J’avais très envie de lire ce roman de Natsumé Sôseki car j’en avais lu des critiques très élogieuses, je savais que c’était un roman très important dans l’histoire de la littérature japonaise, et de plus Sôseki est maintenant un de mes écrivains préférés, ayant déjà chroniqué sur ce blog plusieurs livres de lui, d’Oreiller d’Herbes à Et puis en passant par Sanshirô.
L’histoire : Le pauvre cœur des hommes est un roman en trois parties dont les deux principaux personnages sont un jeune étudiant et un homme plus âgé que l’étudiant appelle son « maître » car il lui attribue une sagesse, une connaissance de la vie et un sens moral particulièrement élevés. La première partie est donc consacrée à la rencontre entre l’étudiant et son « Maître ». Ils se rencontrent au bord de la mer, et se revoient à Tôkyô où ils vivent tous deux. l’étudiant devient un habitué de la maison du maître, sympathisant également avec sa femme. Mais il s’étonne du manque de sociabilité du maître, qui ne reçoit presque personne à part lui, et qui semble cacher un passé douloureux qui l’a rendu plus ou moins misanthrope et désabusé sur les relations humaines. Un jour, le jeune étudiant s’aperçoit que son « maître » va régulièrement se recueillir sur la tombe d’un de ses amis de jeunesse, et il comprend que cet ami défunt a probablement une relation avec le mystère qui entoure le Maître. En discutant à deux ou trois reprises avec l’épouse du Maître, il comprend également qu’elle n’est pas étrangère à ce passé douloureux. Mais le jeune étudiant doit bientôt retourner dans sa famille à la campagne car son père est très malade et son Maître l’exhorte à aller lui rendre visite. (…)
Mon avis : J’ai trouvé cette construction en trois parties très audacieuse et ingénieuse, dans la mesure où l’on s’interroge pendant toute la première moitié du livre sur le mystère qui entoure le Maître, en partageant les sentiments et les interrogations de ce jeune étudiant, avant que le Maître devienne le principal personnage du roman et que l’on ne s’occupe plus du tout de savoir ce que devient l’étudiant. Le passé du Maître est donc bel et bien le centre de ce livre, et représente une remarquable analyse psychologique, dont il me semble difficile de trouver un exemple aussi fort et aussi subtil dans la littérature romanesque. Pour ma part, j’avais essayé de deviner le secret du Maître d’après les indices de la première partie, mais je n’avais pas découvert la vérité et j’ai trouvé que c’était bien imaginé, crédible, psychologiquement logique.
Il y a un côté moral dans ce livre, dans le sens où le Maître est persuadé que l’être humain est marqué par la faute – d’autres diraient « le péché » dans notre culture européenne – mais Sôseki ne cherche pas pour autant à être moralisateur et son propos reste intelligent et subtil.
Un livre qui me conforte dans la haute estime où je tiens cet écrivain !
loisobleu
/ 22 novembre 2016A reblogué ceci sur levoyageurdeselet a ajouté:
Une rencontre philosophique pour mes convictions sur lce que la nature humaine transforme du mauvais côté. Le concept de Maître, surtout dans dans le monde asiatique n’a strictement rien à voir avec le nôtre. Il s’agit d’un univers spirituel qui échappe au nôtre.
N-L
laboucheaoreille
/ 22 novembre 2016Oui, d’ailleurs « Maître » est une traduction de « Sensei » qui veut aussi dire « Professeur » et qui est un titre utilisé pour parler aux médecins et aux avocats, entre autres .
Goran
/ 22 novembre 2016Généralement, je ne relis jamais un livre, mais là tu m’as donné sacrément envie… Bravo !
laboucheaoreille
/ 22 novembre 2016Ah merci 🙂 Tu l’avais lu il y a longtemps ?
Goran
/ 22 novembre 2016Au oui, au moins 10 ans 🙂
laboucheaoreille
/ 23 novembre 2016Alors, en effet, une relecture serait envisageable 🙂
'vy
/ 22 novembre 2016C’est vrai que vous donnez envie de lire ce livre.
laboucheaoreille
/ 22 novembre 2016C’est vraiment un très beau livre !
vivi
/ 22 novembre 2016C’est vrai que tu donnes envie de le relire. Un de mes préférés de Sôseki
laboucheaoreille
/ 22 novembre 2016Oui, c’est un grand roman, moi aussi c’est sans doute mon préféré !
denis
/ 23 novembre 2016merci marie anne, je te l’emprunterai certainement.
laboucheaoreille
/ 23 novembre 2016D’accord Denis !
J
/ 25 novembre 2016Merci pour ce bel article, je vais moi aussi le relire d’ici peu !
Ce roman m’a particulièrement marqué, tellement subtil; fort, sans jamais rien forcer; virtuose, mais tout en délicatesse… Un vrai chef-d’oeuvre.
laboucheaoreille
/ 26 novembre 2016Entièrement d’accord avec vous !