Des hymnes à la nuit de Novalis (1772-1801), que j’ai relus cette semaine, j’ai retenu le deuxième, qui m’a paru être le plus accessible et le moins sombre.
II
Faut-il toujours que le matin revienne ? L’empire de ce monde ne prend-il jamais fin ? Une fatale activité engloutit les élans divins de la Nuit qui s’approche. Ne va-t-il donc jamais, le sacrifice occulte de l’Amour, éternellement brûler ?
La lumière a son temps, qui lui fut mesuré ; mais le royaume de la Nuit est hors le temps et l’espace. – Et c’est l’éternité que le sommeil a pour durée.
Sommeil sacré ! Ne t’en viens pas trop rarement, durant le terrestre labeur du jour, combler de tes félicités les adeptes fidèles de la Nuit. Les insensés uniquement te méconnaissent et ne savent point d’autre sommeil que l’ombre que tu jettes, par compassion pour nous, au crépuscule de la nuit évidente. Ils ne te sentent point dans le flot d’or des grappes – dans l’huile miraculeuse de l’amandier ou dans la brune sève du pavot. Ils ne le savent pas, que c’est toi qui nimbes ainsi le tendre sein de la vierge et nous fais de son cœur un paradis. Ils ne pressentent pas que, te levant des légendes anciennes, tu t’avances vers nous, ouvrant le ciel, et tu portes la clé qui ouvre les demeures de la béatitude, silencieux messager des infinis mystères !
arbrealettres
/ 28 juin 2014» le royaume de la Nuit est hors le temps et l’espace »
« silencieux messager des infinis mystères »
Bel hymne à la Nuit! 🙂
laboucheaoreille
/ 28 juin 2014Oui, une vision assez mystique de la nuit, que je trouve belle !
E.Z.M.
/ 30 juin 2014Comme d’habitude, c’est parfait ton avis, tu as les yeux pour trouver la beauté.
Bienvenue de nouveau
Bises
laboucheaoreille
/ 30 juin 2014Merci Elena, je suis ravie que ce poème t’ait touchée.
Bises, je t’écris bientôt !