Ce sonnet fait partie de La Centaine d’amour, le célèbre recueil de Pablo Neruda, que l’on trouvera dans la collection Poésie/Gallimard.
Sonnet 21
Que tout, que tout l’amour propage en moi sa bouche,
que je ne souffre plus un moment sans printemps,
à la douleur je n’ai vendu que mes mains seules,
maintenant, bien aimée, que tes baisers me restent.
Couvre de ton parfum l’éclat du mois ouvert,
les portes, ferme-les avec ta chevelure,
quant à moi, n’oublie pas : si je m’éveille et pleure,
c’est qu’en dormant je ne suis qu’un enfant perdu
qui cherche tes mains dans les feuilles de la nuit,
et le contact du blé que tu me communiques,
étincelante extase et d’ombre et d’énergie.
Oh ma bien aimée, rien d’autre que de l’ombre,
de l’ombre où tu m’accompagnerais dans tes songes
et là tu me dirais l’heure de la lumière.
arbrealettres
/ 29 novembre 2013parfois je me demande.. mais comment sait/sent-on que C’EST de la Poésie ??
En quelques mots le ressenti est là… les mots s’envolent et on se retrouve comme en prise directe avec le Poète… Vraiment Magiciens les vrais poètes 🙂
laboucheaoreille
/ 29 novembre 2013Oui, et le plus étrange c’est qu’on le ressent alors que ce n’est qu’une traduction !
La version de Poésie/Gallimard est en bilingue : je ne comprends pas l’espagnol, malheureusement, mais rien qu’à voir les sonorités et le rythme on s’aperçoit que ce sont de magnifiques poèmes.
arbrealettres
/ 30 novembre 2013c’est vrai que la barrière de la langue pour la Poésie est un véritable écueil ;-(
mais bon parfois des bons poètes traducteurs sont de bon traducteurs de poèmes! 😉
laboucheaoreille
/ 30 novembre 2013J’imagine qu’il doit être très difficile de se livrer à la traduction de poésie et de conserver à la fois le sens, les ambiguïtés, le rythme … sans parler, parfois, des jeux de mots intraduisibles d’une langue à l’autre !
Mais tu as raison, les poètes traducteurs sont les meilleurs pour ce genre d’exercice, comme Baudelaire qui a traduit Poe ou Valérie Rouzeau avec Sylvia Plath !