Pour un Herbier de Colette

Ce livre m’a été offert par Goran du blog des livres et des films – et je souhaite lui rendre hommage à travers cet article. Comme il s’agit d’un magnifique cadeau, je ne résiste pas à l’envie de vous en montrer quelques illustrations – par Raoul Dufy – et de vous parler du texte extrêmement poétique, imagé et aromatique de Colette.

Note sur Colette :

Gabrielle Sidonie Colette (1873-1954) est une femme de lettres française, également mime, comédienne et journaliste. Elle est l’une des plus célèbres romancières françaises du 20è siècle. Membre de l’Académie Goncourt à partir de 1945. Elle reçoit des obsèques nationales.

Note sur Raoul Dufy :

Né en 1877, mort en 1953. Il est d’abord influencé par le Fauvisme, puis par le Cubisme et est fortement impressionné par Cézanne. Le grand couturier des années 1910-1930, Paul Poiret, fait appel à lui pour la création de motifs de tissus. Après la guerre 14-18, ses couleurs deviennent plus éclatantes et son dessin plus souple. Il voyage dans plusieurs pays du Sud, Italie, Maroc, Espagne. Il réalise pour l’Exposition Universelle de 1937, La Fée Electricité, qui était à l’époque le plus grand tableau du monde (624 m2). Il illustre plusieurs livres, Les Nourritures terrestres de Gide en 1949 et L’Herbier de Colette en 1950. (Source : Wikipédia)

Mon Humble Avis :

Dans ce livre, Colette passe en revue les différentes sortes de fleurs, des plus communes aux plus sophistiquées, et consacre à chacune d’entre elle un chapitre particulier qui ressemble souvent à un poème en prose. L’écrivaine fait pour ainsi dire le portrait de ces différentes plantes, un portrait sensuel où sont convoquées les textures des pétales et des feuillages, les couleurs, les parfums, et tous les petits détails descriptifs que Colette sait admirablement représenter, à la manière d’un peintre.
Mais, au-delà du côté purement botanique et « leçon de choses » à la mode d’autrefois, elle nous parle aussi de culture et de littérature, de la manière dont tel graveur ou tel poète ont chanté la tulipe ou la rose, de la façon dont la mode a pu s’emparer de telle espèce de fleur, des traditions campagnardes encore assez vivaces pour perpétuer la connaissance des « plantes médicinales », de la vente du muguet le premier mai et des rituels qui l’accompagnent, etc.
C’est aussi une évocation de Colette elle-même et de ses goûts personnels, de son caractère fort, épris de beauté et curieux de ce qui l’entoure. Au moment où elle a écrit ce livre, elle avait déjà soixante-dix-huit ans et il ne lui restait que trois ans à vivre, mais son style très vif, poétique, savoureux et alerte ne laisse pas du tout deviner la plume d’une très vieille dame.

Un Extrait page 26

Orchidée

Je vois un petit sabot pointu, bien pointu. Il est façonné d’une matière verte comme le jade, et sur le nez du sabot est peinte, en couleur marron, une minuscule figure d’oiseau nocturne, deux grands yeux, un bec. A l’intérieur du sabot, tout le long de sa semelle, quelqu’un – mais qui ? – a semé une herbe d’argent, inclinée. La pointe du sabot n’est pas vide, une main – mais laquelle ? – y versa une goutte miroitante, vitrifiée, étrangère à l’aiguail naturel comme à la rosée artificielle que vaporisent les fleuristes. Je l’ai recueillie sur la pointe aiguë de la lame-à-tout-faire, ma servante à qui nulle besogne ne répugne, qui taille les crayons, pèle les châtaignes, coupe en rectangles le papier pervenche et en rondelles les radis noirs. Cette goutte, translucide et figée, je l’ai mangée pour la mieux connaître. Aussitôt mon meilleur ami a élevé la voix et les bras : « Malheureuse ! » s’écria-t-il. Il ajouta d’excellentes paroles touchant les poisons végétaux de la Malaisie et la fabrication, à jamais mystérieuse, du curare. En attendant les affres qu’il me promettait, la grosse loupe m’aidait à déchiffrer l’orchidée. (…)

**

Pour un herbier de Colette est paru en 2021 chez les éditions Citadelles et Mazenod. Comme il est précisé à la fin de ce livre, « Cet ouvrage est un fac-similé de l’édition originale de luxe éditée par Henry-Louis Mermod en 1951 »

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20 Commentaires

  1. Chère Marie-Anne, ce cadeau est un trésor. La prose de Colette s’émerveillant d’une fleur, d’un parfum, d’une couleur est un chef-d’oeuvre de sensualité. Les aquarelles de Dufy, comme en contrepoint, évoquent toute en légèreté les arômes entêtants de Colette. Un précieux souvenir pour une belle amitié ! Bien à toi, Danielle

    Réponse
    • Merci Danielle, c’est vrai que le style de Colette se marie très bien avec les couleurs de Dufy, c’est joyeux, pétillant, vivant. Goran m’a fait un magnifique cadeau. Bien amicalement, Marie-Anne

      Réponse
  2. lyssamara

     /  18 mai 2021

    Y raconte-t-elle aussi l’iris des rivières et de mai? Comme j’aimerais acheter cet ouvrage à la librairie Delamain, si proche des colonnes de Colette et leur jardin royal !
    🙂

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    • Je viens de regarder, elle parle des iris des jardins au chapitre « bleu » sur les fleurs bleues… sinon, pas d’iris des rivières ou de mai. Je ne crois pas qu’elle cherchait à être exhaustive sur toutes les fleurs existantes. Et en effet elle habitait au Palais royal, un quartier très chic !

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  3. Quel beau souvenir de Goran !
    Merci Marie-Anne 🙏

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  4. Il a l’air beau ce livre. Merci Marie-Anne pour cet hommage à Goran et ce partage 🙂

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    • Oui, c’est un livre magnifique, où le texte de Colette s’harmonise très bien avec les aquarelles de Dufy ! Merci Frédéric 🙂

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  5. Quel beau livre! J’adore peindre des fleurs à l’aquarelle. Je crois que je vais l’acheter. Très bel hommage à Goran….

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    • Les aquarelles de Raoul Dufy sont magnifiques, et vont très bien avec le style de Colette ! C’est vraiment un beau livre ! Merci Madame lit 🙂

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  6. Magnifique ! Merci de partager … Dufy et Colette quel plaisir !

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    • Oui, c’est un beau livre d’art, et en plus dédié à la nature ! Un très grand plaisir de feuilleter ce livre, je ne m’en lasse pas !

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  7. Quel superbe cadeau !

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    • Goran avait le goût des belles choses et une grande générosité, je suis touchée qu’il m’ait offert ce livre. Merci Quyên !

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  8. Une couronne de fleurs composée par Goran, il n’y avait pas plus beau souvenir que ces jolies couleurs mises en texte pour qu’il ne fane jamais dans nos mémoires.

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    • Merci Prince ! Tu as trouvé les mots justes pour exprimer ce que je ressens. Le souvenir de Goran restera à coup sûr très vivace dans mon esprit, et ce livre en est le symbole. Bonne soirée !

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  9. J’aime tout dans ce livre. J’ai bien envie de me l’offrir. Les illustrations de Raoul Dufy semblent magnifiques. Un bien bel hommage à Goran !

    Réponse
    • Merci Alain ! De mon côté j’ai été emballée par ce livre, les textes, les aquarelles, la qualité du papier, etc. Tout m’a plu ! Bonne journée !

      Réponse
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