La Mort, l’amour et les Vagues est un bref recueil de trois nouvelles de Yasushi Inoue (1907-1991).
La première nouvelle, qui donne son titre au recueil, aborde un thème typiquement japonais – le suicide – et le détourne en le rendant quelque peu dérisoire, avec une critique voilée du sens de l’honneur et de la froideur des relations humaines dans la société nippone. Cette nouvelle est d’une beauté incroyable, chaque élément (dialogue, description) semble porteur de sens, dans une grande subtilité psychologique et esthétique. Les contraires s’allient particulièrement bien dans cette histoire, opposant sans cesse la mort-la vie, l’amour et l’indifférence, la honte et l’honneur, l’homme et la femme.
La deuxième nouvelle est au moins aussi fascinante que la première, avec des études de caractères très intelligemment décrits qui, en même temps, nous placent face au mystère des êtres.
Si le personnage principal agit avec un égoïsme peu reluisant, le regard de l’auteur ne cherche absolument pas à le condamner et, même, nous amène à comprendre que la passion amoureuse est pleine de ces égoïsmes et de ces lâchetés. Et la jeune épouse réservée et bien élevée révèlera elle aussi sa part d’ombre et de duplicité. L’amour n’est donc certainement pas, à travers cette nouvelle, l’abandon de soi-même à la clairvoyance de l’autre ou le plaisir de la confidence sincère. Au contraire, l’amour suppose le mensonge et le non-dit et c’est en révélant la vérité que l’on prend le risque de la rupture.
L’importance du paysage est aussi très grande dans cette histoire : le jardin zen, qui sert chaque fois de révélateur, par son aspect hautement spirituel, rend impossible tout attachement durable entre les êtres.
La troisième nouvelle m’a semblé un peu moins géniale que les deux précédentes – avec une fin un peu attendue et des personnages moins subtilement dessinés – mais elle a aussi son charme, en abordant là encore le thème du couple confronté à l’avarice et au qu’en-dira-t-on. Une certaine ironie se fait jour au fil des pages et, là, nous trouvons un couple fortement soudé – non pas par l’amour de l’un pour l’autre mais par la cupidité maladive.
Ce recueil de nouvelles a été un grand coup de cœur, une découverte tout à fait superbe !
Je conseille ce livre à tous les amateurs de littérature japonaise et/ou de nouvelles.
Goran
/ 17 mai 2020Je voulais relire cet écrivain, ton article tombe à pic…
laboucheaoreille
/ 18 mai 2020Parmi les écrivains japonais, celui-ci me plait particulièrement … Merci Goran, bonne soirée 🙂
uneviedeslivres
/ 17 mai 2020Je note !
laboucheaoreille
/ 18 mai 2020Bonne idée 🙂 Merci Kathleen !
carnetsparesseux
/ 17 mai 2020C’est noté, dès que les librairies et les bibliothèques seront fréquentables 🙂
laboucheaoreille
/ 18 mai 2020Merci Carnets Paresseux 🙂 Pour les bibliothèques, c’est vrai qu’il faut encore attendre un peu …
carnetsparesseux
/ 18 mai 2020je ne suis pas encore retourné chez un libraire : ne pas pouvoir feuilleter les livres, les soupeser, en lire quelques pages en toute quiétude, sans avoir en tête que je prends et fait prendre un risque aux autres lecteurs et aux libraires, cela me gâche la lecture 😦
laboucheaoreille
/ 21 mai 2020Je comprends 🙂 Pour ma part dès que je vois un livre qui m’attire je me jette dessus et passe illico à la caisse 🙂 Je ne suis pas du style à reposer un livre qui m’a tapé dans l’oeil … Vis-à-vis des virus c’est avantageux !
princecranoir
/ 17 mai 2020Le titre est très beau, et la description appelle la découverte.
Je prends note.
laboucheaoreille
/ 18 mai 2020Quand on aime les nouvelles, ce recueil vaut le détour ! Merci Prince Cranoir 🙂
lapoudredestampette
/ 19 mai 2020Commandez à ma librairie adorée, merci pour cette belle prescription !
laboucheaoreille
/ 21 mai 2020J’espère qu’il vous plaira autant qu’à moi ! Bonne journée et bon week-end 🙂
La culture dans tous ses états
/ 22 mai 2020Qu’il est bon de découvrir des auteurs de cette trempe ! 🙂
laboucheaoreille
/ 24 mai 2020Tout à fait ! Merci Frédéric 🙂