Ces poèmes sont extraits du recueil « Cent ans au printemps », dédié au grand-père paternel de la poète, et publié au printemps 2021 aux éditions « Les Lieux dits », dans la jolie collection des Cahiers du Loup bleu, dont j’ai eu le plaisir d’acquérir plusieurs recueils de poètes et poétesses différents.
Note sur la poète
Cécile Guivarch, née en 1976 près de Rouen, est une poète franco-espagnole (de langue française) qui a créé en 2005 et qui continue d’animer le site poétique Terre à Ciel. En 2017, elle est lauréate du Prix Yves Cosson pour l’ensemble de son œuvre. (Source : Wikipédia et moi)
Note sur le recueil
Ce livre recueille des souvenirs d’enfance en lien avec ce grand-père paternel et exprime avec délicatesse l’affection très forte entre la petite fille qu’elle était et cet homme aux yeux bleus intenses, proche de la campagne et de la mer, et qui avait fait la guerre. (source : moi)
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Personne n’a son regard
ni même la couleur de la mer
les canetons au creux des mains
je détale devant le dindon
le poème pour faire revenir
le sourire dans les yeux
nos deux extrémités
*
son odeur de tabac
(me serre tout contre)
***
Sont morts milliers de grands-pères
ce n’était pas le mien
qu’a-t-il pensé des avions
maisons tombées en gravats
un soldat évadé caché dans le grenier
devenu sourd et muet de ne pas avoir
le droit de parler
*
les mots sonnent vides
(comme des pas perdus)
***
Le jardin étendu plus loin que le jardin
les jours de pluie les herbes mouillées
sur le chemin interdit sauf riverains
des centaines de coquilles
les escargots déposés un à un dans un seau
pas pour une course de lenteur
les faire dégorger à l’ail puis au beurre
*
le persil toujours au jardin
(grand-père dans sa coquille)
***
(Dernier poème du recueil)
Il aurait eu cent ans au printemps
vingt ans comme ses années de mer
j’ai une barque dans la tête
elle va et vient avec les vagues
j’étais encore une enfant quand j’ai écrit
ma première rédaction
la couleur de ses yeux
*
se souvenir nous met au monde
(poitrine soulevée de tant de battements)
***
Matatoune
/ 24 janvier 2022Bcp de sensibilité et d’affection chez cette poète ! Merci, encore une découverte !
laboucheaoreille
/ 25 janvier 2022Oui, ses poèmes sont vraiment très jolis et touchants. Il y a beaucoup de tendresse dans ses mots. Merci Matatoune bonne journée 🙂
Pat
/ 24 janvier 2022Des mots délicats et tendres comme le sont les meilleurs hommages.
laboucheaoreille
/ 26 janvier 2022Tout à fait d’accord ! J’ai beaucoup apprécié le portrait de ce grand-père, qui représente en même temps une génération qui avait connu la 2ème guerre mondiale, et qui m’a évoqué certains membres de ma famille, jusqu’à un certain point. Il y a donc un côté très personnel mais aussi universel, je trouve. Merci Pat, bonne soirée !
La culture dans tous ses états
/ 25 janvier 2022Ce qu’elle écrit est d’une rare sensibilité et puis quel joli titre porte ce recueil. Merci pour ce beau partage Marie-Anne, je te souhaite une belle journée !
laboucheaoreille
/ 26 janvier 2022Je suis contente que tu apprécies ces poèmes et le titre du livre 🙂 Merci Frédéric, belle soirée à toi 🙂
Madame lit
/ 27 janvier 2022Comme c’est doux et tendre. J’ai ressenti la nostalgie m’envahir en les lisant. J’ai pensé bien sûr à mes grands-pères décédés et au lien qui nous unissait. J’ai vraiment adoré. Merci
laboucheaoreille
/ 29 janvier 2022Je suis très contente que tu aies aimé ces poèmes! Pour moi aussi ça a été une très belle lecture et un moment poétique très délicat. Merci Nathalie ! Très bon week-end !
Dans l'oeil d'une flâneuse Bretonne....
/ 8 février 2022Magnifique.. Merci Marie-Anne 🙏
laboucheaoreille
/ 9 février 2022Contente que ça te plaise, Eveline 🙂 Bonne journée, bises !