Voici un roman que je souhaitais lire depuis très longtemps et que je n’avais pas encore eu le temps de découvrir. Il faut dire que le film, vu à sa sortie en 2005, ne m’avait pas plus que cela emballée, même si j’avais trouvé les personnages bien charmants et les costumes fort jolis. Mais je me doutais que le roman de Jane Austen valait mieux que son adaptation cinématographique, ce en quoi je n’avais pas tort !
Quatrième de Couverture :
Elisabeth Bennet a quatre sœurs et une mère qui ne songe qu’à les marier. Quand parvient la nouvelle de l’installation, à Netherfield, de Mr Bingley, célibataire et beau parti, toutes les dames des alentours sont en émoi, d’autant plus qu’il est accompagné de son ami Mr Darcy, un jeune et riche aristocrate. Les préparatifs du prochain bal occupent tous les esprits…
Jane Austen peint avec ce qu’il faut d’ironie les turbulences du cœur des jeunes filles et, aujourd’hui comme hier, on s’indigne avec l’orgueilleuse Elisabeth, puis on ouvre les yeux sur les voies détournées qu’emprunte l’amour…
(Source : éditeur, Le livre de poche)
Mon humble Avis :
Ce roman m’a paru décrire d’une manière très juste mais aussi très ironique le mode de vie de l’aristocratie anglaise de l’époque, où les seules préoccupations de la noblesse tournaient autour des intrigues amoureuses, des possibilités de mariage, des relations sociales et, accessoirement, de l’argent qui est tout de même bien présent quoique les principaux personnages feignent de l’ignorer et d’être au-dessus de ces préoccupations bassement matérielles.
Ainsi, les deux héroïnes principales de ce livre, les deux sœurs, Jane et Elisabeth, qui sont à la fois les plus belles et les plus intelligentes de leur famille, appartiennent à une petite noblesse, relativement peu fortunée, et il n’y a qu’un beau mariage qui puisse leur assurer un meilleur avenir matériel et social. Au final, elles feront effectivement de très beaux mariages, avec des hommes riches et d’un rang social bien plus élevé que le leur, mais ce seront des mariages d’amour où les soucis d’intérêt n’interviendront absolument pas et, ainsi, on peut dire que les hasards de leur cœur a très bien fait les choses et qu’elles restent des jeunes filles tout à fait nobles, sentimentales, pures et désintéressées. Ainsi, dans ce roman, les quelques personnes qui émettent des interrogations quant aux calculs d’argent et à la cupidité, comme la mère de famille, Mrs Bennett, ou la châtelaine prétentieuse et acariâtre, Lady Catherine de Bourgh, sont présentées comme stupides, mesquines, un peu sordides, et n’ayant rien compris à la pureté d’Elisabeth et Jane Bennett.
Les situations et les dialogues m’ont paru bien observés et très naturels, même si certains personnages sont assez caricaturaux, mais cet aspect caricatural sonne vrai et semble inspiré d’une possible réalité – sachant que les humains peuvent être effectivement excessifs, peu nuancés et ridicules – d’autant que Jane Austen sait les faire agir, parler et réagir avec une grande finesse et cohérence psychologique.
J’ai apprécié l’écriture de l’écrivaine anglaise et la manière subtile dont elle nous montre l’évolution de ses personnages, les conflits entre l’intensité des sentiments amoureux et le carcan des conventions sociales imposées aux jeunes filles et aux femmes.
Comme dans les contes de fées, le roman s’achève avec le mariage des deux héroïnes, comme s’il n’y avait plus rien d’imaginable, d’intéressant ou de racontable à partir du moment où l’alliance était glissée au doigt d’une jeune fille. Et le mariage fait ici plutôt figure de définitive conclusion plutôt que d’amorce d’une aventure conjugale éventuellement sujette à l’imprévu !
Une lecture agréable, intéressante et divertissante !
Un Extrait page 162 :
(…) Et maintenant, il ne me reste plus qu’à vous assurer, dans les termes les plus éloquents qui soient, de la violence de mes sentiments. La fortune me laisse parfaitement de marbre, et je ne poserai pas la moindre condition en ce sens à votre père, car j’ai bien conscience qu’il ne pourrait pas l’accepter ; les mille livres placées à quatre pour cent, qui ne seront à vous qu’après le décès de votre mère, sont tout ce à quoi vous aurez droit. Par conséquent, je me tairai sur ce point, et vous pouvez être sûre qu’une fois que nous serons mariés, nul reproche intéressé ne franchira mes lèvres.
Il devenait absolument nécessaire de l’interrompre sans délai.
– Vous allez trop vite, monsieur, s’écria-t-elle. Vous oubliez que je ne vous ai pas répondu. Laissez-moi le faire sans plus perdre de temps. Acceptez mes remerciements pour les compliments que vous me faites. Je suis très sensible à l’honneur de votre proposition, mais je ne peux faire autrement que de la décliner.
Balayant cette remarque d’un geste de la main, Mr Collins lui rétorqua :
– Ce n’est pas aujourd’hui qu’on va m’apprendre qu’il est de bon ton pour une jeune fille de rejeter la demande de l’homme qu’elle entend secrètement épouser, la première fois qu’il sollicite sa main, et que parfois ce refus se répète une deuxième, voire une troisième fois. Je ne suis donc nullement découragé par ce que vous venez de dire, et j’espère vous mener très prochainement à l’autel. (…)
Michel B.
