Un de mes Poèmes paru dans la revue Traction-Brabant (numéro 107)

Traction-Brabant n°107

Un grand merci à Patrice Maltaverne, animateur de la revue poétique Traction-Brabant, mais aussi poète et éditeur, pour avoir retenu deux de mes textes récents pour son numéro 107, qui vient de paraître en ce début mars 2024, il y a quelques jours à peine.
Les deux poèmes en question « Entre deux feux, les cendres » et « Poésie de façade » sont extraits d’un recueil inédit, « Sombres Vers blancs« , qui est encore en cours d’écriture, bien que je l’aie cru terminé déjà à deux ou trois reprises. Comme je trouve toujours de nouveaux écrits à lui rajouter et que l’inspiration dans cette veine ne semble pas vouloir se tarir, c’est un recueil qui commence à prendre une certaine ampleur – et c’est tant mieux.

Voici l’un de ces deux poèmes

**

Page 56

Poésie de façade
(L’angoisse de la page grise)

Le ciel a la couleur d’un béton uniforme
Je me sens devant lui d’autant plus désarmée
Que le gris se poursuit du trottoir jusqu’aux yeux
Des immeubles haussmanniens – nos mines citadines

C’est du papier mâché et cachet d’aspirine
Nous sommes assortis aux pierres de Paris
Nous avons du cachet et sommes ravalés
Au rang de grisonnants poètes sous traitement

Mes poèmes aussi ont la grisaille dans le sang
Oui, un sang de navet, c’est dit de but en blanc
Mes poèmes ont le teint du métropolitain
Pas du genre à dorer leur pilule aux Tropiques

Je me fais un sang d’encre et ne suis sympathique
Qu’aux très rares moments où je sors de moi-même
Sinon vous ne verrez dans mes airs renfermés
Qu’une mine de plomb sous le ciel poivre et sel.

Marie-Anne Bruch

**

Des Poèmes de Chloé Landriot

Couverture chez Le Citron Gare

Le recueil poétique « Vingt-sept degrés d’amour » de Chloé Landriot (née en 1980, enseignante de français) était paru en 2017 aux Editions du Citron Gare, dirigées par Patrice Maltaverne.
J’avais entendu parler de ce livre au moment de sa parution mais c’est seulement six ans plus tard, en 2023, que j’ai eu l’idée de l’acheter.
Ce fut une agréable lecture : la poète aborde tour à tour des thèmes universels : l’amitié, le sentiment amoureux, le mariage et la maternité, le vieillissement, la mort, et même l’engagement écologique qui l’anime. Une certaine simplicité et une douce limpidité transparaissent dans ses poèmes. De-ci de-là, un alexandrin, un octosyllabe ou un hexasyllabe peuvent ressurgir inopinément, comme de très lointaines réminiscences de poésie classique, et on sent que le rythme des vers et des strophes est très élaboré, dans une recherche de compromis entre liberté et régularité.
Ces poèmes sont accompagnés de huit dessins de Joëlle Pardanaud et de Chloé Landriot, c’est-à-dire de la poète et de sa mère.

J’ai choisi deux poèmes dans ce recueil

Page 23

Nous portons nos histoires
Engrammées dans la chair
Glissant sur des miroirs factices
Implorant des regards par où nous reconnaître
Et parfois
Dans le brouillard des mots
Ayant risqué nos récits comme au jeu
Nous avons cru à la réponse.

Nous servons des fantômes.

Nous négocions dans notre corps
Avec tout le passé
La place du présent.

Et l’autre,
Que nous cherchons dans ses paroles
Nous ne le trouvons jamais
Car les mots sont la peau seulement
Les mots sont la peau de l’âme –
Je sens ma peau de l’intérieur

Et j’imagine
Ce que tu sens quand je te touche
Voilà ce qu’est parler.

Mais rien ne garantit que nous nous comprenions.

S’il y a quelque part un unisson des cœurs
Il est à notre insu dans le silence seul
Dans le silence où chacun se dépouille
Et dans le vide.

Page 41

Mon amour les mots sont trop légers
Pour dire comme je me sens lestée
Lourde entre tes bras du sable du bonheur
Et j’appelle de mes vœux ce poids toujours plus grand
Qui m’attache à la terre, qui m’attache à la vie
Qui enfonce mes racines aux sources de tes veines.

