Du 16 décembre 2021 au 11 janvier 2022 s’était déroulée l’exposition du peintre allemand contemporain Anselm Kiefer au Grand Palais Ephémère qui se trouve non pas à côté ou à l’intérieur du Grand Palais, comme son nom le laisserait facilement supposer à un visiteur non vigilant, mais au Champ de Mars, près du Métro La Motte Picquet Grenelle… ce qui prête à confusion et a failli me faire rater l’exposition… mais passons !
C’est en tout cas maintenant, presque un an après sa date de fin, que j’ai choisi de vous en parler car le contexte des Feuilles allemandes s’y prête particulièrement bien et que je n’ai encore jamais parlé de Paul Celan sur ce blogue, ce qui était un oubli à réparer d’urgence !
Anselm Kiefer (né le 8 mars 1945) est un artiste plasticien allemand. Il vit et travaille à Barjac en France et en région parisienne. Depuis les années 1990, il s’inspire souvent de la poésie allemande du 20ème siècle (Paul Celan, Ingeborg Bachman) pour aborder le thème de la seconde guerre mondiale, des camps de concentration et de la barbarie nazie. Ses œuvres sont monumentales et incorporent souvent des matériaux extra-picturaux, comme des branches d’arbres ou d’autres végétaux, divers objets ou outils (ainsi, des haches dans l’un des tableaux de cette exposition), de la suie, des cailloux, et toutes sortes de substances diverses.
« Plus vous restez devant mes tableaux, plus vous découvrez les couleurs. Au premier coup d’œil, on a l’impression que mes tableaux sont gris mais en faisant plus attention, on remarque que je travaille avec la matière qui apporte la couleur. » selon Anselm Kiefer. (Source : Wikipédia)
« La langue de Paul Celan vient de si loin, d’un autre monde auquel nous n’avons pas encore été confrontés, elle nous parvient comme celle d’un extraterrestre. Nous avons du mal à la comprendre. Nous en saisissons ça et là un fragment. Nous nous y accrochons sans jamais pouvoir cerner l’ensemble. J’ai humblement essayé, pendant soixante ans. Désormais, j’écris cette langue sur des toiles, une entreprise à laquelle on s’adonne comme à un rite. » Anselm Kiefer. (Source : Guide de l’exposition)
« Celan ne se contente pas de contempler le néant, il l’a expérimenté, vécu, traversé » disait Anselm Kiefer le 20 juin 2021
Quelques Vues générales de l’exposition


Quelques Tableaux



Les épis de la nuit
Les épis de la nuit
naissent aux cœurs et aux têtes,
et un mot, dans la bouche
des faux,
les incline sur la vie.
Comme eux muets
nous flottons vers le monde :
nos regards
échangés pour être consolés
vont à tâtons
agitent vers nous de sombres signes.
Sans regard
ton œil dans mon œil fait silence
maintenant
je vais
je porte ton cœur à mes lèvres
tu portes le mien à tes lèvres :
ce que nous buvons maintenant
calme la soif des heures ;
Ce que nous sommes
maintenant
Les heures le donnent à boire
au temps.
Est-ce que nous sommes
à son goût ?
Ni bruit ni lumière
ne glisse entre nous, ne répond.
Ô les épis, vous les épis.
Vous les épis de la nuit.
Paul Celan, extrait de « Pavot et mémoire », 1952.
princecranoir
/ 13 novembre 2022Poème et peinture, quel magnifique alliage. J’aime beaucoup l’œuvre de Kiefer, elle s’expose ici dans des proportions impressionnantes me semble-t-il.
Merci pour ce partage Marie-Anne. Bon dimanche.
laboucheaoreille
/ 13 novembre 2022Bonjour Prince Écran Noir ! Des peintures monumentales effectivement qui font plusieurs mètres de haut et devant lesquelles on reste impressionné. Mes photos ne sont pas très bonnes, malheureusement, mais c’est juste pour donner une petite idée. Merci beaucoup de ton commentaire et très bon dimanche 🙂
ungraindesableoudesel
/ 13 novembre 2022J’aime beaucoup, ouf ! je n’étais pas parisienne dans ces dates sinon j’aurais regrettée d’avoir manqué cette expo ! Bon dimanche
laboucheaoreille
/ 13 novembre 2022Merci à vous ! Anselm Kiefer peint des œuvres aux très grands formats donc c’est difficile de donner une idée exacte avec des petites photos mais bon… Je vous souhaite un bon dimanche !
