La Complainte du sentier de Satyajit Ray

N’ayant encore jamais vu de film du grand cinéaste indien Satyajit Ray (1921-1992) j’ai eu envie de combler cette lacune et de découvrir son tout premier film, La Complainte du sentier, qui date de 1955, et qui constitue le premier volet de la « Trilogie d’Apu », où le héros Apu est ici un petit garçon, joueur et sensible, très proche de sa grande sœur Durga, et qui ne cesse d’observer le monde des adultes avec de grands yeux profonds et lumineux.

A noter que le titre original de La Complainte du sentier (titre français) est Pather Panchali et que le scénario de ce film est inspiré du roman indien éponyme de Bibhutibhushan Bandopadhyay.
A noter également : le film est sorti en Inde en 1955 mais sa sortie dans les salles françaises n’a eu lieu qu’au printemps 1960.

Résumé du Film d’après Wikipédia :

Dans le Bengale rural des années 1920, le brahmane Harihar Roy vit dans la maison de ses ancêtres qui nécessite des réparations, mais il est trop pauvre pour les payer. Il vit avec sa femme Sarbajaya, sa fille Durga qui vole régulièrement des fruits dans le verger qu’ils ont été amenés à vendre aux voisins, son jeune fils Apu, et Indir, une vieille parente. La maison abrite aussi un chien, des chats et une vache. Sarbajaya s’occupe des tâches ménagères, de la préparation de la nourriture et des rites religieux.

Incapable de gagner assez d’argent pour subvenir aux besoins de la famille, Harihar part en quête d’un nouveau travail, laissant Sarbajaya seule pour gérer la famille. Pendant son absence, Indir meurt, puis, lors d’un ouragan, Durga tombe malade, et meurt à son tour. Lorsque le père revient, il trouve la maison dévastée. La famille décide de partir vers la ville.

Mon Humble avis :

C’est un film au rythme assez lent mais, curieusement, on ne trouve pas du tout le temps de s’ennuyer car notre attention est captée par la beauté des images et l’atmosphère envoûtante qui baigne ces paysages, ces personnages et ces décors, auxquels la musique de Ravi Shankar apporte un supplément d’âme et de profond mystère.
Parmi les images particulièrement belles qui m’ont frappée je citerais le moment où la petite Durga se promène dans la forêt après avoir chapardé des fruits et où la légèreté de sa démarche guillerette révèle toute l’innocence du personnage et son heureuse nature, bien opposée à la noirceur qu’on lui reproche et dont elle n’a pas vraiment conscience. Et j’ai vu là un peu comme une image paradisiaque, ou un reflet de l’âge d’or, c’est-à-dire une époque où les cœurs étaient si purs qu’ils n’avaient conscience ni du bien ni du mal et commettaient l’un ou l’autre avec la même joyeuse indifférence.
Une autre image qui m’a frappée c’est celle de la mère, qui semble représenter à la fois l’ordre domestique, le rappel à la loi et à la norme – c’est-à-dire une figure d’autorité parfois assez raide – et en même temps une mère aimante et protectrice, qui tient à ses enfants plus que tout. Tiraillée entre les injonctions et les injures de la voisine (à qui Durga ne cesse de voler des fruits) et son amour pour sa fille, elle oscille à son égard entre la sanction et le pardon.
Une autre image qui m’a paru très belle est celle où Durga et son petit frère Apu vont se promener dans les champs pour voir passer un train. Les deux enfants rêvent d’un ailleurs, moins misérable, sans doute dans la grande ville, et ce rêve les rapproche l’un de l’autre, malgré les inévitables chamailleries qui ont lieu par ailleurs entre eux.
A la fin du film, l’image d’un serpent se glissant dans la maison dévastée et abandonnée est particulièrement saisissante et marquante : image du Mal et du malheur qui prend possession des lieux après avoir longuement rôdé autour de cette famille, jusqu’à la pousser à la fuite.
Je ne peux pas citer toutes les magnifiques images et séquences frappantes de ce film car il y en a trop !
Un chef d’œuvre qu’il serait dommage de manquer !

19 réflexions sur “La Complainte du sentier de Satyajit Ray

    1. Ce film réunit toutes les qualités que l’on peut rêver, la beauté des images et de la musique, l’émotion du scénario et l’humanité des personnages. Contente que vous l’ayez aussi apprécié !

    1. Celui ci est un classique indien des années 60, donc assez ancien. Mais il m’a paru intemporel et il décrit des situations très humaines et valables à toutes les époques ! Merci beaucoup et bonne journée à vous 🙂

    1. Je suis très enthousiaste effectivement et les images et l’atmosphère de ce film sont encore bien présentes dans ma mémoire plusieurs semaines après l’avoir vu ! Un grand classique du cinéma. Merci Frédéric bonne journée 🙂

  1. Michel B.

    Merci pour cet article ! Il donne vraiment envie de voir le film !… Et, pour moi, de découvrir ce célèbre réalisateur.

    1. Merci Michel ! C’est un très beau film sur l’enfance et la vie quotidienne en Inde à cette époque, il y a une grande poésie et une vision de la pauvreté sans misérabilisme ! Je vous le conseille. Bonne journée 🙂

  2. Oui, un chef-d’œuvre ! Toute la trilogie d’Apu est magnifique et Satyajit Ray est un des plus grands cinéastes du monde. Content que tu aies aimé.

    1. Merci beaucoup pour tes articles sur ton blog à propos de cette trilogie d’Apu car ça m’a décidée à voir ces trois films et j’ai été enthousiaste ! J’ai programmé les chroniques sur les deux autres volets au cours des prochains mois. Bonne journée Strum !

      1. Merci à toi ! J’adore ces films et si mes articles t’ont donné envie de les voir c’est qu’ils ont rempli leur mission. 🙂 Bonne soirée.

  3. Merci pour cette critique sensible qui me rappelle de vieux souvenirs. Ce que tu dis est très juste : la lenteur est la première force du film, elle nous entraîne dans un monde totalement étranger, envoûtant, fascinant de beauté.

    1. J’ai découvert cette trilogie récemment et j’ai trouvé ces trois films magnifiques. Je ne peux que te la conseiller ! Du coup j’aimerai voir aussi d’autres films de Satyajit Ray. Merci Prince Écran Noir 🙂

      1. J’ai vu « le lâche », il y a très longtemps. J’en ai peu de souvenirs à vrai dire. J’ai aussi « le salon de musique » en attente dans mes films à voir. Tu m’as donné envie de refaire le voyage.
        Merci à toi Marie-Anne.

      2. Ah oui le « salon de musique » est très célèbre également, il paraît que c’est très bien. « le lâche » je ne crois pas en avoir entendu parler par contre.

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