**

Trois Poèmes de Marlène Tissot

Couverture au Citron Gare

Le recueil « Sous les fleurs de la tapisserie » était paru en 2013 aux éditions du Citron Gare, dirigées par Patrice Maltaverne. 
J’ai acheté ce livre très récemment et j’en ai apprécié le ton franc, l’atmosphère urbaine, une forte sensibilité, et une grande place accordée aux thèmes du rêve et du sommeil. La poète semble vouloir regarder ce qui se cache derrière les apparences (sous les fleurs de la tapisserie) et c’est tantôt la vérité nue qui apparaît tantôt des aperçus plus fantaisistes ou oniriques qui laissent l’imagination du lecteur à ses propres vagabondages. 
Le recueil est rythmé par les images en noir et blanc de Somotho. Il a reçu le Prix CoPo 2015.
Un livre que j’ai beaucoup aimé et un univers poétique qui m’a paru accessible et familier, en prise directe avec notre monde quotidien et contemporain. 

Note biographique sur la poète

Née en 1971, Marlène Tissot a publié quatre recueils de poésie, ainsi qu’un premier roman remarqué, Mailles à l’envers, sur l’enfance et l’adolescence blessées, en 2012. Son écriture est à la fois tendre, clinique, écorchée et irradiante. Dans cette nouvelle publication, l’auteur reste fidèle à sa verve poétique. Il ne faut pas se fier aux apparences. Les mots exhibent leurs cicatrices et les bombes explosent « sous les fleurs de la tapisserie ».
Marlène Tissot, c’est Bukowski au féminin : la même rage, la sensualité en plus.
(Source : éditeur, quatrième de couverture)

**

Page 20

Les jours

Les jours se suivent
à distance respectable
en s’épiant
mine de rien
comme s’ils craignaient
que le prochain
les morde
ou qu’il leur fasse
de l’ombre
Le pire serait sans doute
qu’ils se mettent
à tous porter
le même costume
à marcher au pas
à baisser les bras
il faudrait parfois un hier
qui lambine
un demain qui se
pointe sans prévenir
et un aujourd’hui
qui ne se soucie
ni du précédent
ni du suivant

*

Page 50

Aucune crêpe ne sera servie entre
Minuit et quatre heures du matin
*

La fissure dans le mur
me regarde et se fend d’un sourire
il est deux heures trente du matin
j’ai échoué, je ne sais comment
au sous-sol de mes rêves
il y fait sombre et
des racines pendent du plafond
comme si mes songes se prenaient
pour des pissenlits
narguant mon appétit
mais moi c’est de crêpes dont j’ai envie

*[Richard Brautigan in Tokyo-Montana Express]

*

Page 70

Home cinéma

Le soir la rue se transforme
en cinéma à ciel ouvert
je pioche aux fenêtres des gens
les scènes étranges
d’une infinité de
films muets

**

Une recension de mon livre « Excursions Poétiques » par Patrice Maltaverne

Patrice Maltaverne, poète, éditeur au Citron-Gare et animateur de la revue Traction-Brabant, vient de faire paraître sur son site Poésie Chronique ta Malle une recension à propos de mon livre Excursions poétiques, paru il y a une quinzaine de jours chez Z4 Editions.
Merci à lui !

Ci-dessous le lien vers sa chronique

http://poesiechroniquetamalle.blogspot.com/2023/05/excursions-poetiques-de-marie-anne-bruch.html

Deux de mes derniers poèmes parus dans Traction-Brabant numéro 99

Dans le dernier numéro (99, paru en juillet 2022) de la revue poétique Traction-Brabant, animée par Patrice Maltaverne, figuraient, entre autres, deux de mes poèmes récents.


Les voici :

A nos handicaps

De méprise en méprise on croit se corriger
Mais les diffractions nous atteignent au cœur
Et les échecs se font écho – pauvres caboches !
De ma cacophonie émane quelque ivresse.

Les sourds ont une voix que les aveugles voient
Tissée en noir et blanc et opaque au-dedans
Ce à quoi je suis sourde il me faut le crier
Prendrez-vous la tangente à tous mes angles morts ?

Oui je suis impuissante à sortir du sillon
Comme un vieil oisillon dans son nid de broussailles
Resté abandonné face au ciel éblouissant
Et qui se désennuie en dénombrant ses plumes.

Ça m’est égal de ne pas savoir m’envoler
Je serai l’oiseau gris qui creuse des terriers
Un être original, aux ailes virginales
Dont les sages riront – que les fous comprendront.

(4 avril 2022)

**

Et ci-gît l’effigie

Je me comprends mais il n’y a rien à faire
Ce n’est pas amusant de compter sur soi même
Pour les subtilités et les malentendus
Quand on ne pense à rien on se comprend aussi
Je me trouve des excuses et je ne ris même pas
Devant ma mauvaise foi j’ai la langue qui fourche
Aux carrefours du silence je dédouble mes doutes
Et au fond des miroirs je creuse des galeries
Mais je ne croise personne et ça résonne à plat
Les miroirs c’est étroit et en trois dimensions
Vous tomberez dans le panneau vous aussi, vous verrez
Les glaces ça mesure à peu près comme la tombe
C’est froid, c’est un traquenard, il n’y a personne dedans
Les glaces c’est là où je me comprends le mieux
Personne n’a jamais pris mon miroir à revers
Personne n’a jamais vu l’envers de mes oublis
Je les cherche là-haut dans l’éclat de tes yeux.

