J’ai trouvé ces deux poèmes dans le recueil Capitale de la douleur paru chez Poésie Gallimard et qui est paru à l’origine en 1926. Dans cette édition il est suivi du recueil L’amour la poésie.
Je publierai probablement dans les semaines qui viennent d’autres poèmes de ce livre.
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Sans rancune
Larmes des yeux, les malheurs des malheureux,
Malheurs sans intérêt et larmes sans couleurs.
Il ne demande rien, il n’est pas insensible,
Il est triste en prison et triste s’il est libre.
Il fait un triste temps, il fait une nuit noire
A ne pas mettre un aveugle dehors. Les forts
Sont assis, les faibles tiennent le pouvoir
Et le roi est debout près de la reine assise.
Sourires et soupirs, des injures pourrissent
Dans la bouche des muets et dans les yeux des lâches.
Ne prenez rien : ceci brûle, cela flambe !
Vos mains sont faites pour vos poches et vos fronts.
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IV
Il fait toujours nuit quand je dors
Nuit supposée imaginaire
Qui ternit au réveil toutes les transparences
La nuit use la vie mes yeux que je délivre
N’ont jamais rien trouvé à leur puissance.
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Madimado
/ 22 juillet 2017J’aime beaucoup ce recueil. Je le trouve très émouvant.
laboucheaoreille
/ 24 juillet 2017Moi aussi, c’est mon préféré d’Eluard, je le redécouvre toujours avec plaisir.
lesnarinesdescrayons
/ 26 juillet 2017Oh! que je suis contente d’être venue faire un tour! la belle découverte des poèmes de G. Schehadé et puis Eluard… Il se passe rarement plus de deux jour sans que je lise un de ses poèmes depuis que j’ai 10 ans! Mais les trouver comme cela, presque par surprise, sans les avoir chercher les rend encore plus beaux. Merci! J’aime comme vous Capitale de la Douleur mais j’aime aussi (peut-être plus, je ne saurais dire) les derniers recueils de sa vie: Le temps déborde, Corps mémorable, et le Phénix – souvent réunis sous « Derniers poèmes d’amour ».
laboucheaoreille
/ 26 juillet 2017Ah je vais me renseigner sur ces trois recueils, « Le temps déborde » est un beau titre ! Merci pour ces conseils intéressants 🙂
lesnarinesdescrayons
/ 26 juillet 2017Le temps débord est sans dfoute le plus fort, le plus intense et le plus douloureux aussi: ce sont les poèmes après la mort de « Nush la parfaite » comme il l’appelait… Ce sont ces poèmes-là qui ont fait naître mon amour pour toute sa poésie …
« vingt-huit novembre mil neuf cent quarante six
Nous ne vieillirons pas ensemble
Voici le jour
En trop: le temps déborde
Mon amour si léger prend le poids d’un supplice »
laboucheaoreille
/ 26 juillet 2017Superbe poème ! Merci pour ce partage ! Je vais regarder s’il existe en Poésie Gallimard.