J’ai lu ce livre car il m’a été prêté par une amie qui lit volontiers de la littérature engagée et qui connait assez bien mes goûts pour me conseiller judicieusement.
J’avais entendu parler d’Edouard Louis, surtout au moment de la parution d’Eddy Bellegueule, mais je n’avais encore jamais rien lu de lui.
Ce livre autobiographique est un portrait d’homme, le père d’Edouard Louis, qui a aujourd’hui une cinquantaine d’années et ne peut plus travailler après plusieurs décennies passées à l’usine en tant qu’ouvrier.
Edouard Louis présente son père comme un homme violent, dur, injuste, qui l’a souvent maltraité mais il montre aussi ses bons côtés, les bons moments qu’ils ont parfois passés ensemble. Il évoque les sentiments ambivalents qu’il lui porte : il a longtemps fait croire à son entourage qu’il détestait son père alors qu’en réalité il l’aimait et il se demande pourquoi nous avons souvent honte d’aimer nos parents.
A la fin du livre, il accuse les différents gouvernements, de gauche et de droite, qui se sont succédés depuis vingt ans et qui n’ont eu de cesse de faire reculer les acquis sociaux et de détériorer les conditions de vie des ouvriers et des pauvres, ce qui a littéralement démoli son père physiquement, au point qu’il risque de mourir à tout instant d’un arrêt cardiaque ou respiratoire.
Mon avis : C’est un livre assez fort, qui ne recule pas devant certains clichés (une certaine vision de la classe ouvrière, brutale, grossière, homophobe et partisane de l’extrême-droite) mais qui a l’avantage de s’exprimer avec une franche indignation et un souci de réalisme indéniable. On retrouve les préoccupations sociologiques et politiques qui caractérisent certaines autofictions en vogue ces derniers temps dans la littérature. J’ai trouvé par exemple une certaine parenté avec La Place d’Annie Ernaux, qui parlait aussi de son père ouvrier.
La volonté de dénoncer les hommes politiques, nommément cités, dans un ouvrage littéraire, est originale et participe toujours du même souci d’ancrer cet homme dans un contexte historique bien précis et de nous le montrer non seulement comme un père violent et abusif, mais surtout comme une victime que la société à broyée.
Un livre qui se lit rapidement, sans déplaisir, et qui fait oeuvre utile en abordant des sujets d’actualité. Mais un livre pas du tout poétique !
Goran
/ 5 février 2020Je n’ai jamais lu, mais je connais le personnage…
laboucheaoreille
/ 5 février 2020Oui, il est assez médiatique ! On a beaucoup parlé de son premier livre « En finir avec Eddy Bellegueule » …
La culture dans tous ses états
/ 5 février 2020Je connais cet auteur de réputation seulement. Je note ce livre qui parle des moins favorisés. C’est une triste réalité. Merci pour ce joli partage Marie-Anne 🙂
laboucheaoreille
/ 5 février 2020C’est vrai, le thème social et sociologique est important dans ce livre ! Mais la relation père-fils est aussi très importante et ambivalente …
Merci Frédéric de ton passage et de cet avis 🙂
Eva
/ 6 février 2020Je dois attendre une dizaine d’année pour le lire, je pense- On a tellement parlé de l’auteur pour son premier livre que ça m’a un peu coupé l’envie ! Dommage, car les sujets sont intéressants.
laboucheaoreille
/ 6 février 2020Le premier ne me faisait pas envie non plus, pour sa réputation de violence en tous genres. Mais celui-ci m’a paru plus à ma portée et comme une amie me l’a prêté c’était l’occasion …
Merci Eva de cet avis et de votre visite 🙂
Madame lit
/ 7 février 2020Encore rien lu de cet écrivain… merci pour cette présentation. Les thèmes sont profonds, universels.