L’Exposition Edvard Munch au Musée d’Orsay

Désespoir, 1892

En automne-hiver 2022 s’était tenue au Musée d’Orsay une rétrospective du peintre norvégien Edvard Munch (1863-1944), et je l’ai visitée vers le début octobre, car il est un artiste très important de la fin du 19ème siècle et première moitié du 20ème. Apparenté au Mouvement Symboliste par ses thèmes mélancoliques et tourmentés, il est aussi un précurseur de l’Expressionnisme et de certaines audaces du 20ème siècle.

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Cartel de l’exposition à propos de « Désespoir » (ci-contre)

Il s’agit de la première peinture aboutie d’une série consacrée à un motif devenu iconique, celui du « Cri ». Il qualifia lui-même ce tableau de « premier Cri ». On en retrouve en effet tous les éléments constitutifs : le ciel rougeoyant, aux lignes sinueuses, la forte diagonale de la balustrade, le personnage au premier plan. Ce tableau trouve son origine dans un événement biographique. Munch dit en effet dans un poème l’angoisse qui l’a saisi alors que, malade et fatigué, il observait un coucher de soleil et que le ciel devint rouge sang.

Cartel de l’exposition à propos de « La Nuit étoilée » (ci-contre)

La Nuit étoilée, 1924

Munch réalise entre 1890 et 1930 plusieurs tableaux portant ce titre, probable écho à « La Nuit étoilée » (1888) de Van Gogh découverte lors d’un séjour à Paris. Munch exprime ici avec force un thème central de son œuvre, l’inscription de l’homme dans la nature. Il projette son ombre dans le tableau non pas une, mais trois fois : deux silhouettes et le profil de son visage se découpent sur la neige déposée au pas de sa porte. Par ce procédé, le peintre fusionne ainsi littéralement avec la nature.

Séparation, gravure, 1896
Madone, gravure, 1896
Vampire dans la forêt, 1916-18

Cartel de « Vampire dans la forêt »

Munch reprend plusieurs décennies plus tard un motif élaboré à la fin des années 1890. Dans cette variation, le couple est représenté en pied, dans un paysage luxuriant et presque étouffant. Ce même arrière-plan se retrouve dans d’autres tableaux peints au même moment, mettant en scène des couples désunis. L’atmosphère anxiogène de ces oeuvres centrées sur le thème de l’amour destructeur est renforcée par l’évocation de cette forêt primitive. (Source : expo)

Mon Avis sur cette exposition

Edvard Munch était l’un de mes peintres préférés quand j’avais une vingtaine d’années et, aujourd’hui encore, je suis touchée par son œuvre qui me parait extrêmement sincère et authentique. Il n’y a aucune trace de posture ou de simulation de la part de Munch, qui nous donne à voir son monde intérieur, ses angoisses, ses douleurs affectives et morales, et cela en fait un artiste très humain et émouvant.
Bien sûr, sa vision du monde est souvent mélancolique et sa conception de l’amour est assez toxique, avec ces figures de femmes-vampires, de femmes-infidèles ou de ruptures douloureuses avec des femmes-abandonnantes, comme si l’amour ne cessait jamais de faire souffrir l’artiste, pendant la relation et après la rupture.
On peut remarquer cependant que l’œuvre de Munch semble devenir moins lugubre et moins douloureuse à partir des années 1910 environ car sa palette s’éclaircit, ses couleurs deviennent plus vives, et ses sujets un peu plus apaisés.
Bien que Munch ait été contemporain de la plupart des grandes avant-gardes de la première moitié du 20è siècle (fauvisme, cubisme, abstraction, futurisme, dadaïsme, surréalisme, etc.) on peut noter qu’il est resté fidèle à sa propre esthétique, qui a néanmoins évolué vers une touche plus libre et plus hâtive et des couleurs plus éclatantes, au fur et à mesure des décennies.
J’étais intéressée également par les nombreux autoportraits réalisés tout au long de sa vie, et qui nous montrent non seulement la grande évolution de sa physionomie mais aussi les regards très différents qu’il a pu porter sur lui-même, en soulignant divers aspects de sa personnalité.

Je vous laisse sur un tableau plus optimistes et plus lumineux, qui reflète un aspect plus rare et méconnu de Munch. Il nous donne ici un symbole d’espérance et d’éveil spirituel, à la limite de l’abstraction :

Le soleil, panneau central d’un triptyque décoratif, 1911

20 réflexions sur “L’Exposition Edvard Munch au Musée d’Orsay

    1. Bonjour Miriam c’est vrai que « Le Cri » est tellement emblématique de Munch que le reste de son œuvre passe souvent au second plan. Curieusement « Le Cri » n’était pas présent dans cette exposition mais il était en quelque sorte remplacé par « Désespoir » qui a beaucoup de points communs. Merci de votre commentaire et très bonne journée à vous 🙂

    1. Bonjour Danielle. J’ai aimé ce « Soleil » qui apporte de la lumière, de l’espérance et de la chaleur dans une exposition à l’humeur sombre. D’ailleurs cette toile (ou une de ses répliques) était également présente à l’exposition « Face au soleil » à Marmottan qui se tenait presque au même moment et qui était géniale aussi ! Merci de ton commentaire ! Belle journée à toi 🙂

  1. J’ai vu deux expos de Munch. Autant la première m’avait transporté que la deuxième m’avait dérangé.
    Incontournable pourtant. Merci Marie Anne pour cet article.

    1. Bonjour Jean Marc. Le côté morbide de son œuvre peut être dérangeant… Et puis sa vision très toxique de l’amour… Je suppose que ça correspond aussi à un climat « fin de siècle », qu’on trouvait également dans la littérature en ce temps-là… Merci de votre commentaire et très bonne journée à vous !

    1. Bonjour Marie ! Oui c’était une superbe exposition ! Beaucoup d’œuvres importantes de Munch. Mais il y avait aussi une très grande affluence et c’est l’aspect moins agréable de la sortie. Merci de ton commentaire et bonne journée!

  2. Ce dernier tableau demontre toute l’espérance de ce peintre, à mon avis. J’ai bcp aimé aussi le leitmotiv des jeunes filles sur le pont qui évolue au fil du temps. Une magnifique expo 😉

    1. Bonjour Matatoune. Moi aussi j’ai beaucoup aimé ces « Jeunes filles sur le pont » déclinées de différentes manières, en gravures et sur toiles. Merci beaucoup de votre commentaire et très bonne journée à vous 🙂

  3. Bonjour Marie-Anne,
    Dans « La Nuit étoilée, 1924 » je vois toujours une ombre (enfin 3!) à la proue d’un bateau qui s’apprête à passer sous un pont… J’aime beaucoup ce tableau.
    Très belle exposition que j’ai pu voir en nocturne. Il y avait alors moins de visiteurs et je pouvais alors voir les tableaux.
    Je te souhaite une belle journée sans cri.
    Bien amicalement,
    Ana-Cristina

    1. Bonjour Ana Cristina. Merci pour ce conseil ! Je n’avais pas pensé qu’il y avait moins de monde en soirée. Effectivement ça doit être le meilleur moment pour visiter les expositions. D’habitude j’y vais le matin mais ce n’est pas formidable.
      « la nuit étoilée » m’a particulièrement plu également ! Intéressant cette relecture de Van Gogh !
      Merci de ton commentaire ! Très belle journée à toi et bon week-end 🙂

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