Lazuli Biloba
/ 13 novembre 2022Vertigineux ! Et la rencontre de la peinture et de la poésie apparaît comme une évidence. J’espère avoir un jour la chance de voir cette oeuvre. Amitiés, Danielle
laboucheaoreille
/ 13 novembre 2022Bonjour Danielle ! Pour moi aussi il y a eu cette impression d’évidence devant les œuvres de Kiefer et les poèmes de Celan qui sont vraiment en harmonie. Merci de ton commentaire et bon dimanche! Bien amicalement. Marie Anne
Livr'escapades
/ 13 novembre 2022Merci Marie-Anne pour cette balade culturelle! Bon dimanche 🙂
laboucheaoreille
/ 13 novembre 2022Merci Fabienne de ta visite et de tes mots 🙂 Bon dimanche!
natlarouge
/ 13 novembre 2022j’aime ce qu’il fait malgré sa noirceur qui n’est pas facile. merci !
laboucheaoreille
/ 15 novembre 2022Bonjour Natlarouge. Oui je suis d’accord. Il s’inspire toujours de sujets très lugubres, la deuxième guerre mondiale et les camps. Mais ses œuvres dégagent qqch de fort… Merci et bonne journée à toi 🙂
Dans l'oeil d'une flâneuse Bretonne....
/ 13 novembre 2022Merci Marie-Anne pour ce si beau partage 🙏
Tes photos sont très belles 👏
Bises 😗
laboucheaoreille
/ 15 novembre 2022Bonjour Eveline 🙂 Merci de ton compliment sur mes photos 🙂 C’est surtout les tableaux qui étaient très beaux je crois 🙂 Je te souhaite une très belle journée ! Bises !
Pat
/ 14 novembre 2022Je vois du feu et de la lumière dans le gris qui lui donnent relief, peut-être une raison d’être, tristesse ou espérance… Quant au poème il va avec la peinture et je garde le « Nos regards échangés pour être consolés ».
laboucheaoreille
/ 15 novembre 2022Bonjour Pat. Effectivement il y a des rougeoiments dans certaines de ces œuvres, ce qui peut être le feu de la guerre et de la violence ou peut-être la lumière d’une espérance… Chaque spectateur l’interprète à sa manière 🙂 Merci de ton commentaire et très bonne journée à toi !
La culture dans tous ses états
/ 15 novembre 2022Je découvre Anselm Kiefer. Quelle chance tu as Marie-Anne de pouvoir profiter des expositions d’une telle richesse intellectuelle mais aussi un plaisir tout aussi important, le regard et le plaisir éprouvé dans la contemplation des œuvres. Les images que tu nous présente me plaise beaucoup ! Belle journée Marie-Anne 🙂
laboucheaoreille
/ 15 novembre 2022Merci beaucoup Frédéric ! Du point de vue des sorties culturelles il est vrai que c’est une chance de vivre à Paris ! Rien que pour cette raison je l’apprécie. Très bonne journée à toi 🙂
Ana-Cristina
/ 15 novembre 2022Je suis propulsée dans le passé (l’Histoire) dans un espace futuriste,
je perçois la confrontation entre le monumental et le délicat pour dire l’indicible.
Et je regarde tes photos qui témoignent de cette esthétique.
Merci Marie-Anne, bonne journée !
laboucheaoreille
/ 15 novembre 2022Bonjour Ana Cristina. Tu exprimes très bien ce qu’on peut ressentir face à cette exposition. Tu as raison on se sent un peu hors du temps, quelque part entre les années 1940 et un futur lointain. La présence des avions de guerre vétustes renforçait cette sensation. Merci beaucoup de ton commentaire et très bonne journée à toi 🙂
Laurence Délis
/ 20 novembre 2022J’avais vu passé ton billet sans avoir eu le temps de venir le lire. C’est chose faite ! 🙂
Je suis impressionnée par les dimensions des oeuvres de Anselm Kiefer même si les thèmes abordés restent sombres… et se ressentent dans sa peinture. Mais je suis particulièrement touchée par l’association peinture/poésie qui me parle beaucoup.
Bonne fin de dimanche, Marie-Anne.
Miriam Panigel
/ 10 décembre 2022https://netsdevoyages.car.blog/2021/12/17/anselm-kiefer-pour-paul-celan-grand-palais-ephemere/
Vu l an passé et chroniqué : le lien ci dessus.
Merci pour la traduction du poème