J’ai trouvé ces cinq poèmes dans le recueil « Tout le monde est tout le temps en voyage » publié par les éditions Al Manar en novembre 2020, avec des dessins de Tereza Lochmann.
J’ai particulièrement apprécié ce recueil, pour le côté insolite de ses images, la finesse de son humour.
Note sur le Poète :
Emmanuel Moses, poète, traducteur, romancier, est né à Casablanca en 1959, a passé sa petite enfance à Paris et sa jeunesse en Israël. Il a d’abord publié des poèmes, puis des romans : depuis 1988, une quarantaine d’ouvrages (chez Al Manar, Le voyageur amoureux, 2014 ; Ivresse, 2016 ; Le Paradis aux acacias, 2018). Il est également traducteur, notamment de l’hébreu moderne.
Emmanuel Moses poursuit à Paris, où il vit et travaille, la construction d’une œuvre singulière où se mêlent et se côtoient abstrait et concret, imaginaire et réel, horreur et humour, passé et présent.
Note sur l’illustratrice :
Tereza Lochmann est une jeune artiste tchèque diplômée de l’Ecole des Beaux-Arts de Paris, qui vit, travaille et expose en France.
Voici quelques poèmes extraits de ce recueil :
page 17
Où que j’aille les moineaux me suivent
Comme une langue maternelle
Comme un souvenir
Un chagrin
Et je les nourris
Comme ma langue
Mes souvenirs
Mes chagrins
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page 31
Un moustique a dépassé Dieu
Mais peu importe au fond
Je ne sais pas pourquoi je vous annonce cette nouvelle
De toute façon il n’y a rien à voir.
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Page 32
Tout allait bien jusqu’au moment où tu es mort :
C’est alors que les choses se sont compliquées :
Personne ne t’avait appris à te débrouiller
Sans tes cinq sens,
A voler hors de l’espace ni à nager hors du fleuve
du temps.
Et pourtant, tu t’en es sorti,
Oiseau, poisson de l’éternité !
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Page 55
Maintenant le jour se montre plus généreux
Les arbres eux aussi regardent moins à la dépense
Mystérieusement, les poissons renaissent dans les bassins et les étangs
Les oiseaux ont ôté de leur bec le bâillon de l’hiver
La nature n’a pas secoué toute sa torpeur
Elle titube encore sous la lumière pâle
Pourtant elle s’est mise en chemin
Je perçois déjà son souffle, j’entends ses pas
Le printemps va passer sous mes fenêtres.
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Page 58
Les mots sont des revenants
Auxquels nous donnons une nouvelle vie
Une fois que nous les avons dits
Nous en faisons des fleurs, des fruits
Eux qui pendaient morts à un arbre mort
Nous les transplantons
Et greffés en nous
Ils reprennent couleur, saveur
Sont de saison
Dans notre saison d’homme.
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Matatoune
/ 5 janvier 2022Je ne connaissais pas ! Impression mitigée, mais le dernier me plaît bien !
laboucheaoreille
/ 5 janvier 2022C’est le dernier poème que je préfère moi aussi. Merci Matatoune de votre lecture et de votre avis ! Bonne journée !
Frog
/ 5 janvier 2022C’est très beau, merci de nous faire découvrir ces poèmes !
laboucheaoreille
/ 6 janvier 2022Merci Quyên ! Contente que vous ayez apprécié ! Bonne journée. Amitiés.
toutloperaoupresque655890715
/ 5 janvier 2022Je suis d’accord sur la saveur particulière du dernier poème.
Bonne journée, Marie-Anne.
laboucheaoreille
/ 6 janvier 2022Oui il est très inspiré et très réussi. Merci beaucoup Jean Louis de ton commentaire, bonne journée.
lesfaitsplumes
/ 5 janvier 2022Bonjour Marie-Anne et meilleurs vœux. Ben moi cette fois-ci je suis conquise! Je les aime tous et je veux en savoir plus 🙂 Bises. Delphine
laboucheaoreille
/ 6 janvier 2022Bonjour Delphine et meilleurs vœux à toi aussi ! Je suis très heureuse que tu aies été conquise 🙂 bonne journée et année ! Bises !
Joséphine Lanesem
/ 5 janvier 2022J’adore ! Merci de nous faire découvrir un contemporain 🙂
Quant à moi, je les aime tous mais je préfère le premier.
laboucheaoreille
/ 6 janvier 2022Ravie que tu aies aimé ces poèmes 🙂 J’essaie d’accorder une plus grande place aux poètes contemporains ces derniers temps. Merci beaucoup Josephine de ta lecture et de tes mots 🙂
Laurence Délis
/ 5 janvier 2022Encore une belle découverte pour moi !
Merci Marie-Anne pour la richesse de tes partages.
laboucheaoreille
/ 6 janvier 2022Merci Laurence de ce gentil commentaire ! Ça me fait très plaisir. Bonne journée ! Et bonne année également 🙂
Madame lit
/ 6 janvier 2022Des mots comparés à des revenants, c’est fort! Merci pour ce beau moment de poésie. Notre monde a tant besoin de poètes…
laboucheaoreille
/ 8 janvier 2022J’ai bien aimé cette comparaison, les mots inemployés qui sont comme des morts ou des âmes errantes que l’on peut ressusciter en les prononçant. Merci Nathalie de ton commentaire et de ta lecture !
La culture dans tous ses états
/ 6 janvier 2022Tes connaissances en matière de textes poétiques, auteur(e)s, m’ont toujours impressionné. Ton blog est un vivier où l’on célèbre les mots, la poésie qui touche l’âme. Excellente soirée Marie-Anne.🙂
laboucheaoreille
/ 8 janvier 2022Merci Frédéric 🙂 J’aime beaucoup découvrir de nouveaux poètes et partager ces découvertes sur ce blog. Excellente journée à toi !
princecranoir
/ 8 janvier 2022Très beaux poèmes. J’aime surtout le dernier.
Belle année Marie-Anne.
laboucheaoreille
/ 12 janvier 2022Le dernier est particulièrement bien, je suis d’accord ! Merci beaucoup Prince Écran Noir de ton appréciation 🙂