La femme des sables, de Abé Kôbô

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J’ai acheté ce livre par hasard, en cherchant des livres de littérature japonaise sur le site Internet d’un magasin culturel …

L’histoire : Un homme d’une petite trentaine d’années va au bord de la mer pour rechercher un insecte d’une espèce très rare et qui vit dans le sable. Cet homme est en effet entomologiste à ses heures perdues et espère pouvoir découvrir de nouvelles espèces, ce qui lui permettrait de laisser son nom dans l’histoire. Mais, dans sa quête d’insecte au bord de mer, il doit demander à être hébergé dans le village le plus proche car la nuit est tombée plus tôt que prévu. Seulement, les gens du village amènent l’homme au fond d’un immense trou dans lequel vit une femme, une jeune veuve, dont l’unique occupation est de déblayer le sable qui tombe dans le trou de tous les côtés. L’homme s’aperçoit bientôt qu’il est séquestré dans ce trou, que personne ne veut le sortir de là.

Mon avis : C’est un roman très angoissant, où la présence obsédante du sable revient à chaque page : le sable se mêle à la sueur des personnages, faisant une sorte de croute sur leur peau, mais il s’infiltre aussi dans leur gorge, dans leurs poumons, se mêle à leurs aliments, à leur tabac, et menace de les engloutir ou même de les écraser.
L’homme est pris au piège et tente de se révolter contre son sort – du moins dans un premier temps – mais il ne sait pas si la femme est victime comme lui ou si elle est du côté de ses bourreaux, et c’est un des aspects les plus passionnants du livre : en tout cas, la femme, elle, ne se révolte jamais, et préfère essayer de s’en sortir comme elle peut en acceptant les règles imposées par les gens du village.
Le village et ses règles implacables et mystérieuses m’a fait fortement penser au Château de Kafka : une entité cruelle et toute puissante, avec laquelle on ne peut quasiment pas discuter, et aux lois de laquelle on n’échappe pas.
Bien sûr, ce gigantesque trou de sable est symbolique, mais la force du roman vient du fait que ce symbole peut être interprété de tas de manières différentes : le sable peut-être le temps, mais le trou dans le sable peut être un symbole de la vie ou bien un symbole du mariage, ou bien un symbole de la solitude, … en réalité, chacun peut y voir ses propres peurs et hantises.
J’ai trouvé que c’était un superbe roman, mais je tiens à préciser qu’il offre une vision de la vie très noire, sans aucune espérance, et qu’on termine la lecture avec un grand sentiment d’accablement.

19 réflexions sur “La femme des sables, de Abé Kôbô

    1. J’ai tendance à penser qu’il vaut mieux commencer par lire le roman car je me dis que beaucoup d’analyses et d’introspections n’ont pas pu être conservées dans le film …

  1. J’ai tendance à lire lentement et à oublier vite, mais ce livre m’a beaucoup marquée. Quel étrange univers ! Je suis contente de lire votre note qui me le remet en mémoire.

  2. Bonjour,
    Merci de mettre ce roman extraordinaire en exergue. Je l’ai lu il y a une 20 d’années, mais j’ai encore d’exacts souvenirs de la lecture, notamment le souvenir d’un réel étouffement, limite de l’apnée lors de certains passages, une très belle expérience littéraire!!

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