L’Exposition « Pionnières » au Musée du Luxembourg

Anna Beothy-Steiner – Composition concentrique

A l’occasion de la Journée des Femmes, je consacre un article aux artistes femmes des années folles, à travers une exposition vue l’année dernière.

Du 2 mars au 10 juillet 2022 s’était tenue au Musée du Luxembourg à Paris l’exposition « Pionnières » qui présentait des peintures, sculptures, photographies, œuvres textiles et littéraires créées par des femmes artistes dans les années 1920-30. Ces pionnières, comme Tamara de Lempicka, Sonia Delaunay, Tarsila do Amaral ou encore Chana Orloff, nées à la fin du XIXè siècle ou tout début du XXè, accèdent enfin aux grandes écoles d’art, jusque-là réservées aux hommes. Au cours de ces années folles, les femmes acquièrent de nouvelles libertés, elles possèdent leurs propres ateliers, participent aux mouvements d’avant-garde, vivent comme elles l’entendent, font du sport, gagnent leur vie de manière autonome, se coupent les cheveux, etc.
(Source : Site du Musée et moi)

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Je recopie ici un des Panneaux de l’Exposition :

Les Garçonnes

Après les traumatismes de la Grande Guerre et de la grippe espagnole qui avaient entraîné une profonde récession mondiale, s’installe une croissance économique et technique jamais vue auparavant.

Les artistes se saisissent de nouveaux sujets, tels que le travail et le loisir des femmes, transformant au féminin le modèle du sportif masculin, représentant le corps musclé à la fois compétitif, élégant et décontracté.

Joséphine Baker incarne cette « nouvelle Eve » qui découvre le plaisir de se prélasser au soleil (c’est le début de l’héliothérapie), utilise son nom pour développer des produits dérivés, pratiquant aussi bien le music-hall la nuit que le golf le jour. Véritable entrepreneuse, Baker ouvre un cabaret-restaurant, fonde un magazine et devient l’une des artistes les mieux payées d’Europe.

Ces « garçonnes » (mot popularisé par le roman de Victor Margueritte en 1922), sont les premières à gérer une galerie ou une maison d’édition, à diriger des ateliers dans des écoles d’art. Elles se démarquent en montrant des corps nus, tant masculins que féminins, en interrogeant les identités de genre. Ces femmes vivent leur sexualité, quelle qu’elle soit, s’habillent comme elles l’entendent, changent de prénom (Anton Prinner naît Anna Prinner, Marlow Moss naît Marjorie Moss) ou de nom (Claude Cahun est le pseudonyme de Lucy Schwob, Marcel Moore celui de Suzanne Malherbe, sa compagne de vie et de travail.) Leur vie et leur corps, dont elles sont les premières à revendiquer l’entière propriété, sont les outils d’un art et d’un travail qu’elles réinventent complètement.

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Jacqueline Marval – Baigneuse au maillot noir – 1923

Claude Cahun – Autoportrait – Photographie

Mon Avis

Cette exposition, organisée de manière thématique, réunissait des artistes extrêmement différentes les unes des autres par leurs styles, leurs tendances esthétiques, certaines très abstraites dans le style de Mondrian comme Marlow Moss ou plus proches des Delaunay comme Anna Beothy-Steiner (cf. tableau ci-dessus), d’autres aux styles figuratifs multiples et variés. Je ne sais pas si ces femmes auraient apprécié d’être ainsi mises « toutes dans le même sac » sous le seul étendard de leur identité de genre et en dehors de critères artistiques. Mais, malgré ce petit bémol, c’était une exposition intéressante où j’ai apprécié de découvrir certaines artistes que je ne connaissais pas, comme Mela Muter, Amrita Sher-Gil ou Irène Codreano, et où j’étais heureuse de retrouver des femmes peintres bien connues et admirables, comme Marie Laurencin, Suzanne Valadon ou Tamara de Lempicka.

