L’Homme qui entendait des voix, d’Eric Dubois

Le poète Eric Dubois (né à Paris en 1966) vient de faire paraître aux éditions Unicité ce récit autobiographique qui aborde le sujet de la schizophrénie à travers un témoignage très sincère et lucide. Nous découvrons le contexte dans lequel la maladie s’est déclenchée, mais le poète se garde des explications et des analyses faciles. On remarque qu’il mène alors la vie tout à fait typique d’un jeune trentenaire des années 1990, avec ses amitiés, son contexte professionnel compliqué, ses relations amoureuses, l’usage de cannabis. Il explique et décrit l’apparition de cette maladie qui le conduit à l’hôpital, et les conséquences qu’elle a aujourd’hui encore sur son existence. Les effets secondaires des médicaments, le fait de vivre avec un handicap invisible, la difficulté de trouver du travail, les psychothérapies qui l’apaisent, les nombreuses amitiés poétiques qu’il a nouées.
Eric Dubois ne nous présente la schizophrénie ni comme une catastrophe ni comme un dédoublement de la personnalité (une idée fausse pourtant bien ancrée dans la population) mais comme une maladie psychique parmi d’autres, avec laquelle il faut apprendre à vivre.
Un livre qui intéressera ceux qui s’interrogent sur cette maladie, ou sur la psychiatrie en général, ou qui aiment lire des parcours de vie, des témoignages pleins d’humanité et de vérité.

Voici un extrait :

Et il y avait ces lumières, criardes, violentes, ces couleurs vives comme sous l’effet d’une drogue puissante. Épuisé et ravi, je me laissais aller à des rêves faits en plein jour, parfois, j’avais l’impression de voyager dans le temps, et observais chaque époque au coin d’une rue, mes ancêtres traverser les passages pour piétons, et aussi des petits êtres qui apparaissaient et disparaissaient en un quart de seconde. Les odeurs nauséabondes me poursuivaient également, là, où elles n’avaient pas lieu d’être. Et enfin les voix, Élie, Élie, Élie qu’elles disaient, pas méprisantes, pas ordurières, juste entêtantes, insectes de l’aube et du crépuscule, à certaines heures, mais toujours de courte durée.

17 réflexions sur “L’Homme qui entendait des voix, d’Eric Dubois

  1. Précieux autant qu’intéressant ce témoignage éclaire un passage particulièrement aventureux auquel l’homme peut être psychiquement amené à tenter de se sortir.

    Merci Marie-Anne, bonne journée.

  2. Un témoignage salutaire. Le problème de la santé mentale c’est le déni, pas les maladies.

    Le positivisme semble faire un grand retour ces temps-ci, ça va de pair avec le vieillissement et la gentrification, comme le conservatisme politique – c’est pas grave.

    1. Merci. Je crois que les maladies mentales sont un grave problème pour ceux qui en souffrent, pour leur famille et pour la société en général. Je ne vois pas très bien où est le positivisme dans mon article ?

  3. Alain J

    Combien de collègues j’ai vu s’enfoncer dans le cannabis. Oh ce n’était pas le petit joint au samedi soir. Des vies détruites,des situations professionnelles anéanties et beaucoup désespérance. Une apathie énorme. Ils n’avaient plus envie de lutter. Ils étaient devenus autre chose mentalement . Cordialement.

    1. Oui, la drogue peut provoquer des catastrophes sociales … Concernant la schizophrénie je crois que le cannabis est un facteur déclencheur mais encore faut-il des prédispositions, un terrain « favorable » et disons psychotique …

  4. stephane.cassin

    Intéressant, la schizophrénie est une psychose, c’est une maladie latente qui se déclenche, entre autre, par l’hérédité et l’environnement. Je m’explique : ayant côtoyé une amie proche qui était régulièrement hospitalisée par cette psychose, j’ai pu constater le facteur héréditaire, les antécédents familiaux, l’héritage d’une famille. J’ai pu discuter avec certains personnels soignants sous le secret médical bien sur que l’environnement peut jouer pour beaucoup aussi, un lieu de vie sordide, un milieu défavorisé qui peuvent amener à consommer de l’alcool et par voie de conséquence de la drogue. Ce sont des facteurs déclencheurs mais à la base, il y un terrain propice. En France, les structures médicales qui accueillent ces personnes sont trop peu nombreuses et les familles sont dépourvues, complètement impuissantes. Quand je pense que l’on veut réduire en plus le personnel des CMP ou des CHS, il y a un gros problème face à la santé mentale. J’ose espérer un jour que certains de nos dirigeants puissent se rendre compte que c’est problème majeur pour la personne et les familles ensuite. Mon analyse et mon hypothèse n’engage que moi bien entendu!

    1. C’est vrai. On ne cesse de réduire les budgets des hôpitaux et aussi de la santé mentale. Par ailleurs, les allocations handicapés ne permettent pas de vivre décemment. Merci de votre commentaire ! Bon dimanche !

      1. stephane.cassin

        C’est très juste pour les pensions d’invalidité ou l’allocation AAH, certains ont très peu, et je vais sans doute ne pas plaire à tout le monde mais c’est pas grave, c’est un échange, mais la CSG devrait être supprimé pour ces personnes qui n’atteignent pas les 1000 € net mensuel et encore, qu’on laisse seulement la RDS et CASA seulement. Bon dimanche ツ

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