Le Peintre de la vie moderne, de Charles Baudelaire

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L’autre jour, je suis allée me promener dans une de mes librairies préférées du quartier Mouffetard (Paris 5ème) et je suis allée faire un tour du côté des écrits sur l’art, qui occupent une petite travée au fond du magasin.
C’est là que je suis tombée en arrêt sur ce très joli petit livre publié aux éditions Mille et une nuits, dans un format qui tient dans le creux dans la main : Le peintre de la vie moderne, un essai sur l’art de Charles Baudelaire.

Dans ce livre au ton guilleret et sympathique (un ton dont je ne soupçonnais pas Baudelaire capable), il est question d’un certain illustrateur et graveur, M. C. G. qui ne souhaite pas qu’on divulgue son nom par modestie, mais qui est, selon Baudelaire, un peintre de génie, excellent observateur de la vie moderne.
Nous apprendrons dans la postface que ce M. C. G. est en fait Constantin Guys, que je considérais jusque là comme un artiste mineur mais peut-être étais-je dans l’erreur à son sujet.
Baudelaire admire chez Guys sa manière de peindre les caractéristiques de la vie présente dans ses moindres détails, d’observer les différentes classes de la société, les colifichets de la mode, et de savoir en extraire des éléments de beauté.
Selon Baudelaire, la nature de l’art est double : il doit à la fois rendre compte de son époque (un peu d’ailleurs comme un journaliste ou un chroniqueur) et rendre compte de l’aspect éternel de la beauté.

En ce sens, Baudelaire s’oppose à l’art officiel de son époque – art classique inspiré de l’Antiquité gréco-latine, tournant résolument le dos à la vie moderne.

Mais il ne préfigure pas encore l’Impressionnisme, dans le sens où il rejette la peinture en plein air et l’observation sur le vif : selon lui, des travaux préparatifs peuvent être croqués d’après le réel mais le tableau final doit être réalisé en atelier, d’après un travail d’imagination.

Ce petit livre, écrit dans les débuts des années 1860, donne sans doute une bonne idée des concepts les plus novateurs dans le domaine des beaux-arts à l’époque du Réalisme de Courbet, Daumier, Guys …

Un petit livre bien agréable à lire, d’autant qu’il y est aussi question des dandys, de la mode et du maquillage, du triomphe nécessaire de l’artifice sur le naturel, des courtisanes, etc.

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10 Commentaires

  1. J’aime beaucoup cette petite collection « Mille et une nuits »… Voilà un livre qui risque fort de me plaire…

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  2. Tout cela dans un si petit livre. J’ai très envie d’y regarder de plus près.

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  3. Fabrice

     /  8 juin 2016

    «un ton dont je ne soupçonnais pas Baudelaire capable », croyez-vous que le ton d’un poète soit une question de capacité ? J’imagine que Baudelaire était lucide, qu’il ne se faisait guère d’illusion sur l’humanité qui l’entourait, il exprimait donc ce ressenti. Dans un monde meilleur, peut-être aurait-il davantage usé de ce ton « guilleret et sympathique ». Enfin, c’est une possibilité.

    Réponse
    • Disons que je me suis mal exprimée.
      Je crois cependant que le ton d’un poète est révélateur de son état d’esprit et de son tempérament.
      Et, ce que je voulais dire, c’est que j’ignorais que le ton guilleret et primesautier faisait partie du registre de Baudelaire …

      Réponse
  4. Fabrice

     /  8 juin 2016

    J’ai bien compris ce que vous vouliez exprimer, mais comment dire : d’ un verre à moitié rempli, on peut écrire qu’il est à moitié vide ou à moitié plein, c’est connu, mais que déduire de l’ état d’esprit lié au choix ? Qu’un est optimiste et l’autre pessimiste ? A tort, peut-être, mais j’aurais tendance à voir Baudelaire du côté du verre à moitié vide, non par pessimisme mais par une sorte de lucidité poétique qui dépasserait les apparences! Rien de très objectif donc. Cela dit, vous vous êtes bien exprimée, mieux que moi!

    Réponse
    • Baudelaire avait certainement une grande lucidité et un esprit critique très affûté, c’est vrai.
      Et c’est aussi le poète du spleen et de la mélancolie …

      Réponse
  5. Michel B.

     /  11 juin 2016

    Je pense que Baudelaire est un grand critique d’art. Votre article me donne tout à fait envie de me procurer ce livre… Merci !

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