J’ai découvert récemment le cinéma de Robert Bresson, par les films « Mouchette »(1967) et « Au hasard Balthazar »(1966)- qui font partie du même coffret DVD et se ressemblent par leurs thématiques et leurs scenarios.
Les deux sont des films d’une noirceur totale, où un personnage central de jeune fille (dans « Mouchette » il s’agit plutôt d’une jeune adolescente) est en butte à la cruauté du monde qui l’entoure, se faisant maltraiter, humilier, abuser, et tentant vaguement de résister à toutes ces brutalités : du moins, la jeune fille essaye de résister par moments mais elle est chaque fois vaincue car elle n’est pas de taille à se mesurer avec le destin cruel qui l’écrase.
Mouchette serait-elle pour autant une sorte de sainte, de martyr ? Elle est en tout cas le bouc-émissaire sur lequel tout le monde s’acharne. Mais on ne peut pas dire qu’elle représente pour autant la bonté ou la sagesse, loin de là : désobéissante, révoltée, récalcitrante, elle éprouve de la détestation pour la plupart des personnes qui l’entourent.
Lorsqu’elle aime quelqu’un, ou commence à ressentir de la sympathie pour quelqu’un, ce qui arrive rarement, elle voit cette personne mourir (sa mère), s’éloigner d’elle (le jeune homme des auto-tamponneuses) ou la brutaliser (Arsène le braconnier) : comme si l’amour lui était interdit.
Un film tragique, où contrairement à ce qu’on veut faire chanter à l’héroïne au milieu des autres élèves de sa classe, il ne semble y avoir absolument aucune espérance.
Mouchette de Robert Bresson
Publié par laboucheaoreille le 8 janvier 2019
https://laboucheaoreilles.wordpress.com/2019/01/08/mouchette-de-robert-bresson/
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Goran
/ 8 janvier 2019Magnifique ce film…
laboucheaoreille
/ 8 janvier 2019Oui, très beau ! Et très dramatique …
princecranoir
/ 8 janvier 2019J’ai vu peu de Bresson, mais celui-ci ne m’a pas échappé. Merci pour cette plongée dans mes souvenirs cinéphiles.
laboucheaoreille
/ 8 janvier 2019Je vous en prie 🙂 Merci à vous de votre intérêt !
Strum
/ 8 janvier 2019Des films impressionnants de maitrise mais dont la noirceur terrible m’avait rebuté (comme toi j’ai l’impression). Je préfère quand Bresson est moins masochiste et laisser « le vent souffler où il veut ».
laboucheaoreille
/ 8 janvier 2019Oui et ce qui m’a le plus rebutée c’est la cruauté envers les animaux, répétitive et qui ne semble pas jouée mais réelle. Je sais que ce sont des scènes symboliques qui ne sont pas gratuites mais c’est tout de même très pénible à voir.
Quels sont les Bresson que tu me conseillerais ?
Strum
/ 8 janvier 2019Pareil que toi. Pour dire la vérité, j’ai détesté Au hasard Balthazar quand je l’ai vu. Bresson ne m’apparait pas comme quelqu’un de très sympathique. Du même cependant, je te conseillerais Un condamné à mort s’est échappé, Pickpocket et Les Dames du bois de Boulogne. Ce dernier film adapte le même récit de Jacques le Fataliste que le Mademoiselle de Joncquières de Mouret sorti cette année.
laboucheaoreille
/ 8 janvier 2019J’avais lu le livre de souvenirs d’Anne Wiazemsky et effectivement Bresson y apparait comme un personnage peu sympathique.
J’avais justement l’intention d’acheter « Mademoiselle de Joncquières » donc je pourrais regarder aussi « Les dames du Bois de Boulogne » pour comparer … Merci du conseil !