Allégeance, un poème de René Char

Char-Fureur-et-mystere
Ce poème d’amour de René Char est extrait du fameux recueil Fureur et Mystère (Editions Gallimard) écrit entre 1938 et 1947.

Allégeance

Dans les rues de la ville, il y a mon amour.
Peu importe où il va dans le temps divisé.
Il n’est plus mon amour, chacun peut lui parler.
Il ne se souvient plus ; qui au juste l’aima ?

Il cherche son pareil dans le vœu des regards.
L’espace qu’il parcourt est ma fidélité.
Il dessine l’espoir et léger, l’éconduit.
Il est prépondérant sans qu’il y prenne part.

Je vis au fond de lui comme une épave heureuse.
A son insu, ma solitude est son trésor.
Dans le grand méridien où s’inscrit son essor,
Ma liberté la creuse.

Dans les rues de la ville, il y a mon amour.
Peu importe où il va dans le temps divisé.
Il n’est plus mon amour, chacun peut lui parler.
Il ne se souvient plus ; qui au juste l’aima et
L’éclaire de loin pour qu’il ne tombe pas ?

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16 réflexions sur “Allégeance, un poème de René Char

    1. Oui, il me semble que les poèmes de René Char sont souvent assez ardus et énigmatiques.
      Celui-ci me paraissait relativement plus clair que beaucoup d’autres … mais je peux me tromper 🙂

      1. Gatien

        Vous avez certainement raison ; j’avoue ne pas avoir beaucoup lu les poèmes de René Char, donc je ne peux comparer ^^
        C’est d’ailleurs un avantage des blogs comme le vôtre, proposant des textes d’auteurs différents : découvrir des univers poétiques qui, pour certains internautes, peuvent parfois s’éloigner des lectures habituelles 🙂

  1. lettrem

    René Char toujours aussi impressionnant. Votre blog m’a été suggéré après la publication du poème Qu’il vive, du même poète, sur le mien. Je vous suivrai désormais 🙂 bonne continuation.

    1. Merci de me suivre 🙂
      J’ai regardé votre blog et j’ai beaucoup aimé Qu’il vive, que vous citez.
      Je regarderai votre blog plus en profondeur dès que j’aurai un moment.
      Bonne continuation à vous 🙂

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