/ 9 janvier 2022C’est toujours très classe d’évoquer dans sa demande en mariage les questions d’argent… Mr Collins n’aurait pas parlé de ces « mille livres placées à quatre pour cent » que c’eût été une faute de goût !… :-))
laboucheaoreille
/ 11 janvier 2022Haha oui 😀 Ce Monsieur Collins est un gros lourdaud, et Jane Austen le présente comme ridicule et stupide. Bonne soirée Michel, merci de votre commentaire 🙂
Matatoune
/ 9 janvier 2022Un classique de chez classique qu’il me faudrait redécouvrir …si je n’étais pas tant attirée par les nouveautés ! 😊
laboucheaoreille
/ 11 janvier 2022J’ai le problème inverse, mon intérêt pour les classiques ne me laisse pas assez de temps pour les nouveautés… il faut bien faire des choix. Bonne soirée Matatoune ! 🙂
Petit être
/ 9 janvier 2022Je trouve fort prétentieuse la dernière phrase de ce Mr Collins.
laboucheaoreille
/ 10 janvier 2022C’est un de ses traits de caractère, effectivement. C’est un personnage très bête et très vaniteux, dont l’écrivaine montre le ridicule dès qu’il ouvre la bouche.
Merci Petit-être, bonne soirée !
natlarouge
/ 9 janvier 2022je l’ai lu il y a longtemps et j’ai beaucoup aimé la version « série » de la BBC d’il y a quelques années. rien de mièvre, et une langue !
laboucheaoreille
/ 10 janvier 2022Sans doute la BBC a été plus respectueuse avec le roman de Jane Austen que le film avec Keira Knightley qui était plutôt moyen. Merci Natlarouge 🙂 Bonne soirée !
La Barmaid aux Lettres
/ 9 janvier 2022J’avoue que je n’ose pas passé le pas ! La littérature anglaise de ce style (avec les sœurs Brontë) ce n’est pas ma tasse de thé, je n’arrive pas à accroché. Mais c’est certain que cela renferme une critique sans doute très juste de la société anglaise de l’époque.
laboucheaoreille
/ 10 janvier 2022Je comprends tes réticences, moi aussi je craignais de sauter le pas. Ce n’est pas de la littérature à l’eau de rose, en tout cas, et ce n’est pas niais du tout car il y a beaucoup d’ironie et de dérision.
Concernant les sœurs Brontë j’aime bien leur poésie…
La Barmaid aux Lettres
/ 11 janvier 2022J’y penserai (c’est tout de même un classique !) mais ce n’est pas dans mes priorité 🙂
La culture dans tous ses états
/ 9 janvier 2022Un grand classique dont tu parles avec talent. Jane Austen a vu son livre être porté au cinéma avec l’excellente actrice : Keira Knightley. Un film qui m’a laissé un beau souvenir. Beau dimanche Marie-Anne 🙂
laboucheaoreille
/ 10 janvier 2022Merci Frédéric. Keira Knightley est une très jolie personne. Le livre de Jane Austen vaut mieux que cette adaptation au cinéma, selon moi un peu trop à l’eau de rose. Belle semaine à toi !
La culture dans tous ses états
/ 12 janvier 2022C’est très juste. Ce que j’aime dans la découverte d’un roman, c’est de laisser voguer mon imagination afin de penser les personnages, les lieux. C’est plus enrichissant de ce point de vue qu’un film. Belle journée à toi Marie-Anne 🙂
laboucheaoreille
/ 12 janvier 2022Tout à fait d’accord avec toi Frédéric. Belle journée à toi 🙂
Madame lit
/ 9 janvier 2022Mr Collins est l’un de mes personnages préférés! Il me fait rire… J’adore la plume de Jane Austen et son ironie. Elle a ouvert la porte à beaucoup d’écrivaines… Si tu n’as pas lu mon billet, j’explique dans ce dernier pourquoi j’aime Austen. Je me permets de te le partager ici : https://madamelit.ca/2015/08/20/pourquoi-madame-lit-elle-des-romans-de-jane-austen/ L’adaptation de la BBC est à mon avis la meilleure.
laboucheaoreille
/ 10 janvier 2022Merci pour le lien vers ton article ! C’est une chronique très juste.
Mr Collins est en effet un personnage très ridicule, très bête et très vaniteux. A certains moments il me paraissait drôle et d’autres fois exaspérant.
Bonne soirée Nathalie 🙂
princecranoir
/ 10 janvier 2022Comme toi, je n’avais pas été emballé par le film. Cependant je n’ai pas encore franchi le pas de la lecture. Grâce à toi, j’en ai un petit avant-goût.
Merci Marie-Anne, passe une bonne semaine.
laboucheaoreille
/ 10 janvier 2022Le roman vaut beaucoup mieux que le film car il y a beaucoup d’ironie et de finesse psychologique. Le film était un peu à l’eau de rose, avec ces actrices fades et sans caractère.
Merci Prince, bonne semaine à toi !