L’Exposition Baselitz au Centre Pompidou

Du 20 octobre 2021 au 7 mars 2022 s’est tenue une rétrospective du peintre allemand Georg Baselitz (né en 1938) au Centre Pompidou et je profite de l’occasion des Feuilles allemandes pour évoquer brièvement la visite que j’ai faite de cette exposition à la fin du mois de janvier.

Résumé subjectif de ma visite :

Je ne connaissais quasiment rien de ce peintre avant ma visite et j’ai été pour le moins surprise et effrayée par les deux premières salles qui nous montrent des visions sanguinolentes et repoussantes par lesquelles le peintre a commencé à se faire connaître dans les années 60 en créant la polémique et en choquant le public. Mais les salles suivantes montrent une évolution très nette de son style, même si l’impact de ses tableaux reste toujours fort et marquant. A partir des années 70, il expose souvent ses œuvres à l’envers (paysages, portraits) afin d’échapper à l’opposition figuratif/abstrait et rester à mi-chemin entre ces deux options. Il utilise pour ses toiles des grands formats. Les deux couleurs que l’on retrouve le plus souvent dans ces tableaux : le noir et le jaune, mais les effets obtenus peuvent être assez variés, de la brutalité à l’expressivité. Dans les années 2000, Baselitz revisite certaines de ses anciennes œuvres et en propose des versions renouvelées, qu’il intitule « Remix », et qui sont comme des variations sur les mêmes thèmes, très intéressantes à mettre en parallèle. En définitive, j’ai apprécié cette exposition qui retrace soixante ans de la carrière de ce peintre important et inclassable. Car c’est toujours plaisant de regarder le cheminement d’un artiste et de suivre son évolution depuis ses débuts, même si certaines phases de son travail peuvent nous rebuter au premier abord.

Filles d’Olmo II, 1981
Filles d’Olmo, Remix, 2008
Usine de béton préparé, 1970








Renverser l’image : Baselitz s’obstine à renouveler la peinture quand les tenants de l’art conceptuel la déclarent morte. A 30 ans, il cherche ainsi le moyen de rompre radicalement avec une représentation fidèle de la réalité. « Pour moi, le problème consistait à ne pas peindre de tableau anecdotique ou descriptif. D’un autre côté, j’ai toujours détesté cet arbitraire nébuleux des théories de la peinture abstraite. Le renversement du motif dans le tableau m’a donné la liberté de me confronter à des problèmes picturaux. » Tout en restant à distance du pop-art et du réalisme capitaliste, il produit ses premiers tableaux aux motifs renversés d’après photographies en 1969. Présentés dès 1970 à Cologne par le marchand et collectionneur Franz Dahlem, ils créent l’événement. Dès lors, l’artiste qui peinait encore à vivre de son art va voir les institutions et certains collectionneurs influents s’intéresser à son travail. (Source : un Panneau de l’exposition)

Wagon-lit au lit en fer, 2019
Tableau 8, 1991

18 réflexions sur “L’Exposition Baselitz au Centre Pompidou

    1. Bonjour Frédéric. En effet, c’est un peintre qui a souvent cherché à déranger et à choquer le public. Moi non plus, je n’adhère pas à tout. Mais c’était intéressant à voir. Merci. Excellent week-end à toi aussi 🙂

  1. Vu aussi …. comme tu dis, un bon panorama de son évolution. J’ai presque préféré l’expo de 2011 (Musée d’Art Moderne de la Ville de Paris) qui avait mis le focus sur ses sculptures réalisées à la tronçonneuse…

    1. Ah c’est intéressant ! Je n’ai pas vu l’expo de 2011 et je ne savais pas qu’il était aussi sculpteur. À la tronçonneuse ça paraît assez brutal mais pourquoi pas ! J’irai chercher des photos sur internet. Merci ! Bon dimanche 🙂

      1. J’en ai mis sur mon blog à l’époque…. tu trouveras des images. Et le personnage couché avec le bras ‘hitlérien’ de ‘ton’ expo de Beaubourg en faisait partie.

  2. Baselitz ou l’artiste qui voit le monde à l’envers. J’adore ce concept. Je dois avoir croisé certaines de ses toiles dans d’autres musées, notamment à Cologne. J’ai manqué une belle occasion de voir ses œuvres rassemblées.
    Merci pour ce partage Marie-Anne. Bonne soirée.

    1. Bonjour Prince Écran Noir ! Oui parfois on a envie d’empoigner les tableaux pour les remettre à l’endroit (rien que pour voir le côté figuratif de l’affaire) ça peut même être frustrant 🙂 Mais on s’habitue petit à petit à ce retournement ! Merci et bon dimanche à toi 🙂

  3. natlarouge

    j’ai refait un tour hier à Beaubourg dans les collections permanentes. Difficile en fait, peu m’ont touchées. Mais il faut connaitre, toujours

    1. Bonjour. Ça fait longtemps que je ne suis pas retournée voir les collections permanentes. Je me souviens de la salle des Fauves qui est superbe mais pour le reste c’est flou… Il faudrait que j’aille voir. Merci ! Bon dimanche Natlarouge 🙂

  4. Ana-Cristina

    Les œuvres : « Les Filles d’Olmo II » et son Remix forment une si jolie paire que je n’ai plus envie, les voyant si complémentaires, de voir l’une sans l’autre.
    Je n’ai pas vu cette exposition à Beaubourg et je le regrette. J’ai eu toutefois l’occasion de me confronter à ces grandes toiles dont tu parles, celles « renversées ». On se pose forcément la question : pourquoi a-t-il donc peint ces figures la tête en bas? Tu y réponds clairement : « échapper à l’opposition figuratif/abstrait et rester à mi-chemin entre ces deux options ».
    J’étais déstabilisée devant ces œuvres car mes habitudes étaient bousculées, mes repères troublés, mon regard affolé. Mais Baselitz m’a rappelé la nécessité d’accommoder mon regard à ce que je vois et pas l’inverse. En somme, je ne regardais pas un monde à l’envers, mais UN monde. Bien sûr, ce regard nous le portons sans même y penser sur toute œuvre d’art. Mais dans ce cas, le peintre m’a permis de l’expérimenter et de le penser. Il ne me restait plus qu’à le formuler. Voilà qui est fait. Merci Marie-Anne.

    1. Bonjour Ana-Christina. Oui je suis d’accord avec ce que tu dis. Il faut accepter les tableaux tels qu’ils sont voulus par Baselitz et les considérer ainsi, sans se tordre le cou. Ce qui est un peu trompeur c’est les titres des tableaux (très figuratifs, qui renvoient à une « représentation ») et qui donnent justement envie de voir les choses dans leur sens habituel, le sens qui correspond au titre.
      Moi aussi j’ai bien aimé les œuvres intitulées « Remix », c’est une idée géniale.
      Merci Ana ! Bonne journée à toi 🙂

    1. Bonjour Eva ! J’aime bien les articles sur des expositions et des peintres donc je ne manquerai pas de regarder ton blog avec attention. De mon côté je vais voir l’exposition Kokoschka dans deux semaines… Bonne journée à toi 🙂

  5. Ping : Les feuilles allemandes 2022 – le bilan – Et si on bouquinait un peu ?

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