Marie-Anne BRUCH

Des Poèmes parus dans la revue Traction-Brabant numéro 97

Numéro 97 de la revue

La revue Traction-Brabant, créée et dirigée par le poète et éditeur Patrice Maltaverne depuis 2004, a fait paraître en février dernier son numéro 97 et je vous en propose deux extraits.
Vous pouvez vous abonner à cette revue poétique pour la somme modique de 15 euros correspondant à cinq numéros annuels.
Pour de plus amples informations, voici le lien vers le blog de la revue : http://traction-brabant.blogspot.fr

**

Heure d’hiver

Vingt-et-une heures au clocher
Neuves heures
La lune se résigne à ne s’éclairer qu’à moitié
En représailles, j’imagine
Je l’entends pleurer
Alors je m’obstine
A rêver doublement
Mais à cloche-pied
Et mes chimères coquines
Se font complices
De mon urgence dévoreuse de temps
Sur le noir lisse de la longue nuit
Je laisse aller mes jambes
Mes jambes seulement
Et mes bras envieux font de mon oreiller
Un piège à vœux
Mi laids, mi pieux

Armelle LE GOLVAN

**

Covoiturage

attentat suicide
voisins de palier
tel qui se liquide
meurt accompagné

crâne sous la meule
sans plus résister
ne pas partir seule
suicide assisté

Annie Hupé

**

Trois poèmes extraits de la revue Traction-Brabant n°90

couverture de la revue

Le numéro 90 de la revue Traction-Brabant est paru vers la fin septembre ou début octobre 2020 et je l’ai trouvé de grande qualité, comme c’est généralement le cas avec cette excellente revue dirigée par le poète Patrice Maltaverne !
J’y ai retrouvé des noms connus, celui par exemple d’Hervé Gasser qui tient un blog sur WordPress et dont j’apprécie les textes.
Voici donc trois poèmes courts extraits de ce numéro :

**

L’apocalypse a déjà eu lieu

Tu parles de je ne sais quel prophète
Et des joies du travail en banlieue
Et puis tu t’arrêtes au milieu
D’une phrase et tu comptes les miettes
Avec le bout du doigt, comme un vieux
Tu fais des dessins dans ton assiette
Tu voudrais qu’on respire un peu mieux
Et savoir ce que c’est croire en dieu
Je ne sais pas pourquoi tu t’inquiètes

L’apocalypse a déjà eu lieu

Hervé GASSER
**

Que cherchons-nous sous l’eau qui dort ?
Un peu de plomb ou bien de l’or
L’éclatement des heures au milieu du jour sur le tain
du miroir ancien
qui s’effrite
Un fil de soleil se glisse entre nos mains
un fin rayon qui se répand entre le sol et le plafond
du matin au soir
j’en réponds
du plus petit jusqu’au plus grand
du plus jeune jusqu’au plus vieux
tous, nous levons nos mains
vers le soleil
mirage de l’or qui sous l’eau dort
à défaut d’or
un peu de plomb
dans nos cervelles.

Chantal Godé-VICTOR

**

Nuit Sauvage

C’était une nuit d’été.
Dans la clameur claire et musicale du ruisseau,
On entendait chanter grenouilles et grillons.
Les herbes prenaient un bain de lune,
Un rapace déchirait la quiétude du ciel
De temps en temps.
J’étais amoureuse
Comme on l’était au temps des cavernes,
Captivée par ce feu brûlant dans son regard
Sauvage et violent.

Parme CERISET

**

Je vous renvoie vers le blog de la revue Traction-Brabant pour davantage d’informations et de lectures poétiques : grâce à ce lien !

Des poèmes parus dans le numéro 87 de Traction-Brabant

Le numéro 87 de la revue poétique trimestrielle Traction-Brabant, dirigée par le poète et éditeur Patrice Maltaverne, est paru le 21 février 2020, et c’est avec un peu de retard que j’en rends compte ici.
Beaucoup de ses poèmes ont retenu mon attention, voici trois d’entre eux.

