J’avais déjà présenté ce livre au mois d’octobre pour mon Mois sur la Maladie Psychique et je vous en reparle aujourd’hui, cette fois-ci dans le cadre des Feuilles allemandes puisque Nelly Sachs est une des principales poètes allemandes du 20è siècle, ayant témoigné de la douleur intense et du traumatisme de la seconde Guerre Mondiale et des Camps de Concentration, au même titre que Paul Celan ou la poète autrichienne Ingeborg Bachmann.
Note pratique sur le livre :
Genre : poésie
Titre : Partage-toi, nuit
Editeur : Verdier
Date de Publication en français : 2005
Dates de Publication en allemand : 1961, 1965, 1966, 1971
Traduit de l’allemand par Mireille Gansel (et postface)
Nombre de Pages : 227 (235 avec la postface)
Note sur Nelly Sachs :
Née à Berlin en 1891, morte à Stockholm en 1970, elle est issue d’une famille juive allemande et sera naturalisée suédoise après son exil. Elle commence à écrire à 17 ans et publie ses premiers poèmes en 1921. Elle échappe aux persécutions nazies mais plusieurs membres de sa famille et quelques uns de ses proches sont victimes de cette barbarie. Sa poésie, à partir de 1946 et jusqu’à sa mort, témoigne de cette douleur et de ce deuil insurmontable. Elle obtient le Prix Nobel de littérature en 1966.
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J’ai choisi quatre poèmes issus du recueil de 1962-1966 Les énigmes ardentes.
Page 84
Princesses du deuil,
qui remontera le filet de vos tristesses ?
Où auront lieu les inhumations ?
Quel détroit vous pleurera
avec l’étreinte d’une patrie intérieure ?
La nuit votre soeur
prend congé de vous
en ultime amante –
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Page 103
Dans l’entre-temps
l’amour parfois voyage dans la clarté
lui qui brise en éclats
toute nuit protectrice
Trompette
lumière du Jugement dernier
à coups d’ailes d’aigle frémit le corps
enlevé trop haut –
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Page 109
Droit au fond de l’extrême
sans jouer à cache-cache devant la douleur
Je ne peux que vous chercher
quand je prends le sable dans ma bouche
pour goûter alors la résurrection
car vous avez quitté mon deuil
Vous avez pris congé de mon amour
vous mes bien-aimés –
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Page 110
Mais où trouver les paroles
celles éclairées par la mer primordiale
celles ouvrant-les-yeux
celles blessées d’aucune langue
celles dissimulées par les lumières-des-sages
pour ton ascension embrasée
les paroles
qu’un univers gouverné par le silence
entraîne dans tes printemps.
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La Bouche à Oreilles 
Matatoune
/ 9 novembre 2022Intéressant ! Changement notable avec ceux publiés pour le mois de la maladie psychique. Merci pour ce retour qui change ma perception.
laboucheaoreille
/ 9 novembre 2022C’est vrai, je l’avais un peu trop « tirée » du côté de la psychiatrie dans mon premier billet. Pour celui-ci, je présente d’autres facettes… Merci beaucoup de ta lecture Matatoune, bonne fin de journée 🙂
Marilyne
/ 9 novembre 2022Merci pour ces poèmes. Je n’ai pas encore lu Nelly Sachs. Cette seconde présentation m’invite à ne plus tarder.
laboucheaoreille
/ 9 novembre 2022Merci Marilyne pour votre appréciation. J’espère que ce livre vous plaira. Bonne fin de journée !
natlarouge
/ 9 novembre 2022très beau mais je ne savais pas qu’une poétesse avait eu le prix Nobel. Etonnant
laboucheaoreille
/ 9 novembre 2022Ah oui, ça arrive de temps en temps… Par exemple la poète américaine Louise Glück, a eu le Nobel il n’y a pas si longtemps… je pense qu’il y en a d’autres.
toutloperaoupresque655890715
/ 9 novembre 2022Ils sont bien beaux, ces poèmes, merci Marie-Anne.
laboucheaoreille
/ 9 novembre 2022Eh oui, très beaux ! Certains vers sont parfois hermétiques, mais ils provoquent pas mal d’images et d’idées, je trouve. Merci Jean-Louis et bonne journée !
Eva
/ 10 novembre 2022Encore un livre des éditions Verdier ! Il y en aura plusieurs cette année 🙂
Merci Marie-Anne 🙂
laboucheaoreille
/ 10 novembre 2022Ah oui, c’est un éditeur de grande qualité et renommé. Merci Eva et bonne journée à toi !
Ana-Cristina
/ 13 novembre 2022Je n’ai pas l’habitude de prendre à bras-le corps un recueil de poésies dans son entier car je me satisfais souvent d’un vers par-ci, d’un vers par-là. J’ai emprunté dans une médiathèque Partage-toi, nuit de Nelly Sachs. Je mène tambour patient sa lecture. C’est une grande première pour moi.
Merci beaucoup Marie-Anne pour ces pistes de lectures. Bonne soirée !