J’ai trouvé ce poème d’Anne Sexton sur le site de poésie contemporaine Poezibao.
Anne Sexton (1928-1974) est une poète américaine contemporaine de Sylvia Plath.
La magie noire
Une femme qui écrit est trop sentimentale,
toutes ces transes et ces présages !
Comme si les cycles, les enfants et les îles
ce n’était pas assez ; comme si les deuils, les commérages
et les légumes ne suffisaient jamais.
Elle pense qu’elle peut mettre en garde les étoiles.
Une écrivaine est par essence une espionne.
Cher amour, je suis cette femme.
Un homme qui écrit est trop savant,
tous ces sorts et ces fétiches!
Comme si les érections, les congrès et les produits
ce n’était pas assez ; comme si les machines, les galions
et les guerres ne suffisaient jamais.
Avec des meubles d’occasion il fait un arbre.
Un écrivain est par essence un escroc.
Cher amour, tu es cet homme.
Sans jamais nous aimer nous-mêmes,
haïssant même nos chaussures et nos chapeaux,
nous nous aimons l’un et l’autre, mon trésor, mon trésor.
Nos mains sont bleu pâle et douces.
Nos yeux sont remplis de confessions terribles.
Et puis, quand nous sommes mariés,
les enfants nous quittent dégoûtés.
Il y a trop à manger et plus personne
pour absorber toute cette drôle d’abondance.
Choix et traductions de Patricia Godi.
lesnarinesdescrayons
/ 21 novembre 2017La fin du poème m’interpelle particulièrement, elle me laisse un goût amer.
Merci pour ce partage dont les mots tout simples ne sont pas dépourvus de mystère.
laboucheaoreille
/ 21 novembre 2017Je suis d’accord avec vous sur cette fin douloureuse, amère.
Je trouve ce poème très fort mais je m’aperçois qu’il est difficile de mettre des mots sur sa beauté.
lesnarinesdescrayons
/ 22 novembre 2017Exactement. Peut-être que quelque chose échappe puisque c’est une traduction?
laboucheaoreille
/ 22 novembre 2017Peut-être … mais je trouve que « la drôle d’abondance » est une formule bien tournée en tout cas.
lesnarinesdescrayons
/ 22 novembre 2017Oui, je ne voulais pas dire que la traduction est mauvaise mais peut être qu’il y a une perception plus immédiate du texte dans sa langue originale. Comme vous je trouve que la « drôle d’abondance » est l’expression la plus frappante, interpellante, étonnante, juste, du poème.
laboucheaoreille
/ 22 novembre 2017Je crois comme vous que les nuances de la poésie sont très difficiles à traduire, et même parfois impossibles. Mais mon anglais est trop mauvais pour que je tente de lire ce poème dans sa version originale …
lesnarinesdescrayons
/ 23 novembre 2017C’est pareil pour moi..
Fabrice
/ 21 novembre 2017Merci pour ce poème. La fin est peut-être amère mais ces mots si forts, et qui sonnent si juste, peuvent nous aider à passer nos propres douleurs et nous font du bien.
laboucheaoreille
/ 22 novembre 2017Merci à vous de m’avoir fait connaître Anne Sexton ! C’était une belle découverte.
Goran
/ 22 novembre 2017J’aime vraiment beaucoup ce poème…
laboucheaoreille
/ 22 novembre 2017Merci Goran, contente qu’il te plaise !
La Barmaid aux Lettres
/ 4 décembre 2017Superbe. Sublime.
laboucheaoreille
/ 4 décembre 2017Merci ! Bonne journée !
laboucheaoreille
/ 4 décembre 2017Merci ! Bonne journée !