**

L’homme cerf-volant

Le regard porté par un fil
Au bout duquel dansaient
Ici et là
Les couleurs d’une liberté
Avortée de l’aube
De rêves taillés dans
Les veines de l’enfance
A le voir, avancer le pas
Chaloupé, la bouche
Engloutissant le ciel
Habité, d’une
Etrange fougue
Bousculant les passants
Car le vent, le vent
Tournait vite
On se demandait, qui
De l’homme ou du cerf-volant
Tenait l’autre
Vivant

Marine Giangregorio

**

Trop Tard

J’ai vu de grandes eaux se répandre
sur des cercueils encore ouverts
alors
ils se changeaient en barques
et se perdaient dans une errance
inconcevable
quand les linceuls devenaient voiles
prenaient le vent et la même direction
égales dans la fuite
égales dans le temps
nul prêche à bord
nulle pêche au bord
les morts rigolaient
d’avoir encore pour un temps
un destin
mais il était beaucoup trop tard
il aurait fallu bien avant
tuer les machines

Daniel Birnbaum

**

Je te regarde nager au loin
Peut-être devrais-je partir – Maintenant
Suspendre le bonheur
Sur cette plage aveuglante, pour toujours ?
Qu’est-ce qui serait le plus lâche

Pierre Gondran, dit Remoux

Le numéro 88 de la revue Traction-Brabant

Aujourd’hui, comme tous les premiers jours de chaque mois, je voulais vous proposer un article cinéma, je le voulais vraiment, et puis parfois le destin contrecarre nos projets : entre le long tunnel du confinement, la fermeture des cinémas, ma télé tombée en panne, et une certaine inclination vers le farniente, je me retrouve aujourd’hui sans aucun article cinéma !

Mais vous ne verrez sans doute pas d’inconvénient à ce que je bouscule un peu les habitudes de ce blog ? Voici donc un article poésie !

Couverture de la revue

J’ai déjà parlé quelquefois de la revue de Patrice Maltaverne, Traction-Brabant, que j’apprécie beaucoup et où j’ai déjà eu l’honneur de figurer, dans des numéros précédents.
Je vous conseille vivement la lecture de cette revue, au style lisible, souvent percutant, et très contemporain, qui vient de faire paraître en mai 2020 son 88ème numéro.

Voici quelques poèmes et textes que j’ai sélectionnés dans ce livret :

Carnet (Extrait)

Ces auteurs obscurs qui traversent la vie en rêvant de reconnaissance posthume me font penser à des poissons de grand fond qui ne supporteraient leur existence dans les abysses que soutenus par l’idée de voir un jour, après leur mort, chantées leurs louanges autour d’une table de restaurant gastronomique.

(…)

Jean PEZENNEC

**

nos souvenirs coulent dans le sablier
ils s’amassent au fond

les pieds se traînent
et le corps fatigué
vieillissant
nous semble lourd

ah ! l’idée de la mort
revient toujours
moins pesante peut-être
que la vie passée

car la mort est un brouillard
visible et impalpable
passant sur le front de nos proches

et le passé
ce grain de sable dans nos chaussures
qui nous fait boiter
et rend le chemin douloureux

Olivier BOUILLON

**

Et si l’on vous demande

Et si l’on vous demande
Vous répondrez que je ne suis qu’une crieuse d’herbes
Cultivant son âge et sa déraison dans un rire frais
Découpé dans les clairières de l’enfance et que je répare
En toutes saisons l’oiseau que le vent indocile a cassé
Qu’il aurait été trop facile de faire rimer demande avec amandes
Dans ces conditions et au coin de votre oeil hilare.

Barbara AUZOU

**

Un poème de Julien Boutreux

Couverture du recueil

Le recueil J’entends des voix de Julien Boutreux (poète et écrivain français né en 1976) est paru aux éditions du Citron Gare, dirigées par Patrice Maltaverne, en novembre 2019.
C’est une poésie ironique et décalée, profonde avec légèreté, un peu désinvolte et en même temps très juste, que j’apprécie beaucoup.
Ce livre est illustré de dessins en noir et blanc, par Dominique Spiessert.

Voici un des poèmes du recueil J’ai un métier vachement cool, en première partie de ce livre.

J’ai un métier vachement cool
toute la journée j’invente des phrases
je suis payé pour ça
une phrase inventée qui m’est achetée
peut se retrouver dans le journal
dans un livre
dans une circulaire
dans la bouche d’un autre
et à chaque fois qu’elle est citée
ou prononcée
je touche des droits d’auteur
ma phrase peut devenir un slogan
électoral ou publicitaire
ça paie bien
ça peut paraître génial comme job
puisque rien n’est plus simple que d’inventer
une phrase
en apparence
sauf qu’une phrase vraiment nouvelle
une jamais dite, jamais lue
ça n’est pas si facile que ça
non
mon salaire je crois que je ne le vole pas
car formuler l’inouï
oui
c’est du boulot

JULIEN BOUTREUX