Permanent Vacation, de Jim Jarmusch

Permanent Vacation est le premier film de Jim Jarmusch, réalisé en 1980, et il s’agit plus précisément de son film de fin d’études, réalisé avec peu de moyens, et relativement court puisqu’il dure 75 minutes.
Ce film a pour héros un jeune homme d’une vingtaine d’années, Aloysious Parker, fan de Charlie Parker et lecteur de Lautréamont, qui déambule sans but dans les quartiers les plus délabrés de New York, parmi les paumés et les dingues avec qui il échange parfois quelques mots ou se contente d’écouter leurs monologues plus ou moins cohérents, plus ou moins absurdes.
Au début du film, nous croyons comprendre qu’Aloysious (« Allie ») recherche sa mère, mais lors de son entrevue avec elle dans l’asile psychiatrique où elle est internée, il semble tout à fait détaché d’elle, concluant leur bref échange de paroles par un laconique « tu es folle » après quoi ils n’ont plus rien à se dire.
Nous croyons ensuite comprendre que notre héros recherche le bâtiment où il est né « bombardé par les chinois » ou sans doute par les vietnamiens, et cette irruption de la guerre du Vietnam en plein New-York est l’occasion d’une scène fortement teintée de surréalisme, qui n’est pas sans intérêt.
Puis c’est une longue errance, où l’ennui le dispute à la solitude – aussi bien pour Aloysious que pour le spectateur qui se fatigue de toutes ces rencontres sans queue ni tête.
Un regain d’intérêt nous happe un instant, lorsqu’Aloysious vole une voiture et la revend pour 800 dollars, après quoi notre héros décide de quitter l’Amérique pour s’installer à Paris qui devrait être sa Babylone.

J’ai trouvé que ce film était très représentatif de l’atmosphère des années 80, avec une esthétique punk du délabrement et de la saleté urbaine, sans compter l’attitude froidement apathique et dégingandée d’un héros à la voix traînante et monocorde. Je crois que ce style a très mal vieilli et qu’on ne peut pas construire tout un film sur une suite de postures et d’attitudes – aussi avant-gardistes soient-elles.
Il y a deux ou trois scènes intéressantes mais elles sont sans réel lien les unes avec les autres, et donnent une impression d’errance décousue.
La bande son m’a paru très travaillée, mêlant musiques dissonantes et bruitages oppressants, à côté des voix humaines.
Malgré tout, c’est assez amusant de voir en germe dans ce film quelques idées qui seront reprises ultérieurement par Jarmusch dans d’autres films, et de manière plus réussie.

Bref, je conseillerais ce film à un fanatique de Jim Jarmusch, ou de l’esthétique des années 80.

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32 Commentaires

  1. J’ai aimé, j’aime tout Jarmush… Je les ai un jour tous enfilé, sur plusieurs jours… La photo que vous avez choisie qui illustre certaines jacquettes de Dvds est une image que l’on retrouve énormément dans le cinéma…

    J’aimerais bien connaitre l’intention du premier qui a inspiré et continue d’inspirer tellement de réalisateur… On retrouve dans un film de « Šarūnas Bartas » une telle image très puissante, tout au long d’un film avec un lit à la place de la chaise, un lit souvent vacant.. Sinon que le contexte en lieu et place de la saleté urbaine british est celui de la pauvreté rurbaine des hauts plateaux d’Asie Centrale…

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    • Merci pour ces références ! Je n’avais pas connaissance de ce film. Jarmusch est un cinéaste que j’apprécie mais je suis loin d’avoir vu tous ses films, peut-être quatre ou cinq …

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  2. Merci pour cette présentation, il me semble que je n’ai pas vu ce film…

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  3. J’ai beaucoup aimé Stranger Than Paradise. Je ne connaissais pas celui-ci, merci pour ce partage!

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  4. Connais pas ce film, en revanche Charlie Parker oui et fan (ce mot me fait horreur) bien avant les années 80…qui marquèrent irrémédiablement vers le bas….
    Je t’embrasse Marie-Anne…

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    • Désolée de l’emploi de ce mot barbare 🙂 Moi aussi j’aime bien le jazz mais je connais trop peu Charlie Parker. Plutôt amatrice de Coltrane … Je t’embrasse Niala !

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      • L’un porte à l’autre chronologiquement…

      • C’est fort probable ! Mais mon intérêt pour le jazz est assez récent et je découvre cet univers peu à peu … C’est tellement riche et touffu qu’on peut s’y perdre !

      • Un Univers joliment ouvert dans lequel on trouve rapidement des affinités stylistiques selon ses propres goûts…

      • Oui, c’est vrai ! Merci.

      • Mon milieu originel est celui du rock et des univers musicaux de l’écriture poétique selon Ferré, Verlaine, Rimbaud, Baudelaire, Apollinaire, Brel, Barbara, Brassens, Aragon, Luca, etc. Du rock, j’ai découvert le Hip-hop qui m’a conduit au Jazz en passant par Zappa, Magma, les Blues,etc. Alors je vous souhaite de beaux voyages

      • Moi aussi mes premiers attachements portaient sur le rock … Merci Etoile 31 !

  5. stephane.cassin

     /  21 septembre 2019

    Je ne connais pas du tout ce film, merci de cette info! Bonne journée Marie-Anne ツ

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  6. À mon époque cinéphile, j’allais systématiquement voir les fils de Jim JARMUSCH, mais celui-ci (film de fin d’études), je ne le connais pas.
    Merci Marie-Anne, et bonne journée à toi.

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    • Celui-ci est une oeuvre de jeunesse, qui a son intérêt, mais pas aussi abouti je pense que ses films plus « mûrs ». Merci Jean-Louis, très bonne journée à toi 🙂

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  7. Hihihi, merci de lire les films et non les fils (faute de frappe). 😉

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  8. Un film d’errance, une constante chez Jarmusch. Un film de fin d’étude, fait à l’arrache, dans l’urgence, d’où son côté assez brut et dépouillé. Sans doute un peu poseur parfois, étalant ses références certes mais qui ne sont loin d’être déshonorantes, j’avais trouvé dans ce film quelque chose d’envoutant et poétique comme je l’expliquais dans mon article. Ancré dans son époque, il peine à séduire c’est vrai aujourd’hui, mais increvable il ressurgit de manière inopinée dans « The Dead don’t die » à travers Sara Driver, ici une nurse, devenue morte-vivante dans son récent métrage.

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    • Je suis d’accord sur son côté poétique, que l’on retrouve dans un grand nombre de ses films, plus ou moins explicitement. L’idée d’une longue errance ponctuée par des rencontres il me semble effectivement qu’elle se retrouve dans d’autres de ses films (je suis loin de les avoir tous vus). Pas vu The Dead don’t die …

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  9. Quelle pépite ! Merci merci !

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  10. Alain J

     /  22 septembre 2019

    Bonjour. Un film du réalisateur de Paterson , sur l’errrance ., sur les années 80 . Si j »avais la possibilité d’aller au cinenema je me ferais une joie ‘ aller le voir immédiatement.

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  11. Je me glisse derrière ma place prise par un bavard pour te répondre, Marie-Anne, le Jazz remonte beaucoup plus en arrière étant donné que ses grands moments datent à présent. Il y a une suite assez logique comme un ordre qui s’inscrivait sans déroger à la qualité d’origine: l’expression noire où des blancs arrivent à le devenir vraiment, Coltrane et Charlie en sont de bons exemples.

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    • Oui, j’ai encore beaucoup à découvrir ! Pour l’instant j’apprécie déjà beaucoup Miles Davis, Coltrane, Billie Holiday, ou Bill Evans et j’ai découvert avec plaisir Thelonious Monk. Tu as raison, il importe peu que les musiciens soient noirs ou blancs, du moment qu’ils sont inspirés ! J’irai écouter Charlie Parker, sans faute !

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