Marie Laurencin – Femmes à la Colombe – 1919
Suzanne Valadon – La Chambre bleue – 1923
Tamara de Lempicka – La belle Rafaela – 1927
Irène Codreano – Portrait de Daria Gamsaragan – 1926
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18 Commentaires

  1. Belle idée de publier cette revue ce jour précis. Moi j’étais scotché devant les tableau des Miss Brooks et Muter !

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  2. Ana-Cristina

     /  8 mars 2023

    Merci Marie-Anne pour cette séance de rattrapage. Une grande sensualité émane des figures que tu nous présentes. J’ai une préférence pour La « Composition concentrique » d’Anna Beothy-Steiner, lyrique et piquante, artiste que je ne connaissais pas. Très belle « Chambre bleue » de Suzanne Valadon que je découvre.
    Bien amicalement

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    • Bonjour Ana Cristina ! C’était une exposition belle et intéressante, avec des artistes très diverses, aussi bien abstraites que figuratives. La sensualité était bien présente c’est vrai ! Surtout avec les tableaux de Tamara de Lempicka qui devaient paraître très choquants à l’époque, je pense ! Merci de ton commentaire et très bonne journée 🙂

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  3. natlarouge

     /  8 mars 2023

    je l’avais vu, merci de ce rappel car j’ai aimé cette exposition, un peu courte mais de très belles découvertes

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    • Bonjour Nathalie oui c’était une très belle exposition ! Et intéressante par ses panneaux explicatifs. Merci de votre commentaire et très bonne journée!

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  4. Bonjour Bernhard. Je ne me souviens plus de Miss Brooks mais en effet les tableaux de Mela Muter m’ont énormément plu ! C’est bien que cette expo ait pu mettre en lumière des artistes dont on parle peu d’habitude. Merci et bonne journée !

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  5. C’est en effet une bonne idée de publier cet article pour la journée des droits de la femme. Moi non plus je ne connaissais pas les artistes citées. Et j’ignorais que Claude Cahun était un pseudonyme.

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    • Bonjour Evy. Merci ! C’était effectivement une expo intéressante avec des panneaux explicatifs très bien faits. Le contexte historique et culturel de l’époque était expliqué très clairement. Bonne journée à vous !

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  6. je l’ai vue et en effet, bien que limitée, elle était très intéressante avec de belles œuvres..

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    • Bonjour Aline. De belles oeuvres, oui. C’était l’occasion de découvrir certaines peintres dont on parle peu. Merci, bonne journée à vous !

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  7. Pour moi, sujet trop vaste pour si petit espace. Car le Musée du Luxembourg est un écrin. Néanmoins, ce retour restitue justement le plaisir à voir ou revoir des œuvres magnifiques.

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    • Bonjour Matatoune. Oui, ce musée n’est pas immense. Personnellement je me fatigue vite dans les très longues expositions et j’aime mieux un nombre d’oeuvres limité, pour réellement en profiter. Dans celle-ci, je n’ai pas eu l’impression de trop peu ni de saturation, c’était juste comme il fallait.
      Merci de votre commentaire, bonne journée 🙂

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  8. Très belle collection d’œuvres, très hétéroclite il est vrai. Cette expo témoigne de la diversité et de la créativité en mouvement à cette époque.
    Merci pour ce partage Marie-Anne.

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    • Bonjour Prince Écran Noir. Oui en effet cette exposition donnait un aperçu de l’art de ces années 1920-30, dans toutes leurs diverses facettes. C’était assez hétéroclite. Merci de ton commentaire et très bonne journée à toi !

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  9. Bonsoir Marie-Anne. J’ai visité cette expo en juillet lors d’un court séjour à Paris et je suis resté sur ma faim. J’ai trouvé cela trop resserré. Peut-être la comparaison avec l’immense expo sur Georgia O’Keffe.
    Il y aurait aussi tant à dire sur les femmes artistes subissant l’ombre de la célébrité de leur compagnon.
    Merci pour ce billet.

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    • Bonjour Jean Marc. Oui, ce n’était pas une énorme exposition alors que peut-être le sujet aurait pu appeler davantage de développement. Pour ma part ça ne m’a pas dérangée et les très grosses rétrospectives peuvent me fatiguer quelquefois. Merci de votre commentaire et très bonne journée !

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  10. Après avoir vu l’exposition j’ai trouvé sur l’appli RadioFrance un podcast racontant la Résistance à Jersey de Claude Cahun passionnant

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    • Bonjour Miriam. Je ne connais pas du tout le rôle de Claude Cahun dans la Résistance et effectivement ça doit être intéressant. En tout cas j’apprécie ses photos, leur esthétique. Merci beaucoup de ce commentaire et très bonne journée!

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