaine Vivian Maier (New York 1926-Chicago 2009), ce qui m’avait donné une certaine curiosité vis-à-vis d’elle. La lecture de ce roman biographique a donc, en bonne partie, répondu aux questions que je pouvais me poser sur cette artiste énigmatique.

Note pratique sur le livre

Genre : Récit biographique
Editeur : J’ai lu (à l’origine : Noir sur Blanc)
Année de Parution : 2019
Nombre de Pages : 158

Quatrième de Couverture

« Raconter Vivian Maier, c’est raconter la vie d’une invisible, d’une effacée. Une photographe de génie qui n’a pas vu la plupart de ses propres photos. »

Disparue dans la solitude et l’anonymat, Vivian Maier, Américaine d’origine française, a arpenté inlassablement les rues de New York et de Chicago pour photographier, avec une profonde sensibilité, les plus démunis, les marginaux, ceux qui, comme elle, ont été oubliés par le rêve américain.

Dix ans après sa mort, Gaëlle Josse nous livre le roman d’une vie, un portrait d’une rare empathie, d’une rare acuité sur ce destin troublant, hors norme, dont la gloire est désormais aussi éclatante que sa vie fut obscure.

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Photo de rue de Vivian Maier

Mon avis

Gaëlle Josse tente ici de reconstituer avec objectivité le parcours de vie de la photographe Vivian Maier, en remontant assez loin dans ses origines puisque elle s’intéresse aussi aux deux générations précédentes, celle des grands parents et celle des parents. Une ascendance française du côté maternel, à laquelle Vivian semble rester attachée durant plusieurs décennies car elle fait plusieurs fois le voyage et reste en contact avec la partie française de sa famille. Une enfance et une adolescence qui m’ont paru très difficiles et socialement agitées : un père violent, une mère mythomane, un frère délinquant. Une amie de sa grand-mère était une photographe de renom et c’est probablement grâce à elle que Vivian apprend dès son jeune âge les techniques de cet art.
Gaëlle Josse nous dépeint Vivian Maier comme une femme très indépendante et qui ne cherchait pas à faire reconnaître son talent, bien qu’elle ait eu conscience de la grande qualité de son travail. L’écrivaine parle à son propos d’effacement et elle explique ce refus de montrer ses photos par un sentiment de dignité. Elle aurait eu trop d’amour propre pour soumettre ses œuvres au jugement de spécialistes plus ou moins bienveillants et qui lui auraient fait sentir qu’elle n’était qu’une petite bonne d’enfants insignifiante.
Un destin que j’ai trouvé triste et qui nous rappelle le très grand écart qui peut exister entre le talent artistique et la réussite sociale. Mais ce livre nous montre aussi que l’on peut pratiquer un art uniquement pour soi même, avec la plus grande exigence, et sans chercher forcément une récompense ou une justification à travers le regard d’autrui. Une voie difficile et solitaire, choisie par Vivian Maier, et qui suscite au minimum le respect, pour ne pas dire l’admiration.
Dans la dernière partie du livre Gaëlle Josse nous explique quelle a été sa démarche en écrivant sur Vivian Maier, les écueils qu’elle voulait éviter et les raisons de l’intérêt qu’elle porte à cette photographe et j’ai particulièrement apprécié ce chapitre où la subjectivité de l’écrivaine entre pleinement en ligne de compte.
Un beau livre, à l’écriture agréable et à la sensibilité assez fine !

Un Extrait Page 114

À partir de cette époque, Vivian apparaît avec plus de netteté, telle une mise au point qui se précise. Les témoignages font place aux traces biographiques, généalogiques, et aux hypothèses. Au fil des années, elle nous offre son visage, sa silhouette, son regard, dans d’innombrables et énigmatiques autoportraits, d’une époustouflante maîtrise graphique, sans complaisance aucune vis-à-vis d’elle-même, dans des cadrages et des mises en situation particulièrement élaborés.
Elle y paraît bien davantage comme sujet d’étude, comme matériau disponible que centrée dans une démarche narcissique. Nul beau miroir où se voir la plus belle. Un mystère, ces portraits, qui à eux seuls constituent une œuvre, témoins d’une présence au monde, traces, signes de passage.

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J’ai lu ce livre dans le cadre de mon Printemps des Artistes d’avril 2023, avec le thème de la photographie.

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Deux Poèmes de Paul Eluard inspirés de peintres (Braque et Chirico)

J’ai trouvé ces deux poèmes dans le livre « Capitale de la Douleur » suivi de « L’Amour la poésie » paru chez Poésie/Gallimard.
Giorgio de Chirico (1888-1978) est un peintre italien, inventeur de la peinture métaphysique, et précurseur du mouvement Surréaliste. Il appartient au groupe surréaliste jusqu’en 1925, après quoi il oriente son art vers plus de classicisme.
Georges Braque (1882-1963) est un peintre français, d’abord influencé par les Fauves, il est le co-inventeur avec Picasso du cubisme dans les années 1911 à 1914. Dans les années 1950 il consacre une série de tableaux aux Oiseaux.

Giorgio de Chirico

Un mur dénonce un autre mur
Et l’ombre me défend de mon ombre peureuse.
O tour de mon amour autour de mon amour,
Tous les murs filaient blanc autour de mon silence.

Toi, que défendais-tu ? Ciel insensible et pur
Tremblant tu m’abritais. La lumière en relief
Sur le ciel qui n’est plus le miroir du soleil,
Les étoiles de jour parmi les feuilles vertes,

Le souvenir de ceux qui parlaient sans savoir,
Maîtres de ma faiblesse et je suis à leur place
Avec des yeux d’amour et des mains trop fidèles
Pour dépeupler un monde dont je suis absent.

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Braque, l’oiseau et son ombre

Georges Braque

Un oiseau s’envole,
Il rejette les nues comme un voile inutile,
Il n’a jamais craint la lumière,
Enfermé dans son vol,
Il n’a jamais eu d’ombre.

Coquilles des moissons brisées par le soleil.
Toutes les feuilles dans les bois disent oui,
Elles ne savent dire que oui,
Toute question, toute réponse
Et la rosée coule au fond de ce oui.

Un homme aux yeux légers décrit le ciel d’amour.
Il en rassemble les merveilles
Comme des feuilles dans un bois,
Comme des oiseaux dans leurs ailes
Et des hommes dans le sommeil.

Paul Eluard

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Cet article s’inscrit dans le cadre de mon Printemps des